Wickham intègre ses travailleurs internationaux grâce au soccer

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Par Louis-Philippe Samson
Wickham intègre ses travailleurs internationaux grâce au soccer
Une cinquantaine de travailleurs internationaux et une dizaine de Wickhamois prennent part à la ligue de soccer adulte. (Photo : Ghyslain Bergeron)

IMMIGRATION. Chaque semaine, depuis le début du mois de juin, les terrains de soccer du centre communautaire de Wickham se transforment en un lieu d’échanges culturels. En effet, citoyens et travailleurs internationaux fraternisent tout en pratiquant leur sport favori.

Le Comité loisirs, culture et sports de Wickham (CLCS) tentait de démarrer la ligue adulte de soccer depuis environ trois ans alors qu’une dizaine de citoyens s’étaient inscrits. Puisque le nombre de joueurs était insuffisant, l’option de proposer aux travailleurs étrangers de joindre leurs rangs a été soumise cet hiver. Ainsi, une cinquantaine de nouveaux joueurs se sont ajoutés. L’objectif initial étant de former deux équipes, ce sont finalement quatre formations qui s’affrontent les mardis soirs.

«On peut déjà dire que c’est une réussite autant pour les citoyens que pour les travailleurs. Les gens commencent à se reconnaître après quatre semaines. On souhaitait avant tout de créer un sentiment d’appartenance pour Wickham, de développer de nouvelles amitiés et d’inclure ces travailleurs dans notre village. Les signes sont bons pour qu’on poursuive l’expérience dans les prochaines années», a souligné Stéphanie Robitaille, membre du CLCS.

Les membres du Comité loisirs, culture et sport (CLCS) de Wickham, Catherine Cournoyer, Stéphanie Robitaille et Cathy Grondin-Giguère. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Les entreprises Boire & Frères ainsi que Serbo transport se sont jointes à l’aventure en inscrivant plusieurs de leurs employés internationaux. Pour eux, le désir de les voir s’intégrer a motivé leur adhésion. D’ailleurs, Boire & Frères ont réglé la facture des maillots qui pourront être conservés par les joueurs à la fin de la saison. Ce partenariat a également permis d’offrir la saison gratuitement aux citoyens wickhamois inscrits.

«Même si nos travailleurs habitent tous ensemble, ils n’avaient pas d’activités en dehors du travail. Avec le soccer, ils se rassemblent plus, ça les occupe et leur change les idées. Ça vient ajouter un aspect de plaisir à leur séjour au Québec; ils ne sont plus ici seulement pour travailler. On veut qu’ils puissent profiter de leurs moments ici. Jusqu’à présent, c’est une situation gagnante pour tout le monde», a commenté Julie Côté, présidente du syndicat des employés de Boire & Frères.

Et les bienfaits du sport se font déjà entendre au travail. Les joueurs discutent souvent des parties entre eux et même qu’ils aimeraient jouer plus souvent.

Reconnaissance

Pour plusieurs de ces travailleurs, la ligue de soccer a été synonyme de rencontres. Abordés avant un match, Alex Diaz, Hernan Paez, Pervis Sanchez et Jefrey Velasquez ont souligné comment le soccer leur permet de faire la connaissance de nouvelles personnes.

«J’aime tout de la ligue de soccer. J’étais très heureux d’apprendre qu’ils l’organisaient. C’est la première fois que j’ai la chance de pouvoir partager avec des personnes d’autres pays. J’apprends à connaître des gens de Wickham, mais ce n’est pas toujours facile de se comprendre avec la langue. Ma langue maternelle est l’espagnol, mais, ici, tout se mélange et chacun apprend un peu plus la langue de l’autre», a témoigné Pervis Sanchez, un Colombien qui travaille chez Boire & Frères depuis six ans.

Le Colombien Alex Diaz (au centre) est capitaine d’une des quatre équipes de la ligue wickhamoise. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«La ligue nous permet de sortir de la routine. On ne fait pas que travailler. J’ai fait la connaissance de gens qui viennent aussi du Guatemala, qui travaillent dans la même entreprise que moi et que je ne connaissais même pas. Je les ai rencontrés ici et ils sont devenus des amis», a ajouté Jefrey Velasquez, qui travaille à Wickham depuis 2019.

Pour Alex Diaz, il s’agit d’une occasion extraordinaire de s’intégrer à sa région d’adoption tout en pratiquant un sport qu’il adore contre des joueurs talentueux. «L’intégration des latinos qui arrivent au Québec ne passe pas juste par le travail; il y a d’autres activités à faire. C’est plaisant qu’ils aient mis des Québécois dans chaque équipe, ça facilite l’intégration des gens. Dans mon équipe, il y a aussi des Allemands et des gens qui viennent tout juste d’arriver au Québec», a exposé ce Colombien dans un très bon français.

D’ailleurs, l’échange entre les différentes cultures est un autre aspect que souhaitait mettre de l’avant le CLCS. Jusqu’à présent, ce mélange semble se faire à merveille. Chez Boire & Frères depuis 10 ans, Hernan Paez n’avait jamais eu ce genre d’occasion, avant cet été, de pratiquer son sport tout en en apprenant sur le Québec. Pour lui, jouer lui permet de mieux s’intégrer à sa région d’adoption.

«C’est une occasion de partager avec mes collègues de travail, mais c’est aussi un beau moment pour profiter de l’été en pratiquant le sport. Ça nous permet de partager nos cultures. On apprend à connaître d’autres cultures avec les Québécois. Nous sommes plusieurs à apprécier les efforts qui ont été mis pour nous permettre de jouer», a raconté l’homme originaire de Colombie.

Ces sentiments de reconnaissance et de partage se vivent chaque semaine lors des parties jouées sur les terrains du centre communautaire. Dès l’ouverture de la saison, une ambiance effervescente et une grande excitation se faisaient ressentir dans la municipalité.

«On voit que les joueurs aiment réellement la ligue. Nos citoyens nous disent à quel point c’est agréable de jouer avec les travailleurs étrangers. On sent que tout le monde a du plaisir durant les soirs de matchs», a conclu Stéphanie Robitaille.

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