Guerre au Nicaragua : une mère craint de perdre sa fille

Guerre au Nicaragua : une mère craint de perdre sa fille
Betty Blanchette. (Photo : (Photo: Betty Blanchette))

TÉMOIGNAGE. «Je ne veux pas voir ma fille découpée dans un sac de poubelle», lance la Drummondvilloise Betty Blanchette avant de fondre en larmes. La mère de Melanie Trepanier tente désespérément de la ramener au Québec depuis quelques semaines. Cette dernière est prise au piège au Nicaragua, un pays d’Amérique centrale en pleine crise politique depuis avril.

Melanie Trepanier, âgée de 28 ans, est au Nicaragua depuis trois ans. Elle a quitté le Québec avec son sac à dos pour partir à l’aventure. Melanie  «faisait du troc» pour subvenir à ses besoins, explique sa mère. Melanie devait quitter le pays après trois mois, avant de revenir au Nicaragua, en raison de son visa qui lui imposait cette contrainte, précise Betty Blanchette.

Selon ce que rapporte cette dernière, en janvier 2017, Melanie s’est mariée avec un Nicaraguayen. Elle a arrêté de sortir du pays, car elle croyait à tort, à ce moment, qu’elle n’avait plus besoin de suivre cette procédure pour respecter la loi. Son mari l’a trompée et le couple s’est séparé, au printemps dernier. L’homme a quitté le pays pour se diriger au Costa Rica, puisqu’une crise politique planait dans l’air en mars. Melanie voulait également quitter le Nicaragua, mais elle a finalement réalisé qu’elle était hors la loi. Elle doit donc payer une somme de près de 3000$ en contravention, sinon ce sera la prison.

La Drummondvilloise n’a pas cette somme et un séjour au pénitencier est hors de question. Betty Blanchette craint pour la sécurité de sa fille qui pourrait se faire violer ou assassiner en prison.

«C’est encore pire, car le pays a besoin d’argent. Il n’y a plus de touristes. Ce n’est pas comme au Québec, elle peut se faire agresser sexuellement et se faire tuer ensuite quand les autres criminels en auront fini avec elle. L’ambassade ne fait rien pour nous.

En gros, on nous a dit que c’était un problème financier et qu’à cause de ça, on devait s’arranger par nous-même», signale Betty Blanchette.

Elle se cache dans la jungle

Le président nicaraguayen s’accroche au pouvoir, malgré la colère des citoyens. Une réforme sociale est au cœur du conflit depuis avril. Ce qui a commencé avec des manifestations pacifiques a rapidement dégénéré en conflit armé en avril. TV5 Monde reprend les paroles du président en soulignant qu’Ortega n’hésite pas à «nettoyer» des quartiers habités par une population qui lui est hostile.

En mars dernier, Betty a visité sa fille, comme elle le fait deux fois annuellement depuis trois ans. Elle ne craignait pas encore pour la vie de sa fille. Or, depuis quelques semaines, la tension monte dans le pays et, pour ne pas se faire emprisonner, Melanie Trepanier se cache dans la jungle à l’est de Managua, la capitale du pays. La femme de 28 ans a combattu la maladie dans les dernières semaines. Il s’agirait probablement d’un parasite alimentaire.

Elle y sort que très rarement pour communiquer avec sa mère. Cette dernière parvient également à lui verser un peu d’argent avec des virements bancaires pour l’aider à subvenir à ses besoins et à payer les services d’un avocat.

«Elle ne voulait pas tout me dire au début pour ne pas me faire peur, confie Betty Blanchette. Ma fille est orgueilleuse et pour qu’elle me dise qu’elle a peur, ça veut dire qu’elle a besoin d’aide maintenant! La guerre a fait plus de 300 morts au Nicaragua jusqu’à maintenant.»

Melanie Trepanier, dès qu’elle aura payé sa contravention aux autorités, se dirigera vers le Costa Rica pour retourner au Québec en avion.  Sa mère évalue les coûts pour la ramener dans la Belle Province à 6000$, en incluant les frais de l’avocat.

En arrêt de travail depuis plus d’un an, en raison d’une commotion cérébrale, Betty Blanchette n’a pas les moyens pour payer ces frais. Elle confie être grandement endettée, ce qui complique sa tâche.

Betty Blanchette a amassé plus de 1400$ en trois jours, en don du public, sur la page GoFundMe. L’objectif est d’amasser 3000$. Les gens peuvent donner une somme d’argent, en consultant la page en question : https://www.gofundme.com/please-help-me-out-of-nicaragua .

Une situation délicate

Betty Blanchette concède qu’elle est dans une situation délicate sur le plan financier. Après la récente acquisition d’une nouvelle résidence, Betty et son conjoint sont grandement endettés. La mère de Melanie Trepanier peinait à contenir ses émotions en parlant de la situation de sa fille.

«Il faut qu’elle sorte de là, le plus tôt est le mieux, insiste Betty Blanchette. Sinon, on va la retrouver morte dans un sac noir, je te le jure! Si elle se fait emprisonner, elle va se faire tuer. Elle doit peser 80 lbs. les cheveux mouillés.»

Depuis deux semaines, Melanie se cache dans la jungle. Elle a essayé, sans succès, de se rendre à Managua pour obtenir de l’aide de la Croix-Rouge. La guerre l’en empêchait.

«Au début, je me suis dit que j’irais la chercher moi-même, relate Betty Blanchette. Mais ma fille m’a tout de suite dit de ne pas faire ça, je risquerais de me faire tirer et de mourir.»

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