L’endettement, l’autre visage de la pauvreté

L’endettement, l’autre visage de la pauvreté
(Photo : Photo Deposit)

Vous croyez que la pauvreté se résume à la rareté des revenus? Et si l’endettement en était l’autre face? Selon le Carrefour d’entraide Drummond, l’endettement fait autant de ravages dans la région de Drummondville que dans le reste du Québec

«Pour chaque dollar gagné, il y a 1.68 $ qui est dû.» C’est ainsi que Marie-Claude Pétrin, du Carrefour d’entraide Drummond, explique le surendettement actuel des gens de la région, qui s’appuie assure-t-elle à l’endettement canadien, évalué actuellement à 168 %. Vous avez bien lu : 168 %.

À titre de conseillère, Mme Pétrin voit de plus en plus de Drummondvillois se pointer dans son bureau afin d’obtenir de l’aide, des conseils, pour sortir de l’endettement dans lequel ils se sont engouffrés. Bien qu’elle n’occupe ce poste que depuis quelques années, la conseillère assure que la demande d’aide gonfle sans cesse.

Elle voit des gens de toutes les couches de la société : du prestataire de l’aide sociale au professionnel au revenu élevé. Et des retraités. Lorsque ces derniers ne sont pas parvenus à équilibrer leurs finances avant de prendre leur retraite, ils se retrouvent fort inconfortable une fois les revenus amoindris.

«Récemment, un ménage (un couple) est venu me voir avec une dette de 83 000 $. Une somme excluant la maison et l’automobile», confie Mme Pétrin.

Crédit, quand tu nous tiens !

Elle observe de plus en plus de gens recourir à leur (s) carte (s) de crédit pour remplir leur garde-manger ou s’assurer d’avoir une voiture pour se rendre au boulot. Ce type de situations inquiète sérieusement le Carrefour d’entraide Drummond.

Mme Pépin croit que le taux d’endettement est plus élevé parce que l’obtention d’une carte de crédit est encore plus facile qu’elle ne l’était auparavant.

Et dans une société où toutes les raisons – et les occasions – sont bonnes pour consommer, utiliser  sa carte de crédit s’intègre au mode de vie. «Tant que les deux partenaires du ménage travaillent, ça va, mais à la minute où ils se séparent, où l’un d’eux est malade, où un enfant arrive, tout peut basculer», soutient la conseillère.

Et c’est là que s’enclenche la spirale de l’endettement. Vivre avec un budget serré, ça veut dire vivre sans économies pour faire face aux imprévus. Une fois endetté, la cote de crédit entachée, que faire s’il faut remplacer la voiture en défaut ?

Certains se tournent vers les compagnies offrant la formule «2e chance au crédit», lesquelles proposent un remboursement à un taux d’intérêt astronomique, souligne-t-elle.

Perte de liberté

Mme Pétrin tient à mettre les gens en garde contre l’endettement, qui peut sérieusement entrainer de graves problèmes psychologiques. «Je vois des gens qui sont tellement endettés qu’ils ont des idées noires et ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Ils se font harceler par les agences de recouvrement, ce qui leur cause un stress immense.»

Sans parler que c’est une perte de liberté quant aux choix financiers, souligne-t-elle. Les gens doivent reporter leurs rêves et leurs projets.

Que faire alors ? Mme Pétrin recommande aux personnes à risque de se retrouver dans le piège de l’endettement de faire leur budget régulièrement, de façon à suivre le bon déroulement de leurs finances et de leurs paiements.

Son autre conseil : s’informer des taux d’intérêts sur tout crédit et s’interroger sur les offres trop mirobolantes.

Informez-vous !

Dernièrement, la conseillère du Carrefour d’entraide Drummond a mis au point trois ateliers visant à informer les gens des solutions existantes à l’endettement et qui seront inscrits à l’agenda pour 2017. Les gens pourront y assister gratuitement.

Les ateliers :

  • Se sortir de l’endettement

  • Établir un budget selon la méthode classique

  • Le petit budget pour petits revenus (informations sur les différentes ressources gouvernementales et communautaires)

Mme Pétrin affirme que les gens peuvent aller au bureau du Carrefour d’entraide Drummond sans crainte. Ils recevront un suivi personnalisé et on leur présentera ce qui existe sur le marché comme solutions.

Sur son site web, le syndic de faillite Raymond Chabot offre une foule d’informations sur les façons de palier à l’endettement, notamment avec une série de capsules proposées sur un ton humoristique par Laurent Paquin. Selon le syndic : «46 % des Québécois pourraient tenir deux mois sans revenu et sans recours au crédit».

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