Jordan Balmir s’accorde un nouveau round

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Par Emmanuelle LeBlond
Jordan Balmir s’accorde un nouveau round
Jordan Balmir. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Tentatives de suicide et consommation élevée d’alcool et de drogues, le boxeur Jordan Balmir a traversé un véritable cauchemar à la suite de sa première défaite en carrière chez les professionnels. Depuis, le Drummondvillois a renoué avec la sobriété question de reprendre sa vie en main. Témoignage d’un homme qui se livre à cœur ouvert, sans tabou.

«J’ai vécu la période de débauche la plus intense de ma vie. Je ne dormais plus. Je perdais la tête. J’ai fraudé mon propre compte. Il n’y a rien que je n’ai pas fait, énumère Jordan Balmir, la gorge serrée. Je ne prenais plus ma médication, alors je m’automédicamentais avec la boisson et la cochonnerie.»

L’athlète de 26 ans est catégorique, sa défaite contre Steven Butler, en 2018, a été très difficile à avaler. Rappelons que le combat s’est soldé par un KO technique dès le troisième round, confinant Jordan Balmir à mordre la poussière. «Ça a été ma plus grosse humiliation professionnelle et personnelle de toute ma vie», certifie-t-il.

Malgré son échec fracassant, Jordan Balmir préparait déjà son retour dans le ring. Ravalant son amertume, il s’est envolé à Las Vegas pour suivre un camp d’entraînement. «Il y a un manager là-bas qui me logeait, me nourrissait, et il s’occupait de mon entraînement physique et de boxe. Tout ce que j’avais à faire c’était de m’entraîner et dormir, mais j’étais déjà écœuré. Ça ne me tentait plus», se remémore l’athlète, qui était au bout du rouleau.

Coup de théâtre, le combat auquel le boxeur se destinait a été annulé. Cette nouvelle inattendue est difficile à digérer, car l’athlète voit tous ses efforts s’écrouler devant lui. Il retourne donc au Québec, le temps de reprendre ses forces.

Le boxeur Jordan Balmir a des problèmes de consommation d’alcool et de drogues depuis l’âge de 13 ans. (Photo: Ghyslain Bergeron)

À Drummondville, Jordan Balmir est confronté à ses vieux démons. Il s’isole de plus en plus, tout en délaissant sa passion. Sur le bord du gouffre, il replonge dans ses anciennes habitudes de consommation d’alcool et de drogues, et ce, sans s’imposer de limite.

Coup émotionnel

Jordan Balmir conjugue avec une dépendance depuis son adolescence. Tout a débuté à l’âge de 13 ans lorsqu’il apprend le décès de son meilleur ami et de son frère de 31 ans. La consommation l’aide à surmonter ce « coup émotionnel». Or, le garçon sombre tranquillement vers une perte de contrôle.

« Mes parents voulaient que j’arrête, alors ils m’ont mis en désintox à 13 ans. Finalement, j’ai été mis dehors à cause de mes troubles de comportement. J’avais de la difficulté à suivre les règlements », raconte-t-il avec transparence. Un an plus tard, son entourage l’a encouragé à entamer une seconde thérapie, sans succès.

Le jeune homme a été hospitalisé à deux reprises en psychiatrie à cause de sa consommation de drogues. À l’âge de 18 ans, Jordan Balmir est encore cloué sur un lit d’hôpital, mais cette fois, il souffre d’une pancréatite aiguë. Les paroles du médecin resteront toujours gravées dans sa mémoire : «Toi, tu ne pourras plus jamais boire».

Désespéré et anéanti, il s’est accroché à l’entraînement comme ultime bouée de sauvetage. Encouragé par son frère, Jordan Balmir a intégré le sport dans son quotidien, d’où est née sa passion pour les arts martiaux mixtes et éventuellement la boxe.

Agir pour grandir

Aujourd’hui, l’athlète est conscient qu’il est susceptible de faire des rechutes puisqu’il en a vécu quelques-unes lors de sa carrière. Dans tous les cas, c’est son amour pour le sport qui l’a remis sur les rails, comme à la suite de sa défaite contre Steven Butler.

C’est grâce au sport que Jordan Balmir a réussi à se libérer de sa dépendance. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«À l’époque, j’avais recommencé à courir, mais je n’étais même pas capable. Je marchais parce que j’avais trop mal aux genoux. Il fallait que je fasse de la marche rapide pour rééduquer mon corps. C’était difficile, car l’année d’avant, j’étais l’un des gars le plus en forme au Québec. J’ai dû recommencer du début en faisant des marches avec mes parents», se souvient-il, le sourire en coin.

Ce combattant a franchi les échelons de la remise en forme, tout en embrassant la sobriété. Alliant la méditation, le renforcement positif et les entraînements, l’athlète se sent plus fort que jamais.

À ses yeux, il peut maintenant accomplir ce qu’il veut. «Les portes sont ouvertes. Je fais un retour aux études. J’ai été finir (mes études secondaires) aux adultes en complétant mon anglais et mon français. J’aimerais même rentrer à l’université en communication à la fin 2020», supporte-t-il, l’air rêveur.

Qu’à cela ne tienne, après avoir eu la sensation d’avoir touché le fond, Jordan Balmir est remonté dans le ring, après 15 mois de haut et de bas, le 25 janvier dernier, pour livrer un combat contre le Mexicain Omar Andrade. Et il l’a gagné! 

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