«On déleste parce qu’on manque de bras» – Steven Miller

«On déleste parce qu’on manque de bras» – Steven Miller
Steven Miller. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. La décision d’appliquer le plan de délestage par les autorités sociosanitaires de la Mauricie et du Centre-du-Québec ne prend personne par surprise à l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville.

En raison de la hausse des hospitalisations liées à la COVID-19, plusieurs chirurgies et rendez-vous devront être reportés dès les prochains jours afin d’atteindre un niveau d’activité de 60 %. Chef de service des chirurgiens généraux à l’hôpital Sainte-Croix, Steven Miller se préparait à cette éventualité depuis quelques semaines.

«Ce n’est pas une grande surprise. Avec l’augmentation du nombre de cas depuis un mois et demi, on s’y attendait. Présentement, il y a plusieurs patients hospitalisés dans l’unité COVID et même aux soins intensifs. On s’attendait donc à ce qu’il y ait un impact sur les services à la population. La question était de savoir quand ça arriverait», a réagi le docteur Miller.

«Heureusement, on a réussi à offrir des services à la population dans les derniers mois, sans toutefois réussir à combler le retard du printemps. On ne travaillait pas avec une cadence normale, donc on a continué à accumuler du retard», a ajouté le réputé chirurgien, en se disant impatient de pouvoir bénéficier de tous les outils nécessaires pour soigner ses patients.

Selon Steven Miller, ce nouveau délestage s’explique surtout par un transfert de personnel d’un service à un autre pour répondre aux besoins les plus criants.

L’hôpital Sainte-Croix. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«On doit délester parce qu’on manque de bras. On a déjà commencé à réduire nos activités en clinique externe ainsi qu’en endoscopie. À partir de lundi, ce sera au tour des activités chirurgicales. On parle d’un ralentissement, mais pas d’un arrêt de nos activités», a-t-il précisé, en rappelant que le délestage actuel est modulé par région, contrairement à celui du printemps dernier qui était imposé de façon mur à mur par le gouvernement.

Ainsi, seules les activités urgentes seront maintenues à l’hôpital Sainte-Croix. «Les appendicectomies, les perforations de l’intestin ou les lésions aiguës du foie, on va continuer de s’en occuper, parce que c’est potentiellement mortel. Les cas de cancer aussi. On n’a pas le choix.»

Le chirurgien a souligné que les retards dans les services à la population ne sont pas seulement dus au délestage. «Certains patients sont inquiets de se présenter à l’hôpital. Ils ont peur d’attraper la maladie. On s’attend donc à avoir du retard au point de vue des diagnostics de cancer. Par conséquent, ça aura un impact sur les chances de guérison des patients.»

Comme c’est le cas depuis le début de la crise, les médecins spécialistes de l’hôpital Sainte-Croix continueront d’offrir leurs services en télémédecine, notamment en suivi postopératoire.

«Je suis surpris de la justesse de nos évaluations, même à distance. Étonnamment, avec une bonne conversation au téléphone, on est capable de bien évaluer nos patients», a affirmé le docteur Miller, qui croit que cette pratique se poursuivra après la pandémie.

Éventuellement, la campagne de vaccination qui s’amorce devrait permettre le retour des activités normales dans les hôpitaux de la province.

«Dans la communauté médicale, on a bon espoir que le vaccin va changer la dynamique. Les chiffres vont aller en diminuant, mais ça ne va pas arriver demain matin. Ça va prendre plusieurs mois», a conclu Steven Miller.

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