Semer la paix

Semer la paix
Les moines tibétains étaient de passage à Drummondville au début du mois de mai

TESTÉ POUR VOUS. Les moines bouddhistes tibétains du monastère Ganden Jangtsé, dans le nord de l’Inde, n’ont rien de musiciens populaires, mais ont tout de même entamé une tournée de méditation et de conférences à travers le Québec. Ils sèment un peu de paix en échange de fonds pour que leurs confrères puissent continuer leurs activités, et sont passés par Drummondville.

Une odeur d’encens flottait dans l’air et il faisait assez chaud dans la salle du studio Pur Yoga de la rue Lindsay lorsque je me suis assise, un peu en retrait. Il faut dire que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais les toges orangées des moines m’ont impressionnée dès le premier coup d’oeil (pour une raison qui m’échappe encore, d’ailleurs).

Ils sont quatre. Trois d’entre eux arrivent d’Inde et le quatrième, Lama Samten, vit à Québec depuis 1998. Ils viennent partager la philosophie bouddhiste aux Québécois afin d’amasser des fonds pour que leurs 2000 confrères, qui ont été chassés du Tibet et se sont réfugiés en Inde depuis quelques années, puissent continuer leurs activités au monastère Ganden Jangtsé.

Pour le propriétaire du studio Pur Yoga, Martin Côté, la méditation et le yoga marchent main dans la main. «Ce sont deux disciplines connexes, qui ont le même objectif. Et la réponse de la communauté a été immédiate : en une semaine, mon événement Facebook était remplie à pleine capacité, et nous avons créé une supplémentaire le lendemain. C’est très positif !»

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Sama Lamten a expliqué un peu à la cinquantaine de personnes présentes, avec son accent tibétain à couper au couteau,  sa perception du bien-être. «Les gens ont une belle voiture, un bon travail, une belle maison, un beau conjoint, mais ils ne sont pas contents. Mais qu’est-ce que qu’on va faire avec ça?, rigole Lama Samten sous les rires francs des participants. La vie, c’est le moment présent. C’est tout.»

C’est vrai que c’est simple, au fond.

Le moine a comparé la méditation au fait d’accorder une guitare. «Ce n’est pas facile de trouver l’équilibre et d’avoir la bonne note. Il faut balancer entre la fermeté et l’agitation.»

C’est après que le chant de la paix a commencé. Difficile de décrire ce qu’on ressent au rythme de ce chant de gorge puissant, bouleversant. Plus on relaxe les muscles, que la respiration est profonde et que l’état méditatif est prononcé, plus la musique des moines vient chercher quelque chose au fond de l’être. C’est une énergie incroyable, un sentiment de force et de sérénité qui se répand dans chaque cellule, dans chaque recoin du corps. Toute notion du temps s’évapore. C’est de la bonté pure qui se dégage de ces chants, à en donner la chair de poule.

Je me suis toujours considérée aussi spirituelle qu’une patte de chaise, mais cette expérience m’a fait un bien fou. Ça m’a permis de faire le vide, de lâcher prise. Dans un monde qui ne cesse d’accélérer, on doit apprendre à ralentir.

De sa voix douce, Lama Samten a ramené les esprits les deux pieds sur terre. «Nous sommes les responsables de notre vie. Notre meilleur et notre pire guide, c’est nous-mêmes. Vivre est un grand privilège, et il n’y a aucun problème qui n’a pas de solution.»

Partager cet article