Quand le conte de fées s’écroule

Photo de Emmanuelle LeBlond
Par Emmanuelle LeBlond
Quand le conte de fées s’écroule
Arielle Ménard a acheté sa robe pour son bal des finissants depuis le mois de janvier. (Photo : Ghyslain Bergeron)

GRADUATION. Comme la majorité des adolescentes de son âge, Arielle Ménard rêve de son bal des finissants depuis qu’elle est toute petite. À ses yeux, cette cérémonie est l’occasion parfaite pour célébrer tous les efforts qu’elle a mis en œuvre durant son parcours scolaire. Pourtant, la fin de l’année s’annonce différente puisque sa robe fraîchement achetée restera dans sa garde-robe.

La jeune femme a été sous le choc lorsqu’elle a appris que les écoles secondaires demeuraient fermées jusqu’en septembre. «L’école est ma plus grande passion. J’adore apprendre, changer les choses et apporter des idées. De savoir que je ne pourrai pas retourner à mon école secondaire, cette école avec qui je partage tant de souvenirs… ça m’a fait un pincement au cœur», avoue la finissante de 18 ans.

C’est un avec un brin de déception qu’elle a constaté que son bal des finissants était reporté. Même si l’événement a lieu à une date ultérieure, rien ne garantit que la cérémonie se déroulera dans son format traditionnel, précise-t-elle. «Je suis inquiète. J’ai peur d’avoir trop d’attente et que finalement on puisse seulement inviter une personne», confie la Drummondvilloise.

Arielle Ménard attend son bal des finissants depuis qu’elle est toute petite. Elle a revêtu sa robe l’instant d’une photo. (Photo Ghyslain Bergeron)

Ayant surmonté plusieurs difficultés scolaires, la jeune femme attendait avec impatience cet événement. «Le bal c’est quelque chose d’important pour moi. C’est vraiment une cérémonie qui me dit que j’ai enfin réussi tous les obstacles que j’ai traversés dans ma vie», souligne celle qui a redoublé deux années scolaires.

Arielle Ménard aurait aimé avoir un dernier moment pour dire au revoir à ses camarades. «On ne va pas tous à la même place. La plupart de mes amis vont au Cégep de Sherbrooke l’année prochaine. Moi, je vais au Cégep de Drummondville. Ce sont tous des chemins qui se séparent», soutient celle qui étudie à l’école secondaire de Bromptonville.

Dans le but de livrer ses états d’âme, la jeune femme a écrit une lettre ouverte en sollicitant le premier ministre François Legault. Selon elle, les étudiants du secondaire sont les grands oubliés de cette crise. «J’ai l’impression que le temps s’est arrêté pour tous les étudiants. Le fameux virus a pris le contrôle de nos quotidiens et a brisé plusieurs routines et rêves que nous avions tous. Pour tous les finissants qui avaient hâte de pouvoir terminer leur secondaire et obtenir ce que tout le monde ou presque attendait depuis maintenant 12 ans : la graduation», mentionne-t-elle dans son texte.

Une panoplie de réactions

Arielle Ménard n’est pas la seule finissante à s’être prononcée sur la place publique. Sara-Jade Larocque et Mylène Fournelle-Labrecque, étudiantes à l’école secondaire La Poudrière, ont aussi interpellé le premier ministre sur les réseaux sociaux.

Mylène Fournelle-Labrecque a décidé de se prononcer sur la place publique. (Photo gracieuseté)

Lorsqu’elle a pris connaissance de la nouvelle, Mylène Fournelle-Labrecque a été habitée par un sentiment de colère : «J’étais vraiment fâchée que Legault nous donne espoir depuis le début du confinement que le secondaire allait peut-être rouvrir et que j’allais revoir mes amis. Quand il a fait son annonce, je ressentais que le secondaire cinq n’était pas considéré. Je trouve ça plate qu’il dit que les jeunes n’ont pas le choix de revoir leurs amis pour leur santé mentale. Moi, je l’ai vu comme si notre santé mentale ne comptait pas.»

Les deux adolescentes ont désiré mettre de l’avant leur point de vue pour se faire entendre. «Je veux spécifier qu’on n’est pas nombrilistes ni égoïstes. On a le droit d’avoir notre opinion et d’être déçues de la tournure des événements, même s’il y a d’autres choses plus importantes», souligne Sara-Jade Larocque. «On comprend qu’il y a beaucoup de personnes qui meurent, mais les gens ne comprennent pas que même s’il y a des décès, il ne faut pas s’empêcher de vivre», ajoute Mylène Fournelle-Labrecque.

Sara-Jade Larocque souhaite que les écoles secondaires ouvrent une dernière journée avant la fin de l’année scolaire. (Photo gracieuseté)

Dans une telle situation, les trois finissantes réclament au moins la réouverture de leur école le temps d’une journée. Elles ont d’ailleurs signé une pétition qui circule sur le web, demandant au gouvernement d’ouvrir les portes des écoles secondaires une dernière fois pour que les finissants revoient leurs amis et le personnel enseignant. Au moment d’écrire ces lignes, plus de 7 000 signatures ont été recueillies.

Quoi qu’il en soit, les textes de ces jeunes femmes ont eu un écho auprès du gouvernement. Lors du point de presse de mercredi, la vice-première ministre Geneviève Guilbault a salué les adolescents du secondaire en spécifiant que le gouvernement tentera de trouver une façon originale de souligner la graduation.

Une décision à venir

L’Express a contacté la Commission scolaire des Chênes pour avoir des informations quant à la tenue du bal des finissants. Selon Bernard Gauthier, directeur adjoint au service des communications, aucune décision n’a été prise pour l’instant. «Au moment où on se parle, c’est la direction des écoles secondaires qui évalue la situation pour voir de quelle façon l’événement pourra avoir lieu. (…) Étant donné que les écoles secondaires demeurent fermées jusqu’à la fin de l’année scolaire, ça ne nous permet pas d’organiser des bals comme on le voyait traditionnellement», informe-t-il.

Quant au Collège Saint-Bernard, le coordonnateur des communications et des événements, Dominic Boisclair, indique que la direction est en train de travailler sur une alternative pour la remise des diplômes, question de souligner la fin de l’année. À propos du bal des finissants, la situation est toujours en suspens.

Partager cet article