Un décollage peu spectaculaire mais enthousiaste

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
Un décollage peu spectaculaire mais enthousiaste
On aperçoit Alexandre Cusson au milieu de la cohue de la presse. (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

POLITIQUE. Un décollage peu spectaculaire mais enthousiaste. Ce serait la meilleure façon de résumer l’ensemble des réactions que le journal a pu recueillir dans la foulée de l’annonce d’Alexandre Cusson de se porter candidat dans la course au leadership du Parti libéral du Québec (PLQ).

Le Drummondvillois devenu célèbre instantanément au cours des deux derniers jours était attendu par des dizaines de journalistes, caméramans et photographes lors de son point de presse tenu ce matin avant que ne commence le conseil général du PLQ rassemblant environ 500 membres dans un hôtel de Sherbrooke.

«J’ai une surprise pour vous autres», a-t-il lancé d’entrée de jeu, un peu à la blague, car son annonce était le secret le moins bien gardé depuis la veille.

Parmi les raisons qu’il a évoquées pour expliquer sa décision, prise le week-end dernier, Alexandre Cusson n’a rien dit de transcendant. «Je souhaite un débat d’idées… il faut repositionner le parti… je suis heureux de voir des gens de toutes les générations autour de moi… il faudra discuter de la manière de reconnecter… je veux être rassembleur… je ne veux pas, entre Mme Anglade et moi, un affrontement entre Montréal et les régions…»

Une fois dites ces généralités, les questions plus précises des médias ont rapidement pris le dessus, genre que pensez-vous de la Loi sur la laïcité? «Je ne vais pas parler ici d’enjeux spécifiques…», a-t-il eu à répéter devant l’insistance des journalistes qui auraient aimé en avoir plus.

Mais vous voulez devenir chef de parti, vous avez sans doute des positions fermes à partager? «On y reviendra, je ne vais pas me défiler. Vous m’entendrez par exemple parler de décentralisation. Nous allons peaufiner nos positions pour présenter une plateforme (électorale) au cours de l’année 2020», a-t-il répliqué.

Il a indiqué qu’il entamera une tournée des régions dans les premières semaines de l’année 2020, un peu comme il l’a fait avec l’UMQ.

En discussion plus tard avec l’auteur de ces lignes, Alexandre Cusson a tenu à bien appuyer sur le fait qu’il a reçu beaucoup d’appels. «J’ai reçu beaucoup d’encouragement et c’est ce qui m’a convaincu de me présenter », a-t-il spécifié, laissant comprendre que ses appuis ne sont pas tous médiatisés.

Des réactions, des appuis

Lise Thériault, ex-ministre libérale, est l’une des premières, avec Marwah Rizqi, à donner son appui publiquement à Alexandre Cusson. Elle travaillera activement au sein de son équipe, a-t-elle confié à L’Express.

«Vous allez perdre un maire à Drummondville, oui mais nous allons gagner un grand premier ministre», a-t-elle affirmé avec du feu dans les yeux. «Alexandre, je le connais bien pour avoir souvent parlé avec lui à l’époque où j’étais ministre des PME. Il est de la nouvelle génération. C’est très rafraîchissant de le voir arriver. Venant de l’extérieur, il a une perspective différente des membres du caucus. Moi, j’ai mon réseau en tant qu’ancienne ministre mais Alexandre a aussi son réseau à titre d’ex-président de l’UMQ », a-t-elle fait valoir pour donner une idée du boulot qui sera accompli prochainement pour soutirer des appuis partout au Québec.

Journaliste et commentatrice à RDI, Martine Biron, s’est dit d’avis, en conversation avec L’Express, que le nouveau candidat n’est pas prêt. «Il aura des devoirs à faire pour prendre position sur les grands enjeux. Par exemple, sur la Loi 21 (laïcité), il savait qu’il serait questionné là-dessus et il aurait dû se prononcer un peu plus. À ce moment-ci, a-t-elle commenté, ça part égal. Aucun n’est en avance».

Bernard Drainville, chroniqueur à 98,5, ne partage pas cette façon de voir. «C’est un décollage, un décollage qui n’est pas spectaculaire, mais je pense qu’il a fait ce qu’il avait à faire, pas plus pas moins. Il se donne du temps pour se positionner sur un enjeu important comme la Loi sur la laïcité et c’est normal, c’est un enjeu très sensible», a-t-il fait part au journal.

Tristan Deslauriers, chef de cabinet du maire de Drummondville, est ici à titre de personnel. Il est membre de l’Association libérale de Joliette. Son parti-pris n’est pas caché, évidemment, mais il déborde d’optimisme. «Je suis sûr à 100 % qu’il va gagner », tranche-t-il. Il précise ceci : «Alexandre doit renoncer à ses primes (de départ notamment), car il s’agit d’un départ volontaire comme maire. Cela fera sauver une somme de 180 000 $ à la Ville».

Présidente de l’Association libérale des quatre circonscriptions centricoises (Drummond—Bois-Francs, Johnson, Arthabaska et Nicolet), Sylvie Taylor, trouve que cette course sera exaltante. «Moi je suis excitée à l’annonce de cette course, je ne voulais tellement pas de couronnement. Alexandre sera l’homme des régions. Il a fait de belles choses à Drummondville. Nous, c’est une ville que l’on a choisie», a-t-elle mentionné en parlant de sa famille qui était déménagée de l’Abitibi pour venir à Drummondville.

Il y aura donc élection à la mairie de Drummondville. Mais ça, c’est une toute autre course. Qui ne sera pas moins palpitante.

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