Un masque pour la Classique hivernale

Un masque pour la Classique hivernale
Stéphane Bergeron compte plusieurs masques de toutes les époques à sa collection personnelle

HOCKEY. Peu de gens peuvent se targuer de voir leur travail être vu par plusieurs millions de personnes. C’est pourtant le cas d’un artiste originaire de Drummondville et résidant à Bécancour qui est derrière la conception de nombreux masques de gardiens de la LNH.

Stéphane Bergeron, de Griff Airbrush ou Griffe Originale, a d’ailleurs réalisé l’une des pièces de résistance de la prochaine Classique hivernale, qui est généralement le match le plus regardé de l’année aux États-Unis. Il a peint un masque spécialement conçu pour Corey Crawford, l’un de ses clients de longue date.

À moins d’un revirement de situation, le Montréalais devrait le porter pour la rencontre extérieure qui opposera les Blackhawks de Chicago aux Blues de Saint-Louis, le 2 janvier prochain, au Bush Stadium.

On dit «devrait» puisqu’au moment d’écrire ces lignes, le gardien recommençait à s’entraîner après s’être remis d’une opération à la suite d’une appendicite. Il serait toutefois surprenant que son absence se prolonge puisque son état de santé semblait s’être amélioré.

On se souviendra également d’un masque qu’il n’avait pas pu porter lors de la Série des stades, en 2014, parce qu’il se l’était fait voler. Le malfaiteur lui avait finalement retourné quelques mois plus tard, mais il ne l’a jamais remis pour un match de la LNH.

Le concept que désirait le gardien québécois cette fois-ci a été plutôt simple à réaliser, étant donné qu’il y avait peu de détails. Il s’agit d’un masque d’une autre époque, un peu sali et écorché par la vie, qui est peint par-dessus celui qu’il porte habituellement et que les partisans américains appellent le «Black Mask».

«Il n’y a pas trop de détails, parce que Corey aime ça qu’ils soient vus par les amateurs. Il n’y a donc pas trop d’éléments qui vont se mélanger et ça fait un beau masque qu’on va bien voir de loin», explique le concepteur.

Celui-ci ne s’en fait jamais avec la réaction du public par rapport à son œuvre. «J’ai déjà fait des masques que j’aurais faits différemment, mais, ma priorité, c’est que le client soit satisfait, continue-t-il. Si le gardien a une vision, il faut garder le focus sur ce qu’il veut.»

Stéphane Bergeron a conçu une douzaine de masques pour Corey Crawford depuis ses débuts dans la LHJMQ. «Ça fait une dizaine d’années que l’on travaille ensemble. On se connaît très bien. Il m’amène une première idée. Je lui fais un croquis. On brainstorme et on finit toujours par s’entendre. Souvent, je lui propose des choses qu’il n’avait pas pensé lui-même.»

Il conserve d’ailleurs précieusement dans son atelier un masque que le cerbère des Hawks aurait dû porter lors de la conquête de la Coupe Stanley de 2013 et que l’on peut voir sur la photo ci-contre.

«Il commande toujours ses masques à l’approche des séries. Quand il a reçu celui-là et qu’il l’a mis sur sa tête, il n’aimait pas la sensation. C’est que celui que j’avais reçu de CCM avait un seizième de pouce de trop de chaque côté. J’ai refait un autre masque avec la même peinture. Au lieu de la charger, j’ai gardé celui-ci en échange», raconte Stéphane Bergeron.

L’artiste compte d’ailleurs plusieurs répliques de masques célèbres dans sa collection, dont celui de Murray Bannerman qu’il arbore sur sa tête sur la photo. Il s’agit d’un ancien des Black Hawks qui était l’un des premiers à avoir un design élaboré au début des années 1980.

Plusieurs gros noms

Stéphane Bergeron a travaillé avec plusieurs professionnels au fil des ans, dont Marc-André Fleury depuis son stage dans la LHJMQ. Le Sorelois est l’un de ses clients les plus assidus. Il a en effet changé de design souvent dans sa carrière, en plus de participer à plusieurs matchs spéciaux. Depuis deux ans, il a même un masque pour les couleurs à domicile et un autre pour celles à l’étranger.

«C’est un tripeux. Il aime ça prendre part au design. Marc-André est fier de ses masques. Il les conserve tous. Il veut que son masque soit à son goût et il tient à ce qu’il représente vraiment l’équipe», observe le concepteur qui a développé une belle chimie avec les responsables de l’équipement des Penguins.

Plusieurs des masques faits par le Bécancourois ont été portés lors des conquêtes de la Coupe Stanley, ce qui, dit-il, l’a aidé à se faire connaître. En plus de Crawford et Fleury, il a réalisé ceux de Cam Ward qui a gravé son nom sur le précieux trophée, avec les Hurricanes de la Caroline, en 2006, et de Matt Murray, qui l’a soulevé avec les Penguins de Pittsburgh, le printemps dernier.

C’est aussi lui qui avait fait un masque bien connu des amateurs du Canadien, soit celui Cristobal Huet lors de son passage à Montréal, de 2005 à 2008, et ceux qu’il a enfilés par la suite dans la LNH et en Europe.

D’autres gardiens comme Roberto Luongo, avec les Panthers de la Floride, Patrick Lalime, avec les Penguins de Pittsburgh, Tom Barrasso, avec les Sénateurs d’Ottawa, Andrew Raycroft, avec les Bruins de Boston, et Ilya Brizgalov, avec le Wild du Minnesota, les Oilers d’Edmonton et les Flyers de Philadelphie ont porté les masques faits par Stéphane Bergeron.

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