Jean-Luc Blanchette, le curé 2.0

Jean-Luc Blanchette, le curé 2.0
Jean-Luc Blanchette

Parler de Dieu avec un jeune curé de 43 ans comme Jean-Luc Blanchette, c’est beaucoup moins compliqué qu’à l’époque du petit catéchisme. Le nouveau curé de la paroisse Saint-François d’Assise est de la nouvelle génération, celle de 2.0 comme on dit d’une nouvelle technologie.

Son intronisation aura lieu ce dimanche à la messe de 10 heures, à la Basilique Saint-Frédéric.

Assis sur un banc dans le parc Saint-Frédéric en face de l’église, tôt jeudi matin, Jean-Luc Blanchette, en conversation avec L’Express, reconnaît que c’était loin d’être à la mode de devenir prêtre en l’an 2000. «Ce qui m’a interpelé, il y a 17 ans, c’est bien sûr ma relation avec Dieu, mais aussi la proximité avec les gens. D’être près de leurs joies, de leurs peines, de leur faire prendre conscience de la dignité qui est présente malgré les difficultés. Je vois des gens affectés par un deuil ou par une perte d’emploi et j’ai le goût de leur dire qu’il y a des zones d’espérance et qu’ils sont capables d’avoir accès à ça», confie-t-il.

Aux yeux du jeune prêtre, Jésus c’est d’abord quelqu’un. «C’est Jésus qui est toujours là. À côté de moi. Je me fie sur lui. Je peux tout lui dire. J’essaie aussi de le voir dans les autres. Enfant, je me rappelle avoir été impressionné par le mouvement des vagues sur le bord de la mer. J’aimais cette régularité, cette constance. Dieu a cette même régularité. Il est constant. Il y a tellement de belles grandes choses dans le cœur des êtres humains qu’il ne peut pas ne pas exister».

Le nouveau curé de la paroisse Saint-François d’Assise est conscient de l’ampleur du défi. «C’est la première fois que j’aurai plus qu’un lieu de culte. En fait, j’en aurai cinq : Immaculée-Conception, Saint-Majorique, Sainte-Thérèse, Saint-Charles et Saint-Frédéric. Je ne pensais jamais me retrouver avec la deuxième plus grande paroisse du diocèse, la plus grande étant celle de Victoriaville où le curé est David Vincent qui a 40 ans. L’évêque a montré de l’audace en procédant à nos nominations. C’est un gros virage. Mais il veut je crois préparer l’avenir, sachant que nous serons là pour longtemps. En même temps, je dois dire que je ne suis pas seul. Il y a toute une équipe autour de moi. Il y a deux autres prêtres, quatre agents de pastorale, quatre diacres, les marguillers et autres. C’est un gros bateau. Mais je prendrai ça une journée à la fois. Je vais me donner six mois pour prendre le temps d’atterrir et voir comment ça marche. Après, j’arriverai avec ma couleur. Je me dis que, de toutes façons, le Seigneur était là avant moi…».

Jean-Luc Blanchette est d’avis que ça va prendre des laïcs pour aider à l’animation des temps de prière par exemple. «Des messes, il n’y en a pas autant qu’avant, mais, même si la formule change, dit-il, les valeurs restent les mêmes. Après tout, ça fait 2000 ans que ça run cette affaire-là…»

Le religieux est allé en terre sainte cet été. «J’y suis allé comme accompagnateur de groupe pour la troisième fois. On fait toujours une croisière sur le lac de Tibériade (nord-est d’Israël). On arrête le bateau au milieu du lac et on se donne un moment de silence. Le lac a baissé d’un mètre depuis 2000 ans, mais pour le reste, avec les montagnes, on pose le même regard que Jésus. Et quand je reviens ici, je pose le même regard sur ce monde qui est le mien. Quand tu reviens de là, la bible tu ne la lis plus de la même manière. Tu reviens avec du concret. Tu réalises que Jésus-Christ a vraiment existé, qu’il a été condamné à la crucifixion. Après ça, on a la liberté de croire qu’il est le fils de Dieu, mais son message est quand même vrai: aimer les autres comme on s’aime soi-même. C’est un programme pour toute une vie. Et la vie qu’il nous propose est plus forte que la mort».

Partager cet article