La résilience d’Isabelle Quirion

Photo de Emmanuelle LeBlond
Par Emmanuelle LeBlond
La résilience d’Isabelle Quirion
Isabelle Quirion, responsable du service de garde en milieu familial «Comme à la maison». (Photo : Gracieuseté)

DOSSIER. Quand Isabelle Quirion a rouvert son service de garde en milieu familial en mai dernier, après quelques semaines de confinement, c’est un sentiment de peur et d’hésitation qui l’habitait. Au fil des jours, la responsable a su faire preuve de résilience en composant avec une charge de travail élevée. Malgré la fatigue qui pèse sur ses épaules, cette femme de cœur carbure à la passion de son métier.

La Drummondvilloise possède un milieu familial non reconnu, qui respecte la loi 143, depuis environ neuf ans. Lors de la réouverture officielle, au mois de mai, Isabelle Quirion éprouvait quelques craintes.

«Honnêtement, j’avais la peur au ventre. J’ai vraiment respecté le confinement et je le respecte encore. Je ne vais pas dans de grandes surfaces. Donc, faire entrer des gens ici, alors qu’il y a juste mes garçons et moi qui entrions dans la maison, je n’aimais pas ça. J’étais nerveuse», confie-t-elle, d’entrée de jeu.

Lors du premier mois, elle a accueilli un enfant. Au départ, la responsable de service de garde ne savait pas à quoi s’attendre. «J’avais peur qu’il ne me reconnaisse plus avec le masque. Alors, j’ai choisi les lunettes de protection. Je trouvais ça moins envahissant et moins intimidant pour les enfants. Aussi, je me suis fait faire des beaux masques avec des animaux dessus», explique-t-elle. Aujourd’hui, Isabelle Quirion opère au maximum de sa capacité.

Une période d’adaptation a été nécessaire autant du côté de la responsable que celui des enfants et de leurs parents.

«Avant, j’accueillais les parents et ils entraient dans la maison. Ils arrivaient à l’heure qu’ils voulaient. Maintenant, je demande qu’on m’avertisse parce que je dois surveiller l’ami qui arrive, mais il faut que je surveille ma ribambelle à l’intérieur aussi. Les parents n’entrent pas. Je ne pouvais pas me faire de station de lavage de main dehors et en plus quand on entre chez moi, l’entrée c’est un long couloir.»

Un problème de proximité

Questionnée à savoir quel est le plus grand défi qu’elle doit relever au quotidien, Isabelle Quirion répond qu’elle s’ennuie de la proximité qu’elle partageait avec ses petits protégés. «J’avais envie de pleurer juste du fait de ne pas pouvoir les prendre dans mes bras. J’ai une approche très maternante. Je leur raconte des histoires et il y en a trois d’assis sur moi et les autres sont alentour», soutient-elle.

La responsable a dû apprendre à garder ses distances. «Quand on est dehors, j’ai plus un rôle de surveillante que d’être avec eux. Je ne fais pas juste les surveiller. Je joue avec eux habituellement. Dehors, pour pouvoir respirer sans masque et sans lunettes, je me tiens à deux mètres.»

D’ailleurs, les exigences sanitaires ont pour effet d’augmenter la charge de travail d’Isabelle Quirion. «C’est déjà de grosses semaines, dix heures par jour, cinquante heures par semaine. Là, pour les soirs, il y a plus de travail. Avant, quand les enfants partaient, je faisais ma vaisselle, je passais le balai, je lavais le plancher vite fait. Parfois, je nettoyais des taches sur le plancher à la mitaine. Maintenant, j’ai l’impression d’être dans un laboratoire tellement que je désinfecte», raconte celle qui a réussi à trouver une «vitesse de croisière».

Difficultés financières

Étant monoparentale et célibataire, Isabelle Quirion s’est trouvée sur la corde raide, côté financier.

«Heureusement, le fédéral nous a aidés avec la PCU (Prestation canadienne d’urgence). Ça a été très long avant qu’on apprenne que finalement on y avait droit. Ça a pris cinq ou six semaines. On ne cadrait dans aucune catégorie.»

La responsable s’est raccrochée aux promesses du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, afin d’avoir un soutien de la part du gouvernement provincial. «Quand on a su qu’il n’offrait aucune compensation, j’ai été découragée. Je suis allée voir le programme pour préposé aux bénéficiaires. J’ai rempli la fiche à moitié et je me suis dit ‘’non’’. J’ai effacé la page. Je n’étais pas prête à passer l’éponge et à tourner la page.»

Isabelle Quirion a fait le choix de renouer avec sa passion première. Elle dit vouloir honorer son devoir. «Je ne voulais pas laisser mes parents dans le trouble quand ils avaient besoin de moi. Ils me font confiance.»

À lire également sur le même sujet

«Il n’y a pas de place»

La COVID-19 donne le coup de grâce à des services de garde

«C’en est rendu que les parents ont besoin d’une garderie à tout prix»

Partager cet article