«Ça fait pas partie de la job»

«Ça fait pas partie de la job»

Le Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail définit le harcèlement sexuel au travail de la façon suivante :

«[…] une forme de discrimination, d’abus de pouvoir et de violence faite aux femmes. Il comprend toutes formes d’attentions ou d’avances non désirées, à connotation sexuelle, qui provoquent l’inconfort, la crainte et menacent le bien-être et/ou l’emploi. Cela peut inclure des œillades, des paroles, des gestes, des attouchements, des menaces, des propositions, des farces, l’affichage de matériel pornographique, et peut aller jusqu’à l’agression sexuelle telle que le viol. Le harceleur peut être un employeur, un contremaître, un collègue de travail, un client, etc».

Le livre dont est extraite la définition du harcèlement sexuel au travail a été publié en 1996, il y a presque 20 ans. Vous avez bien lu. Malgré l’existence du Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail (GAIHST). Malgré les ateliers de prévention offerts par les CALACS, malgré l’événement « agressionnondénoncée» de l’an dernier. Malgré la dénonciation faite par Nathalie Simard il y a de ça déjà quelques années.

C’est comme si socialement, nous n’avions pas encore fait le lien entre «harcèlement sexuel» et «agression à caractère sexuel ». Pourtant, tous les CALACS (centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) vous le diront, la violence sexuelle est un acte à connotation sexuelle imposé, un abus de pouvoir qui n’a absolument rien à voir avec le désir parce que cette réalité engendre et entretient la peur chez la victime. Comment fait-on pour vivre avec la peur? On endure… Parfois on en parle. Avec de la chance, on est crues. Mais comme l’agresseur est souvent quelqu’un qu’on connaît, qui est proche de nous et qui, par le fait même, peut avoir de l’influence sur nous (imaginez vivre ceci dans votre propre emploi), souvent on se tait… On tombe malade. Physiquement et/ou psychologiquement.

C’est exactement ce qu’ont vécu les femmes qui ont eu le courage de dénoncer, ces derniers temps, le harcèlement sexuel qu’elles ont subi. Le harcèlement sexuel au travail EST une forme d’agression à caractère sexuel. Qui mine le moral des femmes et des adolescentes, leur confiance en elles, leur estime de soi, leur capacité de travail, leur qualité de vie… S’il y a un avantage à ces récentes dénonciations de harcèlement sexuel, c’est de mettre en lumière qu’aucune femme, aucune adolescente n’est à l’abri de la violence sexuelle. Et la prise de parole des victimes est un des moyens les plus efficaces de la faire reculer.

Mais revenons à Drummondville. Au CALACS La Passerelle, des survivantes d’agression à caractère sexuel participent à des groupes de soutien, favorisant la prise de parole, d’une importance capitale pour reprendre du pouvoir sur sa vie. Les groupes de soutien, offerts le jour et le soir, fournissent aux victimes d’agressions sexuelles (récentes ou dans un passé plus lointain) une expérience unique de réapprendre, dans un lieu sécuritaire et confidentiel, à s’estimer soi-même, à reconnaître ses compétences, à se faire confiance… Appelle-nous.

Pour en savoir davantage, nous vous invitons à participer à notre activité Ciné-CALACS le 14 octobre prochain, à 19 heures au cégep de Drummondville, local 2308. La soirée, intitulée « Ça brise des vies… mais on peut s’en sortir! » comprendra un volet cinéma, où vous assisterez au témoignage de la démarche de reprise de pouvoir de deux femmes s’en étant sorties; et un volet échanges, où l’assistance pourra parler avec des survivantes présentes sur place. L’activité est gratuite et ouverte à toute la population. C’est donc un rendez-vous.

Les agressions sexuelles, c’est non. Ensemble réagissons!

Jocelyne Desjardins, CALACS La Passerelle

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