Pédaler 4000 km dans les Andes, pourquoi pas ?

Pédaler 4000 km dans les Andes, pourquoi pas ?

VOYAGE. Traverser les Andes péruviennes armés d’un vélo et de beaucoup de volonté : c’est le pari un peu fou qu’ont relevé Pierre-Alexandre Doyon et Claire Valade, deux Drummondvillois dans la jeune vingtaine passionnés d’aventure et  de liberté. 

Après 4000 km de vélo dans la plus haute chaîne de montagnes d’Amérique du Sud, quatre mois d’autonomie complète, trois pays et d’innombrables épreuves, ce sont des Pierre-Alexandre Doyon et Claire Valade souriants qui se sont présentés au café Morgane pour discuter de leur expérience.

En mai 2016, après une courte réflexion, le duo a décidé de partir en Amérique du Sud sur une selle de vélo plutôt qu’assis sur un banc d’autobus. «On voulait un truc qui bouge, et c’est de là qu’est venue l’idée d’un voyage de vélo. C’est un moyen de voyager pas cher, longtemps et loin. Nous avons ensuite ciblé les trois pays où le coût de la vie est le moins cher, soit le Pérou, la Bolivie et l’Équateur. Ça a été simple : c’est beau, ce n’est pas trop cher, on y va !», s’exclame Pierre-Alexandre Doyon en prenant une gorgée de café.

Entre le moment où ils ont pris la décision de partir et le jour du départ, ils ont pris des cours de réparation de vélo, se sont procurés de l’équipement et l’ont testé, ont travaillé à temps plein et se sont entraînés en vue de ce premier voyage à vélo.

C’est en janvier 2016 que les tourtereaux montent dans l’avion qui les mènera vers la capitale de la Bolivie. Sauf que les Andes leur réservaient un changement de plan radical dès le premier jour. «On a rencontré d’autres cyclistes en arrivant en Bolivie et ils nous ont appris que nous ne pouvions pas passer par la côte, qui n’a pas vraiment de dénivelé, et que nous devions plutôt passer par les montagnes. Nous avons eu 14 km de montée uniquement pour sortir de La Paz», s’est remémoré Claire Valade avec un petit rire, en spécifiant qu’ils ne s’étaient pas entraînés pour pédaler au milieu de la Cordillère des Andes. «Ça a élevé le niveau de difficulté de beaucoup.»

Un parcours pas toujours facile 

Et Pierre-Alexandre Doyon et Claire Valade en ont traversé, des épreuves. Ils en ont connu, des montées intenses de plusieurs dizaines de kilomètres et des descentes à 60 km/h, du surentraînement, les freins du vélo qui fondent, des jours de pluie, du froid, de la chaleur…

Ils ont même raconté une fois où la montagne était si abrupte qu’il était pratiquement impossible de s’arrêter sur le bord de la route sans reculer. «Pendant trois ou quatre heures, la seule chose que nous pouvions faire, c’était se dire : pousse à droite, pousse à gauche, encore à droite…», expose Pierre-Alexandre Doyon. En arrivant au sommet, il s’est simplement écroulé sur le bord de la route. «Il s’arrête, il descend de son vélo, il vomit, se couche sur l’accotement et s’endort. Juste comme ça. Pendant un bon cinq minutes», s’est rappelée Claire Valade avec un petit rire encore un peu teinté de panique.

C’est donc à une altitude qui oscillait entre 4000 et 1500 m que les deux aventuriers ont pédalé tant bien que mal à travers le Pérou : ils sont passés autant par le fameux Machu Picchu que par d’innombrables petits villages traditionnels dans les montagnes.

Pour eux, le contact humain a été incroyable et ils en sont sortis grandis. «Là-bas, les gens vivent encore très simplement. Ils ont des brebis, des vaches, sept ou huit enfants et font encore cuire leur nourriture dans des fours à eucalyptus. C’est impressionnant de voir à quel point ils vivent avec rien, et qu’ils sont parfaitement heureux !», détaille Claire Valade en jetant un regard épanoui à Pierre-Alexandre.

«Nous avons tout : laveuse, sécheuse, lave-vaisselle, de l’argent, trois ou quatre voitures par maison… Mais les gens sont stressés, et en deviennent malades. C’est fou. C’est correct de l’avoir, mais il faut être conscient du luxe que nous avons», conclut le jeune homme.

Ils sont revenus au pays de Quito, la capitale de l’Équateur, environ quatre mois après avoir entamé leur aventure hors du commun.

Malgré tout, songent-ils à refaire une voyage du genre ? «Évidemment. Nous avons adoré ça.»

Le duo donnera même une conférence au centre communautaire Saint-Pierre pour parler de leur expérience aux passionnés de voyage, le 29 mars prochain.

 

Partager cet article