Quand l’épuisement s’installe

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Par Emmanuelle LeBlond
Quand l’épuisement s’installe
Certains enfants autistes ont de la difficulté à s'occuper seul. (Photo : unsplash)

DOSSIER. Les parents d’enfants autistes ne sont pas épargnés par la pandémie. L’épuisement s’est installé dans plusieurs foyers de la région, alors que les défis reliés à la crise sanitaire persistent.

«Il y a une augmentation de gens qui se disent épuisés dans nos familles. Elles le nomment plus qu’à d’autres moments», témoigne Mélanie Guimond, psychoéducatrice aux services en déficience intellectuelle (DI) et troubles du spectre de l’autisme (TSA) de 8 à 21 ans à Drummondville.

Si certaines familles ont de la facilité à concilier le travail avec la présence de leur enfant à la maison, d’autres éprouvent des difficultés. «Le télétravail est difficile pour tout le monde. Les enfants TSA ont de grands besoins. Il y a des enfants qui sont très fonctionnels. On ne voit pas vraiment d’impacts. Il y a des enfants non verbaux qui ont besoin d’une surveillance constante. Certains d’entre eux ne peuvent pas s’occuper seuls. Ils vont se promener, errer et s’agiter», indique celle qui cumule 17 ans d’expérience dans le domaine.

Dans ce cas-ci, les parents doivent trouver des solutions pour divertir leur protégé. En cas de détresse, Mélanie Guimond indique qu’il est préférable de se tourner vers un professionnel. «S’ils ont des services, ils doivent contacter leur intervenant, s’ils ont besoin de soutien. Ça fait partie de notre travail de les aider pour que ça se passe bien.»

Selon la psychoéducatrice, il est important de faire preuve d’indulgence en ces temps d’exception. «C’est normal de lâcher prise sur certaines choses et de ne pas avoir la même rigueur qu’avant. C’est une situation exceptionnelle pour tout le monde. Aussi, il faut être à l’écoute de leurs symptômes physiques et psychologiques.»

La clé est de prendre du temps pour soi, et ce, tous les jours. Au début de la pandémie, un service de répit a été développé. «Quand les écoles ont été fermées, on a collaboré avec le Centre Normand-Léveillé pour avoir du répit spécialisé pendant la semaine, explique-t-elle. Ça a arrêté à l’arrivée de la rentrée scolaire.»

Mélanie Guimond, psychoéducatrice aux services en déficience intellectuelle (DI) et troubles du spectre de l’autisme (TSA). (Photo: gracieuseté)

En ce moment, le service est disponible que les fins de semaine. «Ce n’est pas fermé, mais la distanciation physique amène plus de défis. On peut moins desservir d’usagers à la fois», précise-t-elle.

Vulgariser la pandémie

Plusieurs défis se sont posés sur la route des parents lors des derniers mois. Au printemps dernier, certains adultes avaient de la difficulté à expliquer la notion de pandémie à une personne autiste. «Les parents étaient déboussolés. Ils se demandaient comment expliquer la COVID à leur enfant. Ils se demandaient quels outils ils pouvaient utiliser», indique Mélanie Guimond, en précisant que son équipe a rapidement offert des outils à ces familles.

Pour un enfant atteint d’un TSA, il est fondamental de comprendre le contexte actuel qui est synonyme de changement. «Quand on connaît mieux les choses, l’anxiété peut diminuer», ajoute la psychoéducatrice.

D’ailleurs, le confinement a été tout un casse-tête à gérer. Certains parents devaient trouver des solutions pour contrer l’isolement de leur enfant. «Le confinement a amené une diminution des contacts sociaux. Ça peut avoir amené des défis. Souvent, [les enfants autistes] sont bien avec le fait d’avoir moins de contact. Il faut les amener à avoir un contact [pour travailler leurs habiletés sociales]», soutient-elle. En ce sens, la psychoéducatrice proposait à sa clientèle de faire des séances de vidéoconférences avec d’autres usagers. Par cette méthode, les enfants pouvaient garder un lien avec l’extérieur.

Dans tous les cas, Mélanie Guimond tenait à assurer un suivi sur le terrain, pour s’assurer du bien-être des familles. «On prenait le pouls des parents pour savoir comment ils allaient. On voulait savoir quel était le portrait familial pour les soutenir», conclut-elle.

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