«Nous avons trouvé une deuxième famille» – Hanna Stukalova

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Par Emmanuelle LeBlond
«Nous avons trouvé une deuxième famille» – Hanna Stukalova
Chantal Gendron a accueilli chez elle le couple ukrainien Hanna Stukalova et Anton Stukalov. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. Les Ukrainiens Hanna Stukalova et Anton Stukalov ont fui la guerre en laissant tout derrière eux. Les prochains mois s’annoncent ardus, mais le couple sait qu’il peut compter sur le soutien inestimable de Chantal Gendron, une Drummondvilloise qui a ouvert les portes de sa maison pour leur offrir un foyer d’accueil.

Le couple ukrainien est arrivé au Québec le 25 avril, à l’aéroport de Montréal. Chantal Gendron les attendait avec un bouquet de roses à la main. L’émotion était au rendez-vous. C’était la première fois qu’ils se rencontraient. «Ils n’avaient qu’une petite valise pour deux personnes. C’est tout ce qu’ils possèdent», souffle la Drummondvilloise.

Pour Chantal Gendron, il était tout naturel d’accueillir les réfugiés. Elle voulait qu’ils se sentent comme chez eux. Le couple ukrainien s’est installé au sous-sol, où ils ont à leur disposition un appartement.

Hanna Stukalova et Anton Stukalov sont arrivés au Canada avec une valise. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Jusqu’à présent, la cohabitation se déroule à merveille. Même si chacun a son espace, ils passent beaucoup de temps ensemble. La cuisine est un lieu de partage culturel. «Hanna cuisine tellement bien! Elle me fait goûter les saveurs de son pays en utilisant des aliments d’ici. C’est un échange qui est riche», souligne Chantal Gendron, avec enthousiasme.

Malgré la barrière de la langue, la propriétaire de la maison a réussi à développer une complicité avec ses invités. «L’autre fois, je leur ai mis Netflix en ukrainien, ils étaient super contents. Entre nous, c’est simple et convivial. On a fait un party dehors à leur arrivée.»

Recommencer à zéro

Les dernières semaines n’ont pas été de tout repos pour Hanna Stukalova et Anton Stukalov. Ils étaient en Italie au moment où la guerre s’est déclenchée, en février. Le séjour a rapidement tourné au cauchemar. «Vers quatre heures du matin, on a reçu plusieurs messages sur nos cellulaires. On a appris que la Russie bombardait l’Ukraine. Pour nous, c’était un choc. Pendant les jours suivants, nous n’avons pas quitté notre chambre d’hôtel. Nous dormions et mangions à peine. On regardait les nouvelles en tentant de rejoindre nos proches», raconte Hanna Stukalova.

Pour le couple ukrainien, il était impossible de retourner au pays. Leur billet d’avion a été annulé. Ils se sont tournés vers le Canada, à la recherche d’un foyer d’accueil. Hanna Stukalova a écrit à Chantal Gendron via les réseaux sociaux. La Drummondvilloise a fondé un groupe sur Facebook dans le but de mettre en contact des réfugiés et des familles de la région qui sont aptes à les héberger.

«Elle a offert de nous accueillir chez elle. On a décidé de venir au Canada pour construire une nouvelle vie. Ici, nous vivons dans de bonnes conditions. Nous sommes entourés de personnes qui ont un grand cœur. Nous avons trouvé une deuxième famille», soutient la femme de 31 ans, les yeux gorgés d’eau.

Hanna Stukalova et Anton Stukalov gardent la tête haute. Ils ont une résilience à toute épreuve. «Même si on a tout perdu, il faut rester fort. On regarde vers le futur en s’accrochant au positif», soutient-elle.

Hanna Stukalova et Anton Stukalov sont tous les deux avocats de formation. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Ces derniers s’expriment en anglais, mais ils désirent suivre des cours pour apprendre le français. Ils sont aussi à la recherche d’un emploi. Le couple a commencé à faire du bénévolat, en se joignant à la communauté ukrainienne de Drummondville. Chantal Gendron les accompagne dans chacune de ces étapes.

Un appel à l’entraide

Hanna Stukalova, Anton Stukalov et Chantal Gendron joignent leur voix pour inviter les Drummondvillois à s’impliquer pour la cause. «C’est difficile pour nous, en tant que réfugié, mais c’est encore plus difficile pour les gens qui sont restés en Ukraine. Nous vous demandons d’aider de quelque manière que ce soit les Ukrainiens ou l’armée ukrainienne.»

Mentionnons que le Comité Ukraine Drummondville poursuit sa collecte de dons de première nécessité dans un local situé derrière les bureaux de la SDED sur la rue Jean-Berchmans-Michaud.

Pour sa part, Chantal Gendron reçoit des messages tous les jours de la part d’Ukrainiens qui sont à la recherche d’un hébergement. Elle a réussi à faire quelques jumelages avec des gens de la région, mais il manque de familles intéressées. «Nous attendons actuellement près de 40 Ukrainiens à Drummondville», mentionne-t-elle, en précisant que ce chiffre ne cesse d’augmenter. Pour les intéressés, le groupe sur Facebook s’appelle Drummondville Hébergement pour ukrainiens / Québec / Canada

Certains citoyens les ont approché pour donner des articles pour les futures familles ukrainiennes qui arriveront à Drummondville. Chantal Gendron explique qu’elle n’a pas d’espace pour entreposer ces dons. «Il faudrait avoir un entrepôt et des bénévoles pour faire un inventaire. On manque de ressource.»

Rappelons que la guerre en Ukraine sévit depuis 73 jours.

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