Le Cégep de Drummondville se souvient de Polytechnique

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Par Louis-Philippe Samson
Le Cégep de Drummondville se souvient de Polytechnique
Plusieurs étudiants et membres du personnel du Cégep de Drummondville ont assisté à la diffusion du documentaire «Je vous salue salope» de Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist. (Photo : Louis-Philippe Samson)

COMMÉMORATION. Ce mardi se concluait les 12 jours d’actions contre les violences faites aux femmes au Cégep de Drummondville. En ce 6 décembre, le comité de la condition des femmes a souligné les 33 ans de la tragédie de l’école Polytechnique.

Sur l’heure du dîner, les étudiants ont été invités à se diriger au Café Rouge afin d’y visionner le documentaire «Je vous salue salope» de Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist qui traite des nombreuses violences dont les femmes sont victimes sur le web et les réseaux sociaux.

Pour la représentante du comité et enseignante d’histoire, Maryse Perron, il était aussi important de souligner ce triste anniversaire et d’informer les étudiants qui, pour la majorité, n’étaient pas nés au moment du drame. En introduction du documentaire, l’enseignante a voulu nommer chacune des victimes, mais n’a pu le faire en entier étant fortement émue par la situation.

Maryse Perron, représentante du comité de la condition des femmes et enseignante d’histoire au Cégep de Drummondville. (Photo : Louis-Philippe Samson)

«Pour informer notre communauté étudiante, on a placé un peu partout dans le cégep des affiches portant le nom d’une des victimes de Polytechnique avec un code QR qui les dirige vers un court reportage de Radio-Canada sur la tragédie du 6 décembre 1989. Je sais aussi que plusieurs enseignants en ont fait mention durant leur cours. Comme professeure d’histoire, cet événement fait partie des choses que je veux apprendre à mes étudiants», a souligné Mme Perron.

Encore aujourd’hui, les événements qui ont coûté la vie à Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte ébranlent encore de jeunes étudiantes.

«C’est une tragédie horrible; ça m’a choquée lorsque je l’ai apprise il y a quelques années. C’est un homme qui est entré dans une école et qui a séparé les filles des garçons pour les abattre parce qu’il avait l’impression qu’elles avaient volé sa place. C’est du sexisme», a témoigné Maxine Joyal, étudiante au double DEC en sciences humaines et langues.

Plusieurs étudiants et membres du personnel ont donc assisté à la présentation du documentaire qui rappelle sans détour que la misogynie est toujours présente dans la société. «Nos étudiantes y sont soumises au quotidien puisqu’elles ont toutes un téléphone intelligent et sont présentes sur les réseaux sociaux. Nous l’avons aussi diffusé pour sensibiliser nos garçons aux actions qu’ils posent. L’objectif est de faire savoir à nos jeunes que nous sommes là pour eux, que des outils existent, que nous pouvons les aider et qu’ils peuvent faire une différence dans ce genre de drame», a indiqué Maryse Perron.

Maxine Joyal, étudiante au double DEC en sciences humaines et langues.(Photo : Louis-Philippe Samson)

Plusieurs initiatives ont été organisées par l’établissement scolaire de la rue Saint-Georges ces 12 derniers jours. Trois groupes d’étudiants du département de musique ont présenté, le 29 novembre, un concert à ce sujet. Aussi, l’organisme La Rose des Vents a tenu un kiosque informatif dans l’atrium sur le sujet des violences faites aux femmes.

«Lors de l’activité du 29 novembre, on a reçu le témoignage d’une étudiante qui a vécu dans une famille où il se vivait de la violence conjugale. Elle a partagé son expérience d’une manière très émouvante. De plus, durant toute la semaine, on invite toute notre communauté à porter le ruban blanc en signe de soutien aux femmes victimes de violences. D’ailleurs, beaucoup l’ont porté pendant les 12 jours», a ajouté l’enseignante.

Améliorer les choses

Au sein de la jeune génération d’étudiants, plusieurs se disent sensibles à la situation et croient que du chemin reste à parcourir afin d’enrayer cette problématique.

«Il y a encore du travail à accomplir. Avec les réseaux sociaux, c’est plus facile de partager autant les bons côtés et le positif que la haine. Je pense que les jeunes en sont de plus en plus conscients et veulent que ça se règle», a affirmé Maxine Joyal, 18 ans.

Cédrick Lalonde, étudiant en technique d’éducation à l’enfance. (Photo : Louis-Philippe Samson)

«Je pense qu’on peut faire un pas de plus dans cette direction. S’il n’en tenait qu’à moi, tout devrait être égalitaire. Les jeunes peuvent aider à changer la situation sans oublier les associations pour les femmes qui continuent de revendiquer leurs droits. On a vu durant la pandémie, et encore aujourd’hui, beaucoup de féminicides. Il y a aussi des métiers dans lesquels des femmes, qui occupent le même poste que des hommes, font un moins bon salaire. Je pense qu’on a encore du chemin à faire à ce sujet», a dit Cédrick Lalonde, étudiant de 18 ans en technique d’éducation à l’enfance.

Maxine Joyal a salué l’initiative de son cégep dans le cadre des 12 jours d’actions contre les violences faites aux femmes. Elle estime qu’il faut continuer d’en parler pour mettre fin à la stigmatisation.

«C’est une initiative que je trouve fantastique surtout avec tous les féminicides qu’il y a eu pendant la COVID et même durant la tragédie de la Polytechnique il y a 33 ans. Je trouve ça incroyable qu’on parle de plus en plus de la violence faite aux femmes pour que ce soit moins tabou et moins relégué comme quelque chose qui a peu d’importance et qu’on reconnaisse qu’il s’agit d’un problème de société», a-t-elle fait valoir.

 

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