Un nouvel édifice de deux étages sur la rue Lindsay

Jean-Guy Ferland, à 78 ans, s’amuse dans l’immobilier comme un enfant avec ses jeux de Lego; il achète, construit, rénove, mais ne vend jamais. Mais là, l’homme au millier de clés veut «laisser quelque chose de beau» comme dernier investissement immobilier dans le centre-ville alors que commencera, dès lundi prochain, la construction d’un bâtiment ultra moderne de deux étages à l’angle de la rue Lindsay et de la rue Des Forges. Une affaire d’un million de dollars.

L’homme d’affaires, qui s’est d’abord fait connaître avec sa célèbre Librairie Ferland, fera en effet construire un édifice qui offrira des espaces à bureaux sur une superficie de 4 000 pieds carrés au deuxième étage et des espaces commerciaux au rez-de-chaussée où il espère voir arriver un restaurant. «J’ai pu acheter le terrain de l’autre côté de la rue Lindsay pour servir de stationnement (20 places) à mes futurs locataires. La Ville m’a vendu ce terrain à la condition que je débute immédiatement la construction. Ça commence lundi. Présentement, il y a rien de loué, mais je vais m’atteler à la tâche dès la semaine prochaine. L’édifice sera ultra moderne, tout vitré, climatisé à la grandeur, avec un ascenseur même s’il n’y a que deux étages. À l’extérieur, ce sera glacé comme un miroir, de couleur rouge. À la Ville, ils aiment le rouge, ils sont fous de ça», lance-t-il pince sans rire.

Si l’attente a été longue avant de passer aux actes, c’est que les contracteurs ont eu peur de creuser à seulement 10 pouces des murs des bâtiments voisins. «En creusant pour le sous-sol, il aurait été dangereux de faire s’écrouler les bâtiments voisins. Alors, on a fini par abandonner l’idée de faire un sous-sol. Il y aura simplement deux étages, mais ce sera beau. J’aime le centre-ville, je suis un Drummondvillois et je crois que les gens ne devraient pas hésiter à améliorer leurs propriétés. D’autant plus qu’ici sur la rue Lindsay, dès l’an prochain, la Ville va enlever les poteaux électriques et enfouir les fils jusqu’au bureau de poste. Ça va être encore plus beau».

Une transaction fantaisiste

Propriétaire de plus d’une centaine de logements et de bureaux, Jean-Guy Ferland a des centaines et des centaines de clés qui sont étendues sur son bureau et même dans une valise, comme autant de témoins de ses transactions immobilières, dont certaines assez fantaisistes. Comme celle qu’il a réalisée le jour où il a pris de vitesse l’homme d’affaires Roger Dubois qui voulait se porter acquéreur d’une petite maison située en face de sa demeure. «Il m’avait dit qu’il allait l’acheter pour 25 000 $. Alors qu’il était parti en voyage, je suis allé voir le propriétaire de cette maison et lui ai offert 15 000 $ en lui faisant croire que Roger était pauvre et menteur. La transaction a été conclue. Une semaine plus tard, Roger m’a demandé quel était mon prix pour la maison et les terres qui m’appartenaient autour. Je lui ai dit: ramasse-toi de l’argent et tu reviendras me voir. J’ai raconté cette anecdote à bien du monde et elle me fait encore rire», d’évoquer M. Ferland.

L’intérêt pour l’immobilier est venu, dit-il, lorsqu’il a vendu sa librairie. «Si c’était à refaire, tout jeune je me lancerais dans l’immobilier. C’est là qu’est l’argent. Des gens m’ont déjà dit il y a longtemps qu’ils préféraient jouer à la bourse et placer des sommes à 17 ou 18 %. Aujourd’hui, ils ont perdu de l’argent pendant que mes propriétés ont pris de la valeur. Moi, comme je dis souvent, je n’ai rien à vendre. En plus, il y a des subventions intéressantes pour les rénovations».

Parlant de rénovations, l’immeuble de 12 logements, en face de l’hôtel de ville, qui a été la proie des flammes l’hiver dernier, sera complètement remis à neuf. «D’ici trois mois, les logements pourront accueillir les locataires, pas nécessairement les mêmes. Ce seront des logements meublés comme avant, avec des poêles et des réfrigérateurs neufs».

Jean-Guy Ferland, malgré ses avoirs, n’est pas dépensier. S’il arrive au Charlemagne vers 15h45, il attendra 15 minutes avant de commander. «Parce que le 2 pour 1, ça commence à 16 heures. Je vous l’ai dit, j’ai du fun».

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