DÉCONFINEMENT. Le Pub Le St-Georges, avec ses tables et ses chaises bien en place sur la terrasse, semble prêt à accueillir sa clientèle, mais ça ne sera pas aussi simple lundi prochain quand le service de l’alcool sera autorisé.
Malek Benabdelmoumen, le propriétaire, et Damien Moreno, le gérant, étaient justement attablés sur la terrasse en ce début d’après-midi, en train de jongler avec les nouvelles directives qu’ils devront appliquer pour rouvrir leur bistro, façon 2020.
«Nous avons installé les tables et les chaises parce qu’on s’ennuyait…», dit Malek en souriant, avant de lancer, plus sérieusement : «On ne sait pas trop sur quel pied danser. Il faudra condamner quelques tables et enlever des chaises afin de respecter la distanciation physique entre elles, ce qui fait en sorte que je devrai opérer avec moins de la moitié de notre clientèle habituelle, c’est sûr qu’il y aura moins de profit. Mais là où ça se complique c’est la fameuse consigne de ne pas avoir à la même table des gens avec plus de trois adresses différentes. Comment pourra-t-on gérer ça? Faudra-t-il faire des contrôles à chaque table? On n’est quand même pas pour jouer à la police. Il appartiendra aux gens, j’espère, de se discipliner».
On sait que la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec a informé le gouvernement du Québec que «s’il maintient le refus d’ouvrir les bars en même temps que les restaurants, ceci pourrait pousser plusieurs tenanciers à la désobéissance civile».
Le St-Georges entre-t-il dans cette catégorie? «Non, assure-t-il, j’ai un permis d’alcool sur lequel c’est inscrit bar, mais j’ai un permis de restaurant, tout comme d’ailleurs le Looba, le Baboune et le 200 Brock. On pourra servir de l’alcool sur la terrasse, mais pas dans la rue». Comme en fin de semaine dernière, la rue Heriot sera piétonnisée le week-end prochain alors que des tables seront posées ici et là, permettant de manger tout en consommant du vin apporté.
Il y a l’investissement aussi. Les restaurateurs doivent prévoir l’achat de produits désinfectants, de masques et visières. «Il y en a qui ont sans doute fait des affaires d’or dans ce secteur. Les prix ont bondi dernièrement. Seulement pour le désinfectant, ça vient de me coûter 400 $. Et puis, si la Ville nous permet de mettre des tables dans la rue, ce sera des tables plus longues et non pas celles que j’utilise sur la terrasse. Ce sera une autre dépense», de faire valoir le proprio, qui ajoute avoir reçu un document du gouvernement sur les mesures sanitaires à prendre pour la réouverture.
Autre petit problème : le personnel. «Je manque de serveurs. Habituellement, j’ai 18 employés, mais là, je n’en ai que 11. Certains profitent de la PCU (prestation canadienne d’urgence). Étant donné que la clientèle sera réduite, je dirais qu’il me manque trois serveurs», explique Malek.
Malgré tout, son commerce n’est pas en grosse difficulté financière. «Nous avons eu l’aide fédérale de 40 000 $, mais le côté positif de l’affaire, c’est que nous n’avons pas de dette, sauf celle de la TPS et TVQ d’il y a trois mois. Nous avons aussi eu un prêt de 15 000 $ de la SDED (Société de développement économique de Drummondville) mais peut-être que je n’en aurai pas besoin. C’est à voir».
Selon Malek Benabdelmoumen, il n’est pas impossible que le Pub Le St-George soit obligé de fermer plus tôt. «Ce n’est pas certain encore, mais il faudra éviter les débordements en fin de soirée. Est-ce que ce sera à nous de gérer ces débordements? Tout ça, évidemment, dépendra de l’achalandage. Peut-être que la clientèle mettra un peu de temps avant d’envahir les terrasses, en raison d’une certaine appréhension qui persiste quant à la contagion possible dans les rassemblements», avance-t-il sans certitude toutefois.
Malek et ses collègues restaurateurs sauront à quoi s’en tenir la semaine prochaine.