Des journalistes refont leur examen… de conduite

Des journalistes refont leur examen… de conduite
Trois journalistes ont refait, avec l’aide de l’École de conduite Perreault, leur examen de conduite, soit Ghyslain Bergeron, Erika Aubin et Jonathan Habashi. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Plus de 5,5 millions de Québécois détiennent un permis de conduire délivré par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Détenir un permis est un privilège, mais est-ce que tout un chacun se rappelle réellement des enseignements de base de son cours de conduite? C’est ce que L’Express Magazine a voulu tester en effectuant un examen de conduite similaire à celui exigé par la SAAQ.

Trois journalistes, Erika Aubin, Ghyslain Bergeron et Jonathan Habashi se sont rendus à l’École de conduite Perreault qui est dans le paysage drummondvillois depuis plus de 45 ans. Marylen Allie et Sylvio McMahon, copropriétaires, ont bien voulu jouer le jeu en les accueillant.

L’exercice était bien simple : effectuer un examen de conduite sur la route avec le formateur et compléter un test théorique qui permet aux étudiants d’obtenir leur permis d’apprenti conducteur.

Une partie de l’équipe de l’École de conduite Perreault de Drummondville.

Pour l’occasion, M. McMahon, formateur depuis quatre ans, a accompagné les journalistes à tour de rôle sur le même parcours qu’utilise la SAAQ pour l’examen pratique. Une voiture de l’école de conduite a été utilisée pour l’exercice.

Après le parcours, Mme Allie a emmené les cobayes dans la salle de cours équipée des dernières technologies. Est-ce que les journalistes ont pu obtenir la note de passage de 75 % exigée par la SAAQ?

 

Ghyslain Bergeron (titulaire d’un permis depuis 30 ans)

Il y a 30 ans, je me suis assis dans cette auto-école en compagnie du légendaire Gilles, aussi appelé la moustache. J’avais déjà une bonne expérience de conduite puisque je possédais déjà à cette époque une moto et un scooter. J’avais obtenu mon permis du premier coup!

C’est donc avec confiance que je me suis engagé sur la route, avec le formateur.

Sans être nerveux, j’étais curieux de me tester, car, avec le temps, on prend des (mauvais) plis. Je me sentais un imposteur comme quand une voiture de police nous suit. Il fallait tout faire bien. Arrêt, vitesse, angles morts, etc. Je vous dirais que la plupart du temps je suis un conducteur très prudent, donc j’agis comme on me l’a enseigné.

Le circuit d’une quinzaine de minutes s’est bien déroulé. Mon évaluation personnelle me disait que j’allais obtenir une bonne note. L’évaluateur a tôt fait de me ramener sur terre, car j’avais oublié une multitude de petits détails comme barrer les portes manuellement, conserver les deux mains sur le volant et garder la droite en tout temps. Ma plus grosse erreur, rouler au-delà de la limite permise dans une zone scolaire. Je l’avoue, je n’ai jamais vu le panneau, comme mes deux collègues d’ailleurs!

D’un autre côté, ma bonne vision et mon contrôle ont plu à M. McMahon, ce qui m’a valu une performance au-dessus de la note de passage. L’examen théorique, disons-le beaucoup plus facile que celui imposé par la SAAQ, m’a valu une note de 29 sur 30. Bref, je ne suis pas un danger public, mais habituellement, je me chicane beaucoup plus que ça avec les autres automobilistes qui ne savent pas où aller! Ne le dites pas au formateur…

Erika Aubin (titulaire d’un permis depuis 7 ans)

Pour me rendre au travail, ce matin-là, j’ai décidé de me pratiquer en vue de l’examen qui m’attendait. J’ai fait attention pour effectuer des arrêts de trois secondes — c’est long quand on y pense — et j’ai placé mes mains à 10 h 10 sur mon volant, entre autres.

Pas plus de cinq kilomètres plus loin, je me suis rendu compte que je conduisais avec une seule main, un pied accoté sur mon banc et que je roulais quelques kilomètres au-dessus de la limite. Zut!

Erika Aubin, journaliste, et Sylvio McMahon, copropriétaire de l’école de conduite.

Ça ne fait que sept ans que j’ai obtenu mon permis de conduire, mais je me souviens de cette journée comme si c’était hier. Tellement, que j’avais encore en tête mon examen théorique, ce qui m’a permis d’obtenir une note de 27 sur 30.

Même si je suis une jeune automobiliste, j’ai développé quelques mauvais plis… du moins c’est ce qu’a relevé mon instructeur Sylvio lors de mon examen pratique.

Ma première erreur est survenue alors que je n’étais même pas encore installée dans mon véhicule. J’ai oublié de faire le tour afin de vérifier que tout soit en ordre. Sérieusement, qui fait une vérification, à chaque fois, avant de conduire?

Je m’immobilise aussi trop près de la ligne d’arrêt. Ce qui me gêne, c’est que je fais souvent ce reproche à mon copain quand il est derrière le volant.

Bref, après avoir roulé pendant une vingtaine de minutes avec Sylvio, il m’a assuré que, d’après lui, si je devais refaire mon examen de conduite demain matin, je le passerais. Vous êtes en sécurité quand je suis dans les parages.

Somme toute, cette expérience m’a fait prendre conscience de ma conduite… et de mes erreurs. Je retiens surtout qu’il est toujours bon de se réévaluer soi-même de temps à autre, à défaut d’avoir accès à un professeur pour le faire. Ainsi, on ne peut que s’améliorer!

Jonathan Habashi (titulaire d’un permis depuis 24 ans)

Pour ma part, malgré une certaine appréhension normale dans les circonstances, peut-être en raison de mon côté perfectionniste, j’ai adoré l’expérience de l’examen de conduite. J’ai surtout apprécié la partie pratique aux côtés de mon évaluateur, le sympathique Sylvio.

Avant même de commencer l’examen, j’ai pourtant commis une erreur en omettant de procéder à la vérification externe du véhicule. J’avoue que cette étape m’a effleuré l’esprit au moment de grimper dans l’auto, sans toutefois que je passe à l’action. Puis, une fois dans le véhicule, j’ai bien ajusté mon siège et mes miroirs, mais j’ai commis une autre erreur en relâchant le frein à main avant d’embrayer le moteur.

Une fois en route, mon évaluateur m’a fait remarquer que j’ai omis de faire quelques angles morts, ce qui m’a surpris puisque c’est un aspect de ma conduite auquel j’étais convaincu de porter une grande attention. C’est qu’en plus de vérifier nos angles morts lors d’un changement de voie, il est également conseillé de pratiquer cette manœuvre en tournant à une intersection. On ne sait jamais si un cycliste ou un piéton peut s’y trouver.

J’ai également négligé d’effectuer un double arrêt lorsque la situation le commandait, à une intersection où il n’y avait que deux panneaux d’arrêts. Parmi mes autres points faibles, j’ai omis de faire un balayage de mes rétroviseurs toutes les cinq ou dix secondes. Par ailleurs, dans un chemin à deux voies, j’aurais aussi dû me ranger à droite au lieu de filer dans la voie de gauche.

Enfin, ma méthode de stationnement arrière n’était pas parfaite puisque je n’ai pas étendu mon bras droit à l’arrière de l’appuie-tête du passager et que je n’ai pas marqué un arrêt à mi-chemin afin d’effectuer un balayage visuel des environs.

Parmi mes bons coups au volant, Sylvio a noté mon respect rigoureux des lignes d’arrêt, mon freinage tout en douceur, mes arrêts de trois secondes bien comptées, mon bon contrôle du véhicule, mes virages dans la bonne voie ainsi que mes bons changements de voie prudents. À part les arrêts de trois secondes, ce sont tous des aspects auxquels je porte une attention particulière dans ma conduite de tous les jours.

Finalement, mon évaluateur m’a rassuré en m’informant que j’aurais passé l’examen de la Société d’assurance automobile du Québec «sans problèmes».

Lors de l’examen théorique passé quelques minutes plus tôt, j’avais obtenu une note de 26 sur 30, soit 87 %. Parmi les questions qui m’ont causé des ennuis, il y a celle concernant la distance entre notre tête et l’appuie-tête.

La question de la vitesse en zone scolaire (50 kilomètres par heure à moins d’une indication contraire, par exemple 30 kilomètres par heure) m’a également piégé. Enfin, une erreur d’inattention m’a coûté un point : en voulant identifier le véhicule B, j’ai coché la case B plutôt que la case C.

Au bout du compte, cet exercice m’a permis de me rappeler quelques principes de bases que j’avais oubliés avec le temps. Mon cours de conduite à l’école Asbestrie, qui date de 24 ans, m’a semblé bien loin! En reprenant la route au cours des jours suivants, je me suis surpris à observer mes comportements au volant et à adopter quelques conseils de Sylvio.

Finalement, je pense que tous les conducteurs devraient prendre la peine de se rafraîchir la mémoire, ne serait-ce qu’en se replongeant dans le code de la sécurité routière.

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