La résilience olympique d’Antoine Gélinas-Beaulieu

La résilience olympique d’Antoine Gélinas-Beaulieu
Le patineur de vitesse Antoine Gélinas-Beaulieu a obtenu son billet pour les Jeux olympiques de Pékin. (Photo : gracieuseté)

PATINAGE DE VITESSE. Antoine Gélinas-Beaulieu y rêvait depuis ses débuts au sein du club de patinage de vitesse de Drummondville. Après des années d’efforts, de coups durs, d’espoirs et de déceptions, l’athlète de 29 ans a enfin obtenu son billet pour les Jeux olympiques de Pékin.

C’est grâce à ses résultats au départ de groupe lors de la quatrième étape de la coupe du monde disputée récemment à Calgary qu’Antoine Gélinas-Beaulieu s’est qualifié en vue des prochains Jeux d’hiver. En franchissant la ligne d’arrivée, le patineur de vitesse sur longue piste a été envahi par des montagnes russes d’émotions.

«Je savais ce que ça prenait pour me qualifier, alors j’étais extrêmement content et ému en terminant la course. J’ai tellement braillé en retournant m’asseoir! Mais ensuite, il y a eu de la confusion, a raconté Antoine Gélinas-Beaulieu. Je n’étais plus sûr : il y a tellement de règlements et d’exemptions dans les sélections olympiques. Finalement, ça a été un énorme soulagement! Depuis quatre ans, la pression montait. Ça m’a enlevé un gros poids de savoir que j’avais obtenu mon billet.»

Antoine Gélinas-Beaulieu. (Photo gracieuseté)

À Pékin, Antoine Gélinas-Beaulieu aspire à monter sur le podium dans son épreuve de prédilection. En 2020, le membre de l’équipe canadienne a d’ailleurs décroché une médaille de bronze au départ groupé lors du championnat du monde disputé à Salt Lake City.

«Je pense que les 16 personnes qui vont participer à la finale aux Jeux olympiques vont avoir un potentiel de médaille, a-t-il lancé. C’est mon objectif. Avec une bonne stratégie, je sais que je peux répéter ce que j’ai fait à Salt Lake City, où j’ai affronté les meilleurs au monde.»

«Le départ groupé, c’est chaotique, a-t-il poursuivi. Il y a tellement de trucs qui se passent! C’est excitant. Je me sens à l’aise dans un environnement comme ça. C’est une course qui mise surtout sur la stratégie. C’est une discipline qui relie un peu le patinage sur courte piste et sur longue piste. Pour moi, c’est le meilleur des deux mondes.»

D’ici les Jeux, Antoine Gélinas-Beaulieu pourrait se qualifier sur d’autres distances lors des sélections canadiennes prévues à la fin du mois de décembre, à Québec. Les épreuves du 1000 mètres et du 1500 mètres figurent parmi ses objectifs.

«Ce sont mes distances préférées. Ça demande un peu de tout. Il faut avoir un bon départ, une bonne explosivité et une bonne vitesse de pointe. Il faut être capable d’endurer la douleur à la fin de la course, mais j’ai beaucoup d’endurance. Je suis un gars qui aime souffrir sur la glace.»

Une passion retrouvée

Natif de Waterloo, en Estrie, Antoine Gélinas-Beaulieu a vécu une partie de sa jeunesse à Drummondville. Ce n’est que vers l’âge de neuf ans qu’il a fait ses débuts en patinage de vitesse sur la glace du Centre Marcel-Dionne.

«J’avais tellement de fun, s’est remémoré celui dont la famille réside toujours dans la région. Je me souviens que mon grand-père attachait mes patins de ses mains tremblantes avant mes pratiques. Il était fier de moi. J’avais un gros sourire chaque fois que je sautais sur la glace, même s’il était 5 heures du matin! Ce sont de beaux souvenirs.»

Antoine Gélinas-Beaulieu à ses débuts au sein du club de Drummondville. (Photo gracieuseté)

Comme plusieurs jeunes Québécois, Antoine Gélinas-Beaulieu a d’abord pratiqué le hockey avant d’élargir ses horizons. «Au hockey, je ne cherchais même pas à toucher à la rondelle! Je voulais juste patiner plus vite que les autres! Quand j’ai découvert le patinage de vitesse, c’est là que la passion est née.»

Aujourd’hui, Antoine Gélinas-Beaulieu s’efforce d’ailleurs de revenir aux valeurs et aux sentiments qui ont marqué son enfance.

«La sensation de glisser, d’aller plus vite que les autres et d’avoir du plaisir sur la glace : au fond, c’est pour ça qu’on fait ce sport-là. Si on se rattache au plaisir de patiner en soi, c’est ça qui nous rend heureux. C’est ce que j’ai réalisé avec les années», a expliqué celui qui s’entraîne au centre national Gaétan-Boucher de Québec.

Ayant commencé sa carrière en courte piste, Antoine Gélinas-Beaulieu a cessé de pratiquer le patinage de vitesse pendant quatre ans avant de faire le saut en longue piste. Pendant cette pause qu’il qualifie de forcée, le jeune homme a pu voyager, étudier et travailler.

«Je souffrais de plusieurs symptômes, à commencer par une fatigue extrême. On croyait que j’étais tombé en surentraînement. J’en ai eu ma claque et j’ai décidé de prendre ma retraite du sport. Pendant ces années-là, j’ai vécu la vie d’ado que je n’avais jamais vécue. Puis, de fil en aiguille, j’ai commencé à coacher et j’ai retrouvé la passion que j’avais pour le patinage de vitesse», a-t-il raconté.

Ce temps d’arrêt aura néanmoins permis à Antoine Gélinas-Beaulieu de prendre conscience que ses symptômes n’étaient pas d’ordre physique, mais bien psychologique. Le jeune homme souffrait de dépression et d’anxiété.

Antoine Gélinas-Beaulieu. (Photo gracieuseté)

«Ça m’a permis d’avoir un regard sur mes propres patterns. J’avais besoin d’aide. Je n’étais plus heureux dans ce que je faisais. J’ai trouvé des outils pour me permettre de vivre avec ça. Ce fut un beau cheminement. Aujourd’hui, je parle publiquement de ce que j’ai vécu en donnant des conférences sur ces sujets», a relaté celui qui a également été victime d’abus psychologiques plus tôt dans sa carrière.

«On voit souvent les athlètes comme des surhumains, mais ce n’est pas vrai. On est des humains avant tout et on doit mettre notre santé mentale à l’avant-plan.»

À travers tous ces hauts et ces bas, Antoine Gélinas-Beaulieu n’a jamais cessé de croire en son rêve olympique. C’est pourquoi il se décrit aujourd’hui comme un véritable battant.

«Ma principale force, c’est de me relever quand je tombe. On peut appeler ça de la résilience ou de l’acharnement. Quand il m’arrive quelque chose de négatif, j’essaie de voir le positif derrière ça. Je continue, peu importe les circonstances. Le chemin pour arriver aux Olympiques est ardu. Il ne faut pas avoir peur et il faut avoir le courage de continuer», a-t-il exprimé en guise de conclusion.

À moins d’un report, les Jeux olympiques de Pékin se dérouleront du 4 au 20 février.

Le départ groupé

Se jouant sur 6400 mètres, l’épreuve de départ en groupe réunit jusqu’à 24 athlètes sur la ligne de départ afin de compléter 16 tours de piste. À la fin de la course, les trois patineurs qui franchissent la ligne d’arrivée en premier montent sur le podium. Le classement à partir de la quatrième position dépend des points accumulés lors des trois tours de sprint, soit les 4e, 8e et 12e tours. (Source : Patinage de vitesse Canada)

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