«Je fais le même travail qu’un professionnel, je mérite un salaire»

«Je fais le même travail qu’un professionnel, je mérite un salaire»
Dominic Sauvageau, professeure au primaire, croit que les étudiants méritent un salaire lors de stage. (Photo : Erika Aubin)

GRÈVE. La semaine dernière, près de 50 000 étudiants du Québec ont pris part à une grève pour réclamer la rémunération de tous les stages. Même si les institutions scolaires de Drummondville n’ont pas participé à ce mouvement, plusieurs étudiants et professeurs se sont sentis interpellés par le sujet.

Le gouvernement du Québec a annoncé en 2017 que le stage final en enseignement serait désormais rémunéré. Par contre, la bataille est loin d’être gagnée pour de nombreux étudiants qui ne reçoivent encore aucune compensation lors de stages obligatoires dans le cadre de leur parcours scolaire.

Lucie Hamelin, directrice du programme de sages-femmes à l’Université du Québec à Trois-Rivières, mentionne que les étudiantes qu’elle côtoie ont participé au mouvement qui s’élève actuellement dans la province.

«Mes étudiantes sont en grève présentement. Elles ont un total de sept stages obligatoires à faire pendant leurs études. Lors de leur internat, le stage final, elles ont de grandes responsabilités même si elles sont accompagnées par des professionnels. Je crois qu’elles méritent au moins une compensation financière de type prêt et bourses», a expliqué Mme Hamelin au bout du fil. Cette dernière avoue encourager ses élèves à ne pas avoir d’emploi à temps partiel pendant leur stage, vu les horaires imprévisibles et la charge de travail trop élevée.

Les étudiants demandent la reconnaissance

Dominic Sauvageau se souvient du sentiment de fierté lorsqu’elle a appris que le stage final des futurs professeurs allait désormais être rémunéré, elle qui a terminé il y a un an ses études en enseignement préscolaire et primaire à l’Université Laval.

«Quand j’ai fait mon stage, nous n’avions aucune compensation financière et pourtant j’ai pris en charge une classe pendant plusieurs mois. C’est comme si mon travail n’était pas reconnu. Je faisais 32 heures d’enseignement en plus de devoir remettre des travaux à l’université et de travailler à temps partiel pour payer mes factures et ma session», raconte-t-elle. En effet, malgré un stage à temps plein, elle devait payer une session à l’université alors qu’elle n’avait pas de cours.

Celle qui est maintenant enseignante à Drummondville dit ne pas savoir comment elle a réussi à passer au travers. «J’enseignais à temps complet, je devais faire mes travaux et planifier mes classes. Puis, le week-end, je travaillais une quinzaine d’heures dans un restaurant et ça recommençait», s’est-elle souvenu.

Quant à Joëlle Sutton, une future psychoéducatrice drummondvilloise, elle effectue présentement un stage dans un CLSC. «J’ai des dossiers à moi et personne ne m’accompagne. Oui, j’ai une superviseure, mais je dois occuper une heure de son temps par semaine, tout au plus. Je fais le même travail qu’une psychoéducatrice, je mérite un salaire ou du moins, une compensation financière», a lancé l’étudiante à la maîtrise.

Pour se concentrer sur sa formation, Mme Sutton dit avoir réduit ses heures de travail. «J’ai un moins gros budget, c’est certain. Je dois faire des concessions sur des sorties qui me feraient du bien mentalement», a-t-elle conclu.

Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a assuré, en début de semaine dernière, qu’il était à l’écoute des préoccupations soulevées par les étudiants.

«Les étudiants sont un peu en train de défoncer des portes ouvertes en ce moment. Nous sommes au travail pour faire un état de la situation et ensuite mettre des choses sur la table, puis on discutera avec les associations étudiantes», a déclaré M. Roberge ce lundi à Radio-Canada.

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