Voies de fait sur une fugueuse : une question de «circonstances», selon Lajoie

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Par Frederic Marcoux
Voies de fait sur une fugueuse : une question de «circonstances», selon Lajoie
Jonathan Lajoie. (Photo : Frédéric Marcoux)

JUSTICE. Voies de fait sur une fugueuse et sur sa copine, introduction par effraction et de multiples délits reliés à la drogue. Jonathan Lajoie a écopé d’une peine de 16 mois de prison, après avoir enchaîné les infractions en 2018.

L’homme âgé de 39 ans a connu une année mouvementée en 2018. Le 1er février, Jonathan Lajoie a «mangé une volée» à sa résidence, a résumé son avocat Me Renaud Blanchette. Son agresseur prétendait qu’il vendait de la drogue à son fils. Le Drummondvillois s’en est sorti avec un nez et des côtes brisés. Toutefois, lorsque les policiers ont été en mesure de fouiller la demeure située sur la rue Saint-Alphonse, à Drummondville, ils ont saisi 16,75 grammes de cocaïne, près de 9 grammes de crack, 1084 grammes de cannabis et 7 plants qui étaient en mauvais état.

Cet événement n’a pas refroidi les ardeurs de celui qui consommait des opiacés. Après avoir contacté les autorités, le 11 avril de la même année, puisqu’une dame qui était avec lui souffrait d’une surdose – elle en est décédée – il a brisé son cellulaire. Les policiers n’ont donc pas été en mesure d’analyser l’appareil.

Puis, le 28 avril 2018, lors d’une chicane avec sa copine du moment, Lajoie a saisi une pipe à crack et il l’a placée sur la paume de la main de son amie de coeur, un geste qui l’a brûlée au troisième degré. La procureure de la Couronne, Me Vicky Smith a expliqué que « monsieur avait certains délires paranoïaques », au moment de l’agression. Le lendemain, Lajoie «a défoncé la porte» de la résidence de sa conjointe pour récupérer son cellulaire, avant de «brasser madame dans le coin de la salle de bain» où elle s’était réfugiée, a précisé la procureure. Après son départ, la victime s’était barricadée dans sa demeure, mais Lajoie a décidé de retourner la voir. Elle l’a cependant avisé qu’elle appellerait les policiers et Jonathan Lajoie a immédiatement quitté les lieux.

Il s’en prend à une fugueuse

Le 3 décembre 2018, une mineure a fugué d’un centre jeunesse de la région. Ignorant où se diriger dans la nuit, elle a pris la décision de se rendre au domicile de Lajoie, à Saint-Eugène-de-Grantham, puisqu’elle l’avait déjà rencontré au préalable. Lajoie l’a hébergé pendant 12 jours. Lors de cette période, il a toutefois continué de «délirer» en raison de la drogue.

«Il pensait qu’elle travaillait pour quelqu’un d’autre. Monsieur consommait beaucoup de crack et il pensait qu’elle modifiait ou trafiquait ses consommations, à un point tel qu’il a teinté sa consommation (avec différentes couleurs) pour la retrouver», a exposé Me Smith.

Son délire l’a mené à expulser la fugueuse de sa résidence le 15 décembre.  Il a conduit sa victime dans un rang pour lui poser des questions. Si elle répondait de façon erronée, il l’éloignait de quelques kilomètres de Drummondville. La fugueuse lui a tenu tête. Ainsi, Lajoie a débarqué de son véhicule, avant de la sortir de force, en la tirant par les cheveux pour finalement la jeter au sol. Après un échange d’insultes, Lajoie a versé une bouteille d’eau sur la tête de la mineure. Il a finalement été arrêté par les policiers le 19 décembre dernier. À ce moment, une perquisition de sa résidence a permis aux forces de l’ordre de découvrir de l’hydromorphone, du crack et de la cocaïne, du méthylphénidate (un psychostimulant) et de la psylocine (champignons magiques). Lajoie a aussi avoué avoir eu en sa possession un dérivé de cannabis.

Lajoie regrette

Rappelons que l’accusé avait plaidé coupable à plus d’une dizaine de chefs d’accusation, le 31 mai dernier, au Palais de justice de Drummondville. La Couronne et la défense ne s’entendaient pas sur la peine à imposer, de sorte que les deux partis ont plaidé leur cause devant le juge Conrad Chapdelaine, mercredi.

 Vêtu d’une chemise et d’un veston, en plus de s’être taillé la barbe et d’avoir coupé ses cheveux, Jonathan Lajoie, qui se distinguait par sa forte pilosité il y a quelques mois, était méconnaissable. Il a calmement raconté comment un échec en affaires et une importante somme perdue l’ont fait rechuter dans le monde de la drogue, après dix ans d’abstinence. Une année qu’il a qualifié « d’horrible ». L’homme a d’ailleurs reconnu qu’il dépensait entre 20 et 100 $ quotidiennement pour sa consommation de drogues.

«J’aimais beaucoup les deux personnes (victimes). C’est triste. Les circonstances de la vie m’ont mené à faire ça. Je regrette sincèrement tous les gestes», a-t-il exprimé.

Me Renaud Blanchette a quant à lui insisté sur les regrets son client et sur l’effet dissuasif de la détention préventive de ce dernier, avant de suggérer une peine d’emprisonnement de dix mois, jumelée à 240 heures de travaux communautaires. Il a par le fait même convenu que Lajoie était «victime de sa consommation».

«C’est quelqu’un d’extrêmement stressé en détention, a mis en relief l’avocat. En plus, au début des procédures judiciaires, il y avait des accusations d’agression sexuelle sur la jeune mineure qui n’ont pas été de l’avant. Cela a tout de même fait en sorte que ses conditions de détention ont été différentes. Ç’a été difficile pour lui, puisque pour ce genre d’accusations, les codétenus ne sont pas très amicaux.»

De son côté, la Couronne réclamait une peine de dix mois d’emprisonnement, en plus du temps passé en détention préventive. Me Smith a entre autres fait valoir que Lajoie n’a pas appris de ses erreurs, et ce, même si une dame est décédée d’une surdose sous ses yeux.

Comme facteur aggravant, le juge a finalement retenu la nature des drogues retrouvées en quantité importante chez Lajoie. Il a aussi rappelé la gravité de l’introduction par effraction et des gestes commis sur son ex-conjointe en plus d’insister sur le fait que l’individu a récidivé. Le magistrat a ensuite imposé une peine de 16 mois de détention au fautif. Puisque Lajoie est détenu depuis le 19 décembre, il lui reste sept mois et six jours à purger en prison. Il sera sous probation pour une durée de deux ans.

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