«Aujourd’hui, je peux dire que cet événement s’est avéré un mal pour un bien»

«Aujourd’hui, je peux dire que cet événement s’est avéré un mal pour un bien»
(Photo Ghyslain Bergeron, archives)

HISTOIRE. Il y a cinq ans, le ciel, si l’on peut dire ainsi, est tombé sur la tête de la Corporation de développement communautaire Drummond (CDC). De forts vents ont arraché une partie du toit de l’édifice de la rue Brock, une «aventure» évaluée à plus de 900 000 $.

Le 8 septembre 2012, vers 17 h, Sylvain St-Onge est bien assis chez lui, prêt à regarder la télé quand il reçoit un appel de la centrale de sécurité. On l’avise que le système d’alarme du bâtiment est en fonction et que les pompiers sont en route.

«Quand je me dirige vers la CDC pour ce genre d’appel, je regarde toujours dans le ciel au cas où je verrais de la fumée. J’étais soulagé de ne rien voir. Mais quand je suis arrivé, la rue Brock était déjà barrée et la première affaire que j’ai vue, c’est l’un des deux pins arraché et couché sur les fils électriques. Il y avait aussi des morceaux de la membrane du toit et surtout, le puits de lumière qui avait atterri dans un arbre. C’est quand j’ai vu tous les débris au sol que j’ai commencé à réaliser ce qui venait de se passer», raconte M. St-Onge, directeur général de l’organisme.

Dans les faits, le toit de la partie sud du bâtiment avait été soulevé par les forts vents et déplacé de quelques mètres, envoyant dans les airs des matériaux de bois, de métal, de brique et tout ce qui pouvait se trouver dans la trajectoire du puissant souffle. Des débris ont été retrouvés jusque sur le terrain de l’église anglicane de la rue Heriot.

Rapidement, plusieurs administrateurs, dont Robert Pelletier qui a été d’un appui inestimable selon M. St-Onge, sont accourus sur place. «Nous étions sur le perron de Bleu Citron, face à la CDC, à constater l’ampleur du sinistre. Un gentil bénévole est venu nous dire de sortir du périmètre, mais il a frappé un mur. Je lui ai fait comprendre que c’était ma bâtisse et que j’étais là pour rester», a raconté le directeur général avec une pointe d’humour.

Miraculeusement, personne n’a été blessé. Quelques voitures ont été abîmées, des bâtiments adjacents touchés, mais rien de plus. «Il y avait quatre personnes ici quand c’est arrivé. Des musiciens venaient tout juste d’entrer dans la CDC justement en raison du vent qui devenait trop fort, et un employé du Café net. De l’autre côté de la rue, les clients du bar Ô St-Fred s’étaient aussi mis à l’abri. C’est pour ça qu’il n’y a pas eu de victimes», estime Sylvain St-Onge.

Le lendemain matin, le conseil d’administration a tenu une réunion d’urgence sur le balcon de la CDC afin d’intervenir le plus vite possible. «On s’est tous mis sur le téléphone pour pouvoir déménager temporairement les organismes qui étaient sous notre toit. C’est incroyable de voir l’entraide qui existe à Drummondville. On a reçu plusieurs appels de gens qui étaient prêts à accueillir nos sinistrés. À première vue, j’avais évalué la durée des travaux de réparation à trois semaines… Ça aura finalement duré entre 9 et 11 mois. Quelle aventure!», ajoute M. St-Onge.

La moitié du bâtiment a pu être occupée pendant les travaux, mais la direction s’est retrouvée dans un espace clos.

«Je te jure qu’on l’a pas eu facile. Nous étions trois, presque nez à nez, dans un endroit qui sert habituellement de débarcadère. On avait isolé la place comme on pouvait et quand le système de chauffage s’activait, ça faisait un bruit d’enfer. On portait toujours une petite laine, mais on s’en est sorti,», a raconté le DG, maintenant bien installé dans son bureau.

Et de poursuivre : «plus de 50 % de l’édifice a dû être refait, en passant par la réparation du toit lui-même qui avait été arraché aux deux tiers, des plafonds, des murs et d’une bonne partie des planchers. Et ce, après un important travail d’assèchement et de nettoyage. Et il y a eu l’amiante. Il fallait bien s’occuper de ça. Là sont arrivés les astronautes. Ils ont tout désinfecté au peroxyde d’argent… l’argent c’était pour la facture croyez-moi. Après un certain temps, on m’a demandé si j’avais commencé à bien dormir. Je répondais que je dormais comme un bébé : je me réveille toutes les deux heures pis je braille!», raconte-t-il en riant.

Appui

À travers cette épreuve, le directeur général a pu compter sur l’appui de la population. Sous la présidence d’Alexandre Cusson, une campagne de financement a rapporté un peu plus de 200 000 $ à la CDC, ce qui a permis à l’organisme d’éviter de piger dans ses économies réalisées avec les années. «Ç’a été une façon bien particulière de rénover! On avait déjà fait des travaux sur les balcons du côté nord et le remplacement des fenêtres devait se faire quelques semaines plus tard. On en a donc profité pour faire plusieurs petites choses en plus, mais en payant de notre poche. Dans notre malchance, on a quand même été très chanceux, car plusieurs clauses ont été à notre avantage avec notre assureur, ce qui nous a permis d’économiser beaucoup. De plus, les entrepreneurs qui ont soumissionné sur le projet étaient tous très consciencieux, ce qui a fait baisser la facture de beaucoup. Aujourd’hui, je peux dire que cet événement s’est avéré un mal pour un bien», précise M. St-Onge.

Soixante mois plus tard, la CDC accueille 14 locataires dans son édifice du 255 rue Brock et quelques locaux sont à louer. «On fait une bonne gestion de nos avoirs, on ne gaspille pas. Nous n’avons pas fêté le 25e anniversaire de la corporation par souci d’économie et de logique, mais maintenant que tout est terminé, on a récompensé les intervenants en juin dernier lors du 30e anniversaire», a conclu M. St-Onge.

Quelques anecdotes

–  Un sapin de Noël a été fabriqué avec des matériaux de construction qui ont servi à la rénovation.

–  Pour remercier Robert Pelletier de son appui, M. St-Onge lui a remis une brique commémorative.

–  Un fonctionnaire a reconnu M. St-Onge au téléphone en raison de la large couverture médiatique du sinistre.

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