Sa passion : enseigner la conduite automobile

Sa passion : enseigner la conduite automobile
Gilles «la moustache» a enseigné la conduite automobile à plus de 8000 personnes au cours des 42 dernières années. (Photo : Ghyslain Bergeron)

VIVRE. Depuis 42 ans, Gilles, surnommé «la moustache», sillonne les rues de la région et enseigne l’art de bien conduire une automobile à plus de 200 élèves par année. Figure bien connue à Drummondville, il nous ouvre les portes de sa voiture pour raconter ses quatre décennies passées… sur le siège du passager.

Comme un artiste, Gilles enseigne l’art de la conduite automobile en invitant ses protégés à l’appeler «la moustache». Son nom, il le garde pour lui, pour sa famille. C’est sa façon de créer un lien de confiance, une certaine proximité avec les jeunes qu’ils côtoient.

Il a commencé à enseigner en 1976 après avoir subi une mise à pied «à la Denison», une entreprise qui se spécialisait à l’époque dans le textile.

Il a profité de cette occasion, de ce renouveau, pour amorcer un nouveau travail à la Ville de Drummondville, mais il a reçu une offre inattendue de Claude Perreault, propriétaire et fondateur de l’École de conduite Perreault.

Photo : Ghyslain Bergeron

«Je participais à une activité du Cursillo en compagnie de Claude. Il savait que je voulais aider les jeunes et il m’a convaincu que ce serait un bon move à faire. J’ai analysé les avantages et j’ai accepté. Avec deux enfants, ça devenait facile de planif

ier mon horaire. J’ai pu avoir une meilleure vie familiale. Je pouvais même être un entraîneur au hockey. Je n’ai jamais regretté mon choix», a lancé le professeur de conduite. Il avoue qu’il a beaucoup appris à travers l’enseignement auprès des jeunes.

«Mes étudiants sont la relève de demain. Même à 65 ans (en mai), ils m’apportent beaucoup. J’ai de belles discussions, j’ai parfois joué au psychologue, mais ils me le rendent bien», a-t-il ajouté.

Au fil des ans, les méthodes d’enseignement ont changé au gré des lois et des nouvelles réglementations. Le flot de circulation a augmenté, mais selon Gilles la moustache, ce n’est pas le principal irritant.

Photo : Ghyslain Bergeron

«Le rythme de vie est tellement rapide que ça se ressent sur la route. Les conducteurs sont plus individualistes, prennent moins le temps de considérer l’environnement de conduite. Parfois, on nous klaxonne parce qu’on effectue un arrêt complet. Quand on y pense bien, ce sont eux qui sont dans l’erreur en voulant aller plus vite, car ce qu’on enseigne sert de référence et non pas les habitudes que l’on développe avec le temps, explique-t-il. Il y a aussi la nouvelle structure de cours qui a changé. Il y a plus de vidéos, beaucoup de sensibilisation et l’éco conduite (plus sécuritaire, moins de pollution, usure plus lente) fait maintenant partie intégrante des leçons.»

Avec environ 200 différents élèves par année qui prennent place derrière le volant, Gilles en a vécu de toutes les couleurs. L’une des pires expériences s’est passée sur l’autoroute 20.

«Tout allait bien même s’il y avait de la neige qui tombait. Mon élève est sortie de l’autoroute et a alors rétrogradé trop rapidement et la voiture est partie en spirale. J’ai vu passer les lampadaires à deux ou trois reprises! J’ai saisi le volant et on a pu s’arrêter de façon sécuritaire. Pendant qu’on reprenait nos esprits, la déneigeuse est passée et en effectuant un virage, elle a laissé un petit banc de neige. Quand nous avons repris la route, comme plusieurs conducteurs inexpérimentés, mon élève a fixé le banc de neige et tu devines la suite, elle est entrée dedans de plein fouet. Ç’a été fini, on a changé de place et la leçon du jour était terminée», raconte-t-il.

Qui plus est, il a vu défiler des personnalités qui sont aujourd’hui bien connues.

«J’ai enseigné à Denis Gauthier Jr. (ancien joueur de hockey professionnel et analyste à la télé) et Karine Vanasse (comédienne). À cette époque, ils n’étaient pas encore connus. C’est plaisant de voir tout le chemin parcouru par ces gens et je me sens privilégié d’avoir pu leur enseigner la conduite automobile.»

L’âge de la retraite approche, mais il n’est pas du tout question pour ce professeur expérimenté d’accrocher son volant.

«J’aime mon travail et je le fais avec passion. Mes patrons sont merveilleux, je m’entends super bien avec tout le monde et l’ambiance de travail est vraiment stimulante. Tant que la santé va me le permettre, je vais continuer. Mon seul souhait pour l’avenir est que les automobilistes respectent plus les auto-école», a conclu Gilles, sourire aux lèvres, derrière sa légendaire moustache.

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