Le projet de campus de l’UQTR sous la loupe

Le projet de campus de l’UQTR sous la loupe
Cette photo a été prise jeudi matin.

DRUMMONDVILLE. Mauvaise gestion faite par l’UQTR, prévisions budgétaires insatisfaisantes, estimation questionnable du nombre d’étudiants et de leur provenance, contrats accordés trop rapidement et fractionnés ainsi que transfert de certains risques à la Ville dans le bail, voilà ce qui ressort notamment du rapport de la Vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, au sujet du campus de l’UQTR à Drummondville.

Le rapport lève ainsi le voile sur une importante partie de ce qui se tramait derrière les portes closes en 2013 et 2014. À travers la cinquantaine de pages portant sur la maison d’enseignement, il a notamment été possible d’apprendre que le projet a passé à un cheveu d’être rejeté par le gouvernement; un cheveu bien plus petit que ce que la communauté régionale croyait alors que la signature du bail tardait.

Selon le rapport, ce sont certains risques pris initialement par l’Université et qui ont été transférés à la Ville de Drummondville qui ont fait plier le ministère des Finances et le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR) en faveur du projet. D’importants changements ont été apportés à la version de juin 2014 pour en venir à celle de septembre 2014. Le droit de retrait de l’UQTR est passé de 12,5 ans (neuf ans si l’effectif étudiant était inférieur aux prévisions de 20 %) à six ans. S’il y a un dépassement des coûts de construction, il sera assumé par la Ville plutôt que par l’UQTR. La fluctuation du taux d’intérêt escompté sera aussi du ressort de la Ville. Quant aux frais d’exploitation, d’entretien et de réparation, l’UQTR assumera les premiers 250 000 $ et la Ville sera en charge des sommes excédentaires possibles. Il est également mentionné que «l’édifice de plus de 50 ans» a été retiré du bail. Tout porte à croire qu’il s’agit ici de l’édifice actuel des pères Montfortains. Les frais de réparation et d’aménagement risquaient d’être importants. «Un rapport d’architecte commandé par l’UQTR mentionne que l’édifice nécessite des travaux afin d’être adapté à l’usage projeté et de répondre aux normes actuelles. De plus, plusieurs composantes contiennent de l’amiante.»

«Le bail que l’UQTR envisageait de signer en juin 2014 démontre que cette dernière a mal évalué les risques. En effet, ce bail lui faisait supporter des risques trop élevés par rapport à ceux assumés par la Ville de Drummondville. Le MEESR et le MFQ ont exigé que d’importantes modifications soient apportées à celui-ci, lesquelles ont permis de mieux répartir les risques entre les parties», indique le rapport.

«Comme la Ville n’est pas citée ni visée par le rapport et les recommandations de la Vérificatrice générale, il n’y aura pas de commentaire», a indiqué le directeur de cabinet du maire de Drummondville, Sébastien Lépine. Celui-ci a ajouté que les risques faisaient partie des négociations et que les détails du bail sont connus depuis septembre.

«La gestion par l’UQTR du projet de campus à Drummondville présente des déficiences. D’abord, celle-ci n’a pas justifié adéquatement le besoin d’un campus de cette envergure et elle n’a pas suffisamment pris en compte des risques importants liés à sa situation financière, au délai de réalisation du projet et à l’attribution des contrats. Ensuite, ses prévisions financières visant à démontrer l’équilibre financier du projet ne s’appuient pas sur des bases solides et la structure de gestion comporte des ambiguïtés quant à la responsabilité de la maîtrise d’œuvre du projet, est indiqué dans le communiqué de presse officiel de la Vérificatrice générale. L’UQTR n’a pas toujours respecté la réglementation et les saines pratiques de gestion lors de l’attribution et de la gestion de certains contrats de services professionnels. Dans un cas, elle a fractionné ses besoins en accordant à la même firme six contrats de gré à gré. Dans un autre cas, elle a accompli des actions qui n’ont pas favorisé le traitement équitable des concurrents.»

Un chapitre entier du rapport porte sur la gestion, en général, de l’UQTR. Or, le projet de campus de Drummondville occupe une très grande partie de cette section.

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