Le désaccord de Pierre Levasseur cache deux malaises

Le désaccord de Pierre Levasseur cache deux malaises
Pierre Levasseur

DRUMMONDVILLE. L’objection du conseiller Pierre Levasseur concernant le nouveau parcours d’autobus dans le secteur Saint-Charles est la conséquence, selon lui, de deux malaises : une attitude intransigeante du comité de circulation de la Ville et une profonde mécompréhension du rôle d’un conseiller municipal.

À l’assemblée régulière du conseil de ville, lundi soir, Pierre Levasseur a été le seul à voter contre un avis de motion visant à ajouter un nouveau parcours de transport en commun desservant le secteur Saint-Charles, un investissement de 295 000 dollars précise un communiqué émis le soir même.

Cinq minutes plus tard, l’avis de motion devenait un projet de règlement qui fut également adopté par les élus, sauf par le conseiller du district de Saint-Charles. Le règlement comme tel deviendra officiel lorsqu’il fera l’objet d’une résolution dans 30 jours.

Prenant la parole durant l’assemblée publique pour motiver son geste, M. Levasseur a parlé d’un manque de consultation de la part du comité de circulation et il a dénoncé le fait que l’avis de motion a été mis à l’ordre du jour sans avertissement.

Dans un entretien exclusif avec L’Express, il a précisé sa prise de position. «J’ai su vendredi que le nouveau parcours d’autobus avait été décidé. Moi, ça fait deux ans et demi que je posais des questions sur la desserte de transport en commun pour le secteur du campus universitaire et je n’ai jamais eu de réponse. Cette fois, j’ai demandé si un expert s’était penché sur la pertinence du parcours, voir s’il n’y avait pas notamment un meilleur trajet, et on m’a dit que non. Le comité de circulation ne compte aucun expert, contrairement à tous les autres comités de la Ville. Comment pouvons-nous être certains que nous obtenons le résultat optimal pour une dépense récurrente de 300 000 dollars par année? Je questionne le processus de cette mise en application. Les élus n’ont pas été consultés, ça nous est arrivé de nulle part. À mon avis, il faudra revoir ce trajet dans un an car le parcours passe dans un quartier d’unifamiliales où tout le monde a des autos et je doute que ce service sera maximal. Je connais pas mal de monde dans ce secteur-là que je représente depuis 22 ans», a expliqué le conseiller récalcitrant.

Pierre Levasseur croit que, si le maire Alexandre Cusson avait été présent à l’assemblée (il est en Chine pour une mission économique avec Martin Dupont, de la SDED, et de quelques entrepreneurs), il aurait reporté ce dossier à plus tard. «Le maire Cusson est un spécialiste du compromis. On n’aurait pas passé ça comme ça. Il aura du travail à faire à son retour avec le comité de circulation. Je rappellerai qu’une firme, après avoir fait une étude sur la circulation, nous a dit, il y a quelques années, que c’était assez bordélique, qu’il y avait beaucoup de "4-stops" inutiles et que ça nous prendrait un plan global à moyen et long terme», a révélé celui qui préside le comité de sécurité publique.

Le rôle du conseiller municipal

Dans un contexte où il lui apparaît être superflu de poser des questions, Pierre Levasseur est d’avis que le temps est venu, à la mi-mandat de ce conseil, de questionner le rôle du conseiller.

«Un avocat de Québec, dont je me rappelle pas le nom, est venu expliquer aux élus que ceux-ci, pris individuellement, n’ont aucune valeur et que, collectivement, ils ne servent qu’à appliquer les règlements édictés par Québec, les villes étant des créatures du gouvernement québécois. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de donner des mandats aux fonctionnaires municipaux et de ne plus poser de questions par la suite. Moi, j’ai un problème avec ça. Je suis de la vieille école et je suis convaincu que, si j’ai obtenu la confiance des citoyens qui m’ont élu, je me dois de défendre leurs intérêts et de répondre à leurs besoins, en autant que faire se peut, à l’intérieur de nos capacités financières. Pour nous, à Drummondville, il est encore possible pour un conseiller de recevoir des citoyens chez lui et de discuter d’un problème, ce qui est vraisemblablement impensable dans une grande ville comme Montréal où un conseiller peut représenter jusqu’à 40 000 citoyens.

«Je sais que je vais me faire regarder de travers par mes collègues pour ma prise de position. Si le conseiller Yves Grondin n’avait pas été absent (en raison d’une fracture à une cheville), il m’aurait appuyé j’en suis sûr.

«Et si on me dit "ferme ta gueule Levasseur" et que le maire me dit que je suis dans le champ gauche, alors je vais rester chez moi. J’ai encore des énergies et je les dépenserai à faire autre chose», a-t-il laissé tomber.

L’assemblée du conseil de lundi était présidée par la conseillère Isabelle Marquis, également présidente du comité de circulation (voir sa réaction dans un texte à venir).

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