CYCLISME. Après une performance remarquable au Tour de France, le rôle d’Hugo Houle au sein de la formation Israël – Premier Tech pourrait bientôt évoluer. L’Express a pu s’entretenir avec l’athlète, le 26 juillet, 48 heures après la conclusion du 109e Tour de France.
Fort d’une victoire d’étape, d’une troisième place et d’un total de huit tops 25, Hugo Houle a démontré qu’il était dans une forme splendide et qu’il était capable de se mesurer aux meilleurs de la discipline lors du Tour de France, un quatrième consécutif pour lui. Houle entend toujours rester un bon coéquipier pour ses collègues chez Israël – Premier Tech, mais il considère avoir franchi une nouvelle étape dans sa carrière.
«Mes résultats ne nuiront certainement pas. Il est évident que j’aurai à nouveau ma chance dans le futur. Ce qui est bien dans le cyclisme, c’est que ça peut évoluer durant une saison. Il est clair pour moi que j’aurai des opportunités. Maintenant que j’ai gagné l’une des plus grandes courses au monde, ça prouve que j’ai le niveau. J’espère que ça va se poursuivre dans la même direction et que je serai capable d’enregistrer d’autres bons résultats», a affirmé le cycliste de 31 ans.
L’athlète originaire de Sainte-Perpétue a finalement conclu la Grande Boucle en 24e position, le meilleur résultat de sa formation. De plus, il s’agit du plus haut classement enregistré par un Québécois et l’un des meilleurs par un Canadien.
De plus, Israël – Premier Tech n’a vu que trois de ses huit athlètes compléter le Tour. En effet, Simon Clarke, Jakob Fuglsang, Chris Froome, Michael Woods et Guillaume Boivin ont tous dû abandonner avant la fin du Tour. Pour Houle, il s’agit toujours d’une déception lorsque des coéquipiers sont victimes de chutes et de malchances lors des grandes compétitions.
Victoire rêvée
Avant le début du Tour, le classement général n’était pas le principal objectif de Houle. Il visait une victoire d’étape; un accomplissement qu’il chassait depuis ses débuts professionnels, il y a une dizaine d’années.
«C’était un objectif de carrière, pour moi, d’aller chercher une victoire d’étape; ça me tenait à cœur. Mon classement final reflète la forme physique que j’avais, même si ce n’était pas l’objectif principal», a ajouté Houle, rejoint par vidéoconférence.
Le rôle de l’athlète centricois était, d’avant tout, ouvrir le chemin à son coéquipier, Michael Woods, lors de cette fameuse 16e étape. Les deux cyclistes devaient demeurer avec le groupe de tête afin de tenter leur chance pour la victoire.
«Le parcours et son profil de dénivelé nous donnaient de bonnes chances. Il n’y avait pas de plan clair, net et précis; l’équipe s’adapte en fonction de la course. Lorsque j’ai lancé mon attaque avec une quarantaine de kilomètres à faire, c’était pour mettre la table à Woods. Finalement, j’ai résisté aux autres concurrents et j’ai enlevé l’étape. Ça nous a avantagés d’être deux dans un groupe de 30 coureurs. C’était plus facile de gérer les attaques des autres équipes», a expliqué Hugo Houle.
Alors qu’il s’élançait, le cycliste s’attendait à être rattrapé quelques kilomètres plus loin, par le groupe de tête, dans la montée du mur de Péguère. Il n’envisageait pas encore la possibilité de gagner la course de 178,5 kilomètres qui reliait Carcassonne à Foix.
«J’ai commencé à y croire seulement lorsque j’ai basculé au sommet avec une trentaine de secondes d’avance sur mes poursuivants. Avec environ cinq kilomètres à faire, quand j’ai appris qu’un coureur avait chuté et que j’avais une minute d’avance sur eux; j’ai su que j’allais gagner. À ce moment, je savais que j’allais réussir, à moins d’un problème majeur», a raconté Houle fier.
En traversant la ligne d’arrivée en solitaire à Foix, Hugo Houle a finalement atteint l’objectif qu’il s’était fixé il y a si longtemps. Chose certaine, les images qui ont été diffusées à profusion mardi dernier sur lesquelles on a pu voir l’athlète émotif, les bras et le regard vers le ciel, les larmes aux yeux, marqueront longtemps l’imaginaire collectif. Plusieurs émotions se sont mélangées puisque, cette victoire, il la dédiait à son frère Pierrik, décédé en 2012.
«J’ai ressenti énormément de joie et de fierté d’avoir réussi, a communiqué Houle. C’était un rêve. J’avais annoncé que c’était mon objectif cette année. L’annoncer est une chose, mais le faire en est une autre. Tout s’est déroulé à la perfection et je ne pourrai jamais faire mieux que ce que j’ai réussi.»
Cette victoire est le fruit d’un travail acharné depuis plusieurs années. Le cycliste de Sainte-Perpétue a déménagé seul en Europe, il y a près de huit ans, pour sa carrière. Il a été rejoint par sa conjointe que quelques années plus tard.
«Notre préparation a bien fonctionné, en plus mon expérience acquise lors des trois derniers grands tours auxquels j’ai participé. J’ai accumulé beaucoup d’expérience en montagne en habitant à Monaco. Tout ça ne s’est pas fait dans les derniers trois mois, c’est le travail des trois ou quatre dernières années qui donne ce qu’on a vu cette année», a-t-il indiqué.
Hugo Houle a dû faire plusieurs sacrifices en cours de route. Il n’a pas eu la chance de voir ses parents depuis un an. Maintenant que le Tour de France est terminé, il avoue se sentir soulagé.
«On se met beaucoup de pression pour ces événements. J’ai réussi à livrer la marchandise. Je suis aussi fatigué, mais je me sens bien dans les circonstances. Je vais m’accorder un peu de repos dans les prochains jours avant de reprendre ma préparation pour L’Arctic Race of Norway», a annoncé Houle.
Hugo Houle reviendra au Québec pour les Grands prix cyclistes de Québec et Montréal, les 9 et 11 septembre. Il prévoit de passer par Drummondville afin de passer du temps avec sa famille à cette occasion.