Les effets de la crise sanitaire sur les enfants autistes

Photo de Emmanuelle LeBlond
Par Emmanuelle LeBlond
Les effets de la crise sanitaire sur les enfants autistes
Claudia Hemmings en compagnie de sa fille Coralie et son fils Timothey. (Photo : gracieuseté)

DOSSIER. Certaines personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ont été plus affectées par la pandémie que d’autres. La mère de Timothey, Claudia Hemmings, avoue que son fils a éprouvé des démangeaisons incontrôlables avec l’arrivée du confinement.

Claudia Hemmings et sa famille vivent à Saint-Guillaume depuis dix ans. Son fils Timothey, âgé de cinq ans, est atteint d’un TSA. Dès l’âge de 18 mois, le jeune garçon a passé des examens afin de savoir s’il avait un retard de langage. «Habituellement, un enfant gazouille et fait des sons. Il ne gazouillait pas. Il ne parlait pas. On avait de la difficulté à avoir un contact visuel avec lui», témoigne la mère de famille.

Le diagnostic est tombé après plusieurs rencontres avec des professionnels. Une intervenante a rapidement été greffée à Timothey. Cette dernière le suivait jusqu’à la garderie.

L’arrivée du confinement a été difficile pour le jeune garçon. «Le vendredi, il était à la garderie avec ses amis et l’intervenante. Le lundi, il ne pouvait plus y aller. Habituellement, on le prépare avec des pictogrammes pour qu’il comprenne mieux. On lui fait des routines avec les pictogrammes.»

Âgé de cinq ans, Timothey nageait dans l’incompréhension. «Au début, il me demandait pourquoi il ne pouvait pas aller à la garderie. Il nommait sa gardienne. Il nommait son intervenante. Vu qu’il était assez jeune, l’intervenante m’a dit que ça ne servait à rien de faire un Zoom parce qu’il est trop jeune. Il n’aurait pas compris pourquoi elle est dans l’ordinateur et non avec lui», raconte Claudia Hemmings.

Lors de la première semaine, des plaques rouges sont apparues sur le corps de l’enfant. «Je pensais qu’il faisait une réaction allergique. Il se grattait au sang. Avec la COVID, on ne voulait pas consulter pour rien. On ne le voyait pas se gratter. Le matin, il avait des gales proches de la tête. On se demandait pourquoi. On pense qu’il se grattait pendant la nuit.»

Désorganisation du comportement

La mère de famille estime que son fils se grattait pour évacuer son anxiété. Aux yeux de Marie-Soleil Latour, directrice à l’organisme Autisme Centre-du-Québec, la situation n’est pas anodine. Règle générale, le changement de routine peut mener à une désorganisation du comportement chez les personnes atteintes d’un TSA.

La directrice de l’organisme Autisme Centre-du-Québec Marie-Soleil Latour. (Photo: gracieuseté)

«Pour une personne, la désorganisation peut être très peu visible et pour d’autres, elle peut être amplifiée. Pour certains de nos membres, la fréquence de désorganisation a été plus grande depuis le début de la pandémie», explique-t-elle.

La désorganisation du comportement peut se faire à différents niveaux. «On perd nos repères. Il y en a pour qui c’est de pleurer, de bouger les mains rapidement pour baisser la surcharge énergétique», complète-t-elle. Parfois, la désorganisation peut mener à une perte de contact avec la réalité, tout dépendant du «degré de la situation» et de «l’accumulation».

L’école à la maison

Puisque Timothey était à la garderie au printemps dernier, le garçon était trop jeune pour suivre l’école à la maison. Claudia Hemmings mentionne qu’il se plaisait à regarder sa sœur lors de ses séances de vidéoconférence. «Ma fille Coralie était en première année et elle faisait des Zoom deux fois par semaine avec sa professeure et l’orthopédagogue.»

Pour sa part, Marie-Soleil Latour mentionne que l’école à la maison n’a pas toujours été de tout repos avec les parents qui ont des enfants autistes. «Certaines écoles demandaient d’intégrer des activités éducatives à la maison. Pour certains de nos membres, ça ne faisait pas de sens de faire de l’école à la maison. La maison est associée aux temps libres et aux temps en famille. L’école est plutôt associée à l’apprentissage.»

Autisme Centre-du-Québec a déployé des mesures pour soutenir sa communauté, en ces temps incertains. «C’était super important pour nous de leur venir en aide et les outiller dans tout ça. On faisait des suivis quotidiens. Au besoin, on offrait des supports visuels pour bien détailler le port du masque et les nouvelles consignes.»

Claudia Hemmings se dit satisfaite du soutien qui lui a été offert. «L’intervenante de Timothey nous appelait une fois par semaine pour prendre des nouvelles. Elle venait nous porter sur le balcon des pictogrammes ou des choses à travailler.»

Au fil du temps, le jeune garçon s’est habitué à sa nouvelle réalité et il était même enchanté de commencer la maternelle au mois de septembre.

Dans les tous cas, la mère de famille espère ne pas devoir vivre un second confinement. «Avant, mon fils ne connaissait pas l’école, mais là il a connu ça. S’ils referment les écoles, j’ai peur de sa réaction.»

À lire également :

Dans la tête de Caroline Ferland

Quand l’épuisement s’installe

Partager cet article