S’allier pour affronter sa bête noire

S’allier pour affronter sa bête noire
Jeunes et moins jeunes se soutiennent pour vaincre leur dépendance. (Photo : (Photo :Desposiphoto))

ALCOOLISME. Vaincre sa dépendance en groupe, dans une ambiance chaleureuse marquée par l’amour, l’ouverture et la compréhension. Plusieurs auraient sans doute plus de difficulté à vaincre leur bête noire sans les rencontres des Alcooliques anonymes (AA).

L’Express s’est rendu à un rassemblement des AA ouvert au public à l’église Saint-Pie-X, à Drummondville, à titre d’observateur. Luc (nom fictif), un homme âgé de plus de 50 ans, attendait avec impatience la réunion avec une dizaine de participants de tout âge.

«Je revenais d’une journée de travail de 13h, je me retenais pour boire, ça me faisait mal, a confié Luc au début de la séance. J’essayais de me convaincre de boire et que je l’avais mérité. J’ai pensé au AA, j’ai résisté et je n’ai pas bu! Ce matin je me sentais bien. J’avais hâte à la rencontre pour vous le partager.»

Le principal intéressé a accepté d’expliquer l’impact de ce genre de séance dans sa vie. De son propre aveu, il a consommé de l’alcool et des drogues «de façon problématique» pendant une bonne partie de sa vie. Après un séjour derrière les barreaux, les réunions des AA l’aident à garder la tête hors de l’eau dans son combat quotidien.

«Je me sers des AA comme un lien d’appartenance, a précisé Luc. Avec alcoolique anonyme, j’ai rencontré des gens qui ont le même problème que moi. Je peux m’identifier à eux et je vois des gens qui ont fait un cheminement. […] Lorsque j’ai des obsessions de consommer, je pense aux membres que j’ai connus, ça me réconforte. Ça me donne le goût de partager avec eux, au lieu de me maganer.»

La force des rencontres

Il est d’avis que l’opportunité d’échanger sans se faire juger par son entourage représente une des grandes forces des rencontres des AA.

«On a tous le désir d’être heureux et de ne pas consommer, a-t-il rappelé. On ne sait que ce n’est pas évident à faire pour des gens qui ont la maladie de l’alcoolisme. Aussitôt qu’on y touche, ça nous donne l’obsession de continuer. On est capable de se comprendre.»

Bien que chaque histoire soit différente, Luc a insisté sur le bienfait des réunions. Il est parfois difficile pour certains de vaincre ses démons pour de bon en restant dans son coin.

«J’ai essayé de le faire seul, après quelque temps, je me bombais le torse et je retombais en rechute, a-t-il signalé. S’il y a des gens qui veulent entreprendre un programme d’abstinence et de le faire dans la joie, j’invite les personnes à magasiner les différents groupes qui s’offrent à eux. Ça va leur permettre d’aller chercher un réconfort.»

Jeunes et moins jeunes en profitent

Plusieurs participants ont fait savoir qu’ils pourraient difficilement se passer des AA. Les rassemblements en ont fait cheminer un grand nombre d’entre eux avec le temps. Lors du passage de L’Express, le 2 octobre dernier, une femme a indiqué qu’elle ne consomme pas depuis plus de 40 ans. Une nouvelle participante se réjouissait quant à elle de s’être abstenue de consommer de la drogue et de l’alcool, même si son entourage et sa mère en sont adeptes. Le choc des générations autour de la table est profitable; les jeunes y voient un exemple des défis qui les attendent et les plus âgés peuvent se rappeler du travail accompli depuis leur début.

«Je peux dire que je suis un ressuscité depuis l’année 2000, a convenu Luc. Je me suis rapproché de mes enfants et j’ai regarni mon portefeuille. Je suis dans une belle position. Lorsque je vois de nouveaux jeunes qui arrivent, je vois où m’ont mené les AA et ça m’empêche d’oublier d’où je viens.»

Les citoyens sont invités à participer à une rencontre informative organisée par les AA, le 10 octobre prochain à 19h, au Carrefour d’entraide Drummond situé au 255 rue Brock à Drummondville. L’objectif est de renseigner davantage la population au sujet de l’organisation.

 

Les Alcooliques anonymes

Le mouvement international «les Alcooliques anonymes (AA)» existe depuis 1935. Il a vu le jour à Akron en Ohio. Son objectif est de rassembler des gens de tout âge et de tous les milieux souhaitant combattre leur problème d’alcool. Le mouvement est apolitique et se finance de lui-même pour traverser le temps. Chaque semaine, plusieurs rassemblements sont présentés dans les différentes régions du Québec. Certaines séances se limitent aux membres, tandis que d’autres sont ouvertes au public qui peut se présenter comme étant un observateur.

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