Le téléphone ne sonne plus à la Rose des Vents et ce n’est pas normal

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Par Jean-Pierre Boisvert
Le téléphone ne sonne plus à la Rose des Vents et ce n’est pas normal
(Photo : Depositphoto)

VIOLENCE. Ce n’est pas normal que, depuis le début de la crise de COVID-19, le téléphone ne sonne plus à la Rose des Vents, l’organisme drummondvillois qui vient en aide aux femmes et enfants victimes de violence conjugale, et la directrice générale Brigitte Richard sait très bien pourquoi.

C’est à cause du confinement. «Je suis inquiète. Une situation de confinement accentue la dangerosité et ça réunit tous les facteurs menant à la violence conjugale. Ça fait grimper le stress et l’agressivité. Mais les femmes ne peuvent pas quitter leur domicile. On sait que c’est ça qui se passe. En temps normal, on a des appels et notre maison d’hébergement est remplie à 100 %. Là, le téléphone ne sonne plus et on a de la place. Ce n’est pas normal», affirme-t-elle.

Brigitte Richard tient à dire aux femmes qui sont actuellement victimes de violence conjugale, dans le contexte de confinement, de ne pas hésiter à appeler la Rose des Vents au numéro au 819-472-5444, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

«C’est gratuit et confidentiel. On a les services adaptés pour répondre de façon sécuritaire aux besoins évalués. Je ne vous dévoilerai pas nos manières de procéder mais je peux vous dire qu’on sait comment faire. Ce qui est désolant c’est qu’à cause du confinement, nous ne sommes pas aussi efficaces pour rejoindre les femmes concernées. Il faut qu’elles nous contactent, soit par exemple en sortant pour aller à la pharmacie. C’est pour ça que nous lançons aussi un appel à des gens qui sont témoins de violence. Si vous avez un doute, il faut nous appeler. Ces témoins peuvent aider et nous comptons sur eux pour nous mettre au courant. À partir de là, nous avons un protocole, dont je ne vous donnerai pas les détails, mais nous avons l’expertise pour réagir en toute sécurité. On peut ensuite accompagner les femmes dans des démarches auprès de l’aide sociale, auprès d’un avocat et pour trouver éventuellement un logement», précise-t-elle.

La Rose des Vents a par ailleurs tout ce qu’il faut pour éviter la contamination du coronavirus. «Nous prenons toutes les précautions qui s’imposent. Il n’y a pas d’inquiétude à ce sujet. Sur tous les plans, les femmes et les enfants que nous prenons en charge sont en sécurité», dit-elle sachant très bien que les femmes, en raison du confinement, sont plus fragilisées et plus vulnérables.

La directrice générale ne dira évidemment pas où se trouve la Rose des Vents. «C’est certain que l’homme violent a besoin d’aide de son côté mais on sait tous que les hommes ont de la difficulté à demander de l’aide en s’adressant par exemple au Centre de ressources pour hommes, un excellent organisme. Je souhaite que les garçons d’aujourd’hui qui vont devenir des hommes vont apprendre que ce n’est pas mal vu de demander de l’aide», fait-elle valoir.

Autrement dit, les femmes ne sont pas seules et la Rose des Vents peut les mettre à l’abri.

Définition

Selon le gouvernement du Québec, «la violence conjugale comprend les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extra-conjugale ou amoureuse, à tous les âges de la vie».

Les statistiques sur la criminalité dans un contexte conjugal publiées par le Ministère de la Sécurité publique du Québec font état de 19 373 infractions contre la personne, en 2011. 91% des victimes de 12 à 17 ans ayant porté plainte étaient des filles. On dit qu’une adolescente sur 10 serait victime de violence dans ses relations amoureuses et des recherches ont démontré que 25 % d’entre elles n’en ont jamais parlé.

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