Serge Dumont : un gentil géant

Serge Dumont : un gentil géant
Serge Dumont et le journaliste Ghyslain Bergeron

Les plus vieux se souviendront de la Lutte Grand-Prix au Centre Civique avec les Ferré, Rougeau, Poisson, Leduc et plusieurs autres. Parmi eux, Serge Dumont, un lutteur drummondvillois qui a laissé sa trace dans la lutte québécoise.

Serge Dumont est né il y a 70 ans exactement. Le colosse de près de deux mètres a habité Drummondville pendant 50 ans. Il a fait ses études à l’école de son quartier et à Jean-Raimbault. Il a ensuite terminé sa 11e année commerciale avant de commencer à travailler à la Dominion Dyeing de Drummondville alors qu’il avait 17 ans.

«Je travaillais à l’usine, mais on m’a offert un emploi de portier au Ritz. Dans les premières semaines, je pouvais sortir 7-8 gars par soir, mais en l’espace de trois mois, j’ai pu me faire respecter et la paix est revenue dans le bar. J’ai aussi roulé ma bosse, entre autres, au Cocotier de Drummondville, Chez Marcel à Daveluyville et au St-Jacob de Richmond», a commenté M. Dumont.

Par la suite, vers 26 ans, il a été repêché dans le circuit sportif de la Lutte Grand-Prix. Son premier match a été disputé sur le tapis de l’arène du Centre Civique de la rue Cockburn, face à Sailor White. «Écoute, l’aréna était plein à craquer. Je connaissais tellement de monde et en plus, la lutte était populaire à cette époque. Je suis entré dans le ring face à White, un gars de plus de 300 livres. J’étais intimidé, mais le combat c’est bien déroulé. J’ai gagné mon premier combat devant une foule conquise d’avance. Quel beau souvenir», a expliqué l’ex-lutteur dont la marque de commerce était son entrée sur le ring en sautant par-dessus la troisième corde.

Dans une foulée de 40 victoires de suite, Dumont a disputé un premier combat de championnat face à un Américain, à Verdun.

«Don Leo Jonathan était un solide gaillard. Dans un match physique, j’ai cloué les épaules de mon adversaire au tapis et j’ai mis la main sur mon premier titre en carrière. Ma deuxième ceinture a été gagnée contre Jacques Rougeau père. J’ai aussi été champion par équipe avec Gilles «le fish» Poisson. Je me suis battu contre le Géant Ferré à six reprises, mais je n’ai jamais pu le vaincre», a ajouté M. Dumont en remuant plusieurs bons souvenirs dans sa tête.

Au travers ces années, le septuagénaire a voyagé souvent aux États-Unis et au Japon. Au pays du Soleil-Levant, Dumont luttait masqué. «La lutte au Japon c’était tellement populaire. On était des vedettes, on se faisait poser avec les gens. Je garde de très bons souvenirs de cette époque et j’ai encore quelques contacts avec des gars», a ajouté Serge Dumont qui a aussi côtoyé Édouard Carpentier, «La Bottine» Tyler et «Mad Dog» Lefebvre. Les deux derniers sont décédés il y a plus de 30 ans lors d’un accident de voiture dans le Parc des Laurentides. L’arbitre Adrien Desbois les accompagnait, il a aussi succombé à ses blessures.

Tout en luttant, Dumont travaillait pour une compagnie de sécurité. Après trois ans, il crée Sécurité Kolossal en 1980. «J’ai commencé avec rien. Lentement, la crédibilité de mon agence a été reconnue. Dans les meilleures années, après avoir acheté des compétiteurs, je faisais travailler 4200 personnes. C’est énorme quand on y pense», a expliqué le retraité.

Il y a sept ans, un beau matin de décembre, il a décidé de tout vendre.

«J’avais déjà reçu une offre d’achat auparavant, mais je n’étais pas prêt. J’ai perdu deux contrats et ça m’a sonné une cloche. Est-ce que ça me tentait de me lancer dans des recherches de clients, à 63 ans? J’ai rappelé le gars qui m’avait sollicité et on s’est rencontré un 24 décembre. Je n’avais pas de temps à perdre et tout a été rapidement conclu. J’ai vendu à Garda pour 6,95 millions $», a expliqué M. Dumont qui ne regrette pas d’avoir choisi la retraite.

Après avoir trimé dur toute sa vie, il profite maintenant de sa retraite et il vit à Saint-Sulpice en compagnie de sa conjointe où il adore recevoir ses petits-enfants. Il passe les hivers en Floride où il peut s’adonner à la pêche et naviguer à bord de son bateau.

Quelques anecdotes

– Il était le garde du corps de Nathalie Simard lors de plusieurs de ses sorties publiques alors qu’elle n’était qu’une enfant.

– Il a reçu un album photos rempli de souvenirs de lutte de sa designer d’intérieur qui voulait lui faire un cadeau.

– M. Dumont a joué aux côtés de Gilles Latulippe dans un film réalisé en 1975 par Denis Héroux, Pousse mais pousse égal.

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