Le parcours exceptionnel d’Alexandre Debs

Le parcours exceptionnel d’Alexandre Debs
Alexandre Debs.

Comment un Drummondvillois peut-il devenir un spécialiste réputé de la question nucléaire?

C’est pourtant le parcours exceptionnel suivi par Alexandre Debs, aujourd’hui professeur agrégé au département de science politique de l’Université Yale, au Connecticut, qui a publié plus tôt cette année le livre «Nuclear Politics: The Strategic Causes of Proliferation» avec le co-auteur Nuno Monteiro.

Dans ce bouquin, l’ex-étudiant du Collège Saint-Bernard, fils du docteur Chaouki Debs décédé l’an dernier à Drummondville, explique comment et pourquoi augmentent les risques de conflits nucléaires, un sujet qui est devenu brûlant d’actualité avec les récentes tensions entre le président des États-Unis Donald Trump et la Corée du Nord.

Père de deux enfants, marié à une Américaine du midwest, qui dirige le programme d’éducation à Yale, Alexandre Debs a fait paraître plusieurs publications dans des revues spécialisées, il organise des conférences et certains médias font appel à ses services à titre de commentateur, comme l’a fait cet été le journal La Presse.

«Comment j’en suis venu là? Je dois dire d’abord que mon père, qui avait une bonne bibliothèque, lisait beaucoup sur la politique internationale et j’ai hérité de son intérêt. Mes parents m’ont poussé à aller le plus loin possible dans mes études et j’ai suivi un chemin tortueux depuis», raconte celui qui a obtenu un baccalauréat en économie et en mathématiques à l’Université de Montréal, avant d’aller chercher une maîtrise en histoire sociale et économique à Oxford, en Angleterre, suivi d’un doctorat en économie au MIT, aux États-Unis.

«Au Collège Saint-Bernard, mon coach de Génies en herbe, Alexandre Cusson, m’a beaucoup encouragé tout comme l’ont fait plusieurs de mes professeurs. Plus tard, c’est le directeur de ma thèse, Daron Acemoglu, professeur d’économie, qui m’a servi les meilleurs encouragements. J’ai concentré mes études sur la prolifération des armes nucléaires durant sept ans avant d’en arriver à écrire ce livre en compagnie de mon co-auteur Nuno Monteiro».

La peur diminue les risques d’un conflit nucléaire

Aux yeux du professeur Debs, la possession de l’arme nucléaire, bien qu’inquiétante en soi, a joué en faveur d’un équilibre depuis la seule fois où elle a été utilisée en 1945 au Japon, contribuant à limiter la guerre froide à ce qu’elle fut en réalité.

«La question du nucléaire est un sujet lourd qui est rempli de paradoxes. C’est bien sûr l’arme la plus puissante. Les gens qui l’étudient soulignent qu’elle a révolutionné les relations internationales. Elle n’a pas été utilisée sur un champ de bataille depuis 70 ans. On s’inquiète pour l’impact que ça peut avoir, mais, en bout de ligne, heureusement ces événements n’arrivent pas.

«On ne pourra pas apprendre puisque ça n’arrivera qu’une fois. Albert Einstein, qui s’était fait demander: quelles armes seront utilisées pour la 3e guerre mondiale?, avait répondu que "pour la 3e guerre je ne le sais pas, mais pour la 4e, ce sera avec des bâtons et des roches…

«On voit que les pays les plus puissants prennent des mesures pour éviter ces catastrophes. Il faut se souvenir que le président Nixon, qui en avait assez du Vietnam, avait demandé aux alliés d’en faire plus pour leur défense et la Corée du Sud avait alors commencé à préparer son armement nucléaire. Finalement, il avait dit que les États-Unis ne voulaient pas vraiment que la Corée du Sud ait l’arme atomique, parce que cela allait ajouter à l’incertitude. Nixon et ses conseillers militaires avaient réalisé qu’en fin de compte ils ne savaient comment ces alliés pourraient réagir. Les Américains ont préféré fournir une garantie de sécurité avec entre autres la présence de troupes.

«On s’attend que le pays plus faible fasse de grosses menaces, comme le fait la Corée du Nord, montrant qu’elle n’a pas peur de se battre. Le Pakistan agit de la même façon face à l’Inde. Ce qui est inattendu : c’est que les États-Unis y vont aussi de leurs menaces. L’attitude de Donald Trump, en ce sens, ajoute à l’incertitude. Mais tout ça demeure hautement spéculatif», de relater M. Debs.

Neuf pays possèdent l’arme nucléaire

États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord.

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