La fin d’une ère, le commencement d’une autre

La fin d’une ère, le commencement d’une autre
Congédié par les Voltigeurs

HOCKEY. L’année 2016 aura été particulièrement mouvementée chez les Voltigeurs de Drummondville. À l’aube de son 35e anniversaire, l’organisation a tourné une importante page de son histoire pour en écrire une nouvelle. L’objectif derrière ce grand chambardement est clair : reconquérir la fameuse coupe du Président.

Durant les premiers mois de l’année 2016, les temps sont durs chez les Voltigeurs, qui traversent une deuxième saison de misère consécutive. Fraîchement nommé entraîneur-chef par intérim de l’équipe, Jean-François Grégoire doit notamment composer avec l’absence du capitaine Joey Ratelle, victime d’une sérieuse blessure à une cheville.

À mesure que la saison avance, les succès se font de plus en plus rares sur la glace. En vertu d’une fiche de 27-39-2-0, les Drummondvillois sont relégués au 16e rang du classement général, le dernier donnant accès aux séries éliminatoires.

À la veille du tournoi printanier, une véritable onde de choc s’abat dans l’entourage des Voltigeurs alors que le directeur général Dominic Ricard est relevé de ses fonctions après un règne de 12 ans. L’homme de hockey aura été l’architecte du championnat de 2009, le seul à ce jour dans l’histoire de la concession.

«Nous souhaitons rétablir une culture de succès dans notre organisation. La direction hockey a besoin d’une nouvelle orientation. Après analyse, le conseil d’administration est arrivé à la conclusion que Dominic Ricard n’était plus l’homme de la situation», explique le président Éric Verrier, qui verra ensuite Frédérick Malette démissionner après un passage de 17 ans dans l’organisation.

En entrevue avec L’Express quelques jours plus tard, Ricard se dit fier du parcours accompli, spécialement en considérant l’état où l’organisation se trouvait à son arrivée en 2003. Malgré un brin d’amertume, il rompt les rangs du bataillon drummondvillois avec le sentiment du devoir accompli.

«Je suis fier de chaque secteur qu’on a bâti. On a mis à la disposition de nos joueurs un encadrement professionnel, tant au chapitre sportif que scolaire et humain. Je voulais que les gens soient fiers de leur équipe et que les joueurs s’épanouissent. C’est comme ça que je vois un club junior.»

Décimés, indisciplinés et résignés, les Voltigeurs sont totalement anéantis par le rouleau compresseur des Huskies de Rouyn-Noranda au premier tour éliminatoire. Les Drummondvillois sont non seulement balayés en quatre parties, mais ils sont déclassés 10-0, 6-0, 10-1 et 7-3, dans ce qui demeurera l’un des plus tristes épisodes de l’histoire du club.

«On affrontait toute une machine de hockey. C’était un méchant défi, mais les gars ont essayé. On aurait voulu éviter le banc des punitions, mais ils étaient plus vites que nous», ne peut que constater Jean-François Grégoire.

Un mois après cette humiliante élimination, les Voltigeurs annoncent l’embauche de Dominique Ducharme dans les doubles fonctions de directeur général et entraîneur-chef de l’équipe. Ayant délaissé son poste chez les Mooseheads de Halifax afin de se rapprocher de sa famille vivant à Joliette, l’homme de hockey de 43 ans appose sa signature au bas d’un contrat de quatre ans.

«Drummondville, c’est le match parfait pour moi. Le rôle qu’on m’a offert, celui de faire partie de cette famille et de travailler en équipe pour ramener les Voltigeurs vers la coupe, m’emballe au plus haut point», déclare le nouvel homme de confiance des Rouges, qui a guidé les Mooseheads jusqu’à la terre promise en 2013.

«Sa feuille de route est impressionnante, renchérit Éric Verrier. Son leadership, ses valeurs qui rejoignent les nôtres et sa volonté de travailler en équipe nous ont convaincus qu’il était l’homme de la situation pour relancer les Voltigeurs.»

Après avoir embauché Stéphane Desroches comme directeur général adjoint, Steve Hartley comme entraîneur-associé et Mathieu Gravel comme entraîneur-adjoint, puis avoir rapatrié le défenseur Benjamin Gagné, Ducharme se dirige vers Charlottetown afin d’amorcer la reconstruction des Voltigeurs par l’entremise du repêchage de la LHJMQ. Avec ses deux choix de premier tour, il met la main sur deux espoirs de premier plan : le gardien Olivier Rodrigue (3e choix au total) ainsi que le défenseur Xavier Bernard (12e choix au total).

«C’est un consensus : Rodrigue est le meilleur gardien du repêchage. C’est un gars capable de faire la différence dans de grands moments. Il a déjà l’attitude d’un professionnel», lance le dépisteur-chef Luc Dagenais.

Le grand remaniement se poursuit au deuxième étage des Voltigeurs dans les semaines suivant le repêchage, alors que Luc Dagenais remet sa démission, lui qui était en poste depuis neuf ans. C’est Jean-Sébastien Perron qui devient le nouveau recruteur-chef de l’organisation.

En juillet, les Voltigeurs encaissent un coup dur alors que Michael Carcone signe un contrat professionnel avec les Canucks de Vancouver. L’attaquant de 20 ans amorcera la saison à Utica, dans la Ligue américaine.

Signe du vent de renouveau qui souffle sur les Voltigeurs, pas moins de sept vétérans de la dernière saison sont retranchés pendant le camp d’entraînement. L’équipe fait aussi place à une dizaine de recrues dans son alignement.

Pour souligner leurs 35 ans, les Voltigeurs dévoilent un nouveau chandail à l’allure rétro quelques jours avant le début de la saison. Dans le cadre de ces festivités, un panthéon accueillera également 24 anciens membres de l’organisation au plafond du Centre Marcel-Dionne.

Après avoir dominé la LHJMQ pendant le calendrier préparatoire, les Voltigeurs entament la saison 2016-2017 sur une bonne note. En l’absence du vétéran Anthony Dumont-Bouchard, qui soigne une commotion cérébrale subie à la fin de la dernière campagne, le jeune Olivier Rodrigue connaît des débuts fracassants devant le filet.

Le 20 novembre, les Voltigeurs procèdent au retrait du chandail numéro 61 de Derick Brassard. Dans une cérémonie classique et émotive, l’attaquant des Sénateurs d’Ottawa verse quelques larmes en parlant des sacrifices de ses parents.

«C’est une journée spéciale pour ma famille et moi. Encore aujourd’hui, les Voltigeurs représentent les plus beaux moments de ma vie. Je suis très reconnaissant envers l’organisation. Le fait de jouer ici, c’est venu chercher le meilleur de moi-même.»

Devant notamment composer avec le départ-surprise de Kristian Afanasyev et l’absence de Frédéric Aubé, tous deux affectés par une commotion cérébrale, les Voltigeurs traversent des moments difficiles, chutant jusqu’au 15e rang du classement général.

Le 11 décembre, les Voltigeurs poursuivent leur virage jeunesse en échangeant le capitaine Joey Ratelle aux Saguenéens de Chicoutimi. En retour, l’équipe obtient les attaquants Nicolas Guay et Ryan Verbeek ainsi qu’un choix de 2e ronde au prochain repêchage.

«Ça nous fait un pincement au cœur d’échanger un joueur de la trempe de Ratelle, mais on ne voulait pas le perdre pour rien. On vient d’ajouter deux jeunes joueurs d’impact», explique Desroches, qui remplace Ducharme pendant son séjour à la tête d’Équipe Canada junior.

En jetant un œil sur les forces en présence dans l’alignement drummondvillois, l’organisation devrait logiquement figurer parmi les candidates aux grands honneurs en 2018-2019.

«On ne vise pas une année en particulier. On veut tout le temps progresser, de fil en aiguille. On a commencé ce processus en repêchant Olivier Rodrigue. Autour de cette pièce maîtresse, on veut greffer des joueurs et des choix qui vont nous aider à progresser à l’intérieur de notre identité», conclut Stéphane Desroches.

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