Conduire avec un problème médical: où est la solution?

Conduire avec un problème médical: où est la solution?
Docteur Jamie Dow

Il n’y a pas de véritable solution au problème que posent les conducteurs qui omettent de signaler à la SAAQ un trouble de santé pouvant affecter la conduite de leur automobile; pourtant, la loi dit bien que c’est obligatoire.

Cette problématique, identifiée depuis longtemps, a été relancée par une recommandation du coroner Yvon Garneau à la suite de son investigation sur le décès de Jean-Claude Gilles. Le Drummondvillois de 59 ans a perdu le contrôle de sa voiture en raison d’un malaise cardiaque qui lui a été fatal le 17 février 2016 à l’angle de la rue Hains et du boulevard Saint-Joseph.

Le docteur Jamie Dow, conseiller médical en sécurité routière à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), reconnait le problème mais aussi sa complexité.

«La première fois que vous demandez un permis de conduire, vous devez donner des informations d’ordre médical, comme par exemple si vous devez porter des lunettes. Il est bien indiqué aussi que vous devez faire connaître à la SAAQ toute modification concernant notamment vos coordonnées et votre état de santé. Mais malheureusement, les gens ne nous informent pas lorsqu’ils ont un nouveau problème médical pouvant affecter leur conduite automobile», met-il en relief.

Pour bien illustrer son propos, M. Dow révèle une statistique tout à fait renversante : sur 25 000 demandes de vignettes pour personne handicapée, les deux tiers, selon nos dossiers, n’ont jamais signalé un problème médical!

«Nous nous posons des questions sur la façon dont on pourrait s’y prendre pour améliorer cette situation. C’est complexe. Nous nous n’avons pas de réponses claires. On regarde ailleurs pour voir ce qui se fait. La sensibilisation pourrait avoir un certain effet. On en est là, on en discute», a exposé le conseiller médical de la SAAQ.

Selon lui, les médecins et les autres professionnels de la santé sont sensibilisés et peuvent conseiller un de leurs patients de ne pas conduire son véhicule, en raison d’une quelconque indisposition liée à l’état de santé. «Mais de là à ce que ça devienne obligatoire, moi, personnellement, je serais réticent à recommander ça. Que ferait-on avec des cas ambivalents? Avec une personne qui, par exemple, doit se gratter tout le temps et qui en perd sa concentration? Ou quelqu’un qui a reçu des points de suture à la main? On serait inondé de rapports dont la majorité serait inutile», soumet-il.

À Drummondville, en 2015 le nombre de personnes qui ont vu leur permis de conduire sanctionné ou suspendu à au moins une occasion pour des raisons médicales a été de 210, comparativement à 159 l’année précédente. Le total des suspensions/révocations (tous motifs) a été de 368 en 2015 et de 387 en 2014.

Toujours au point de vue statistique, le docteur Dow indique que, sur 12 000 signalements d’inaptitude, 97 % nécessiteront une modification du permis, 73 % pourront continuer à conduire, 25 % devront apporter des modifications à leur véhicule et 2 % ne pourront tout simplement plus tenir un volant.

Par ailleurs, l’âge n’est pas un critère. «C’est sûr qu’il y a un suivi médical plus stricte après 75 ans, mais il faut reconnaître que des gens âgés peuvent très bien conduire en toute sécurité. Je connais un homme résidant à Lévis qui, à 106 ans, conduit jusqu’à Longueuil pour aller souper chez sa fille. En général, les renouvellements de permis de conduire, entre 75 et 85 ans, baissent de 90 %. Bien des gens ne veulent plus conduire à cet âge-là. En 2015, nous avons eu 5000 abandons et c’est un chiffre constant», ajoute-t-il.

Au bout du compte, doit concéder Jamie Dow, c’est l’individu qui doit se responsabiliser. Il doit respecter la loi.

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