«La situation n’est pas exceptionnelle à Drummondville»

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Par Jean-Pierre Boisvert
«La situation n’est pas exceptionnelle à Drummondville»
La Ville interpelle notamment les propriétaires d’immeubles locatifs et sociaux ainsi que les gestionnaires et constructeurs d’habitations. (Photo : Ghyslain Bergeron)

LOGEMENTS. Le vieillissement de la population, une immigration forte et une ville en croissance sont les trois principales causes de ce qui est observé comme une crise du logement à Drummondville.

C’est du moins ce qu’identifie Mbea Bell, analyste de marché à la SCHL (Société canadienne d’hypothèques et de logement), appelé par L’Express à expliquer les statistiques qui démontrent clairement une rareté des logements.

«Il faut d’abord signaler que le phénomène est présent dans plusieurs autres centres urbains. La situation n’est pas exceptionnelle à Drummondville», tient-il à faire remarquer.

Les derniers chiffres publiés par la SCHL indiquent que le taux d’inoccupation à Drummondville est de 1,7 %, soit presque la moitié du seuil d’équilibre qui s’élève à 3 %. Dans certaines catégories comme les logements avec trois chambres à coucher, ce chiffre baisse jusqu’à 0,4 %. En plus de cette pénurie, le prix moyen de location d’un logement a bondi de 3,1 % entre 2017 et 2018, passant de 584 $ à 602 $ mensuellement.

Ce taux d’inoccupation de 1,7 %, selon M. Bell, est le plus bas observé en 20 ans dans la région de Drummond. «C’est vraiment bas. C’est ce qui arrive quand on constate le vieillissement de la population, une immigration forte et une croissance économique. D’autres villes vivent ça aussi, notamment à Granby et Saint-Hyacinthe où le taux est encore plus bas, à 1,4 %. Rien n’indique que la problématique va se régler toute seule, car les causes risquent de perdurer dans le temps. Pour contrebalancer ça, il faut plus de mises en chantier et une hausse des logements locatifs», a mis en perspective Mbea Bell, tout en reconnaissant que les solutions devront sans doute obtenir un coup de pouce du politique.

Côté politique

Le milieu politique est visé par des pressions qui sont exercées par des organismes comme le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui, depuis 40 ans, se porte à la défense des locataires. Tout récemment encore, le FRAPRU disait s’inquiéter que le «gouvernement caquiste ait présenté un des pires budgets en 20 ans pour le logement social».

«Un maigre 13,5 millions $ cette année pour la réalisation de logements coopératifs et sans but lucratif, alors que Québec a encaissé des surplus budgétaires de 5 milliards $ en 2018-2019, c’est une claque au visage pour les centaines de milliers de personnes et de familles qui n’arrivent pas à se loger décemment. Le ministre des Finances affirme que les priorités des Québécois sont au cœur de son budget, mais il semble ignorer les préoccupations des 244 120 ménages locataires ayant des besoins impérieux de logement», dénonce l’organisme sur son site internet.

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