REFUGE. Isabelle De Serres a toujours adoré les chiens, du plus loin qu’elle se souvienne. Elle les aime tellement qu’elle gagne désormais sa vie grâce à eux.
L’Express a été accueilli au Gîte des toutous, sur la route Ployart à Durham-Sud, par l’immense Mammouth, un doux Saint-Bernard de 175 livres, et Roxy, un adorable chien noir, qui vivent tous avec Isabelle De Serres.
«Mammouth a fait la route en avion depuis la Colombie-Britannique, parce que je suis tombée en amour dès que je l’ai vu. Et Roxy, c’est un jeune homme qui est venu me la porter pour un gardiennage et qui n’est jamais venu la chercher», raconte la propriétaire en caressant la tête de Mammouth. En tout, l’amoureuse des animaux vit avec six chiens.
Le Gîte a été lancé en 2013 après un parcours professionnel ponctué de revirements. «Mon parcours est un peu étrange», admet-elle en riant.
La sympathique dame a complété un baccalauréat en orientation, afin d’aider les jeunes à trouver leur voie professionnelle, avant de se tourner vers une maîtrise en travail social. Elle a travaillé un peu dans des organismes communautaires (notamment en intervention sociale avec l’aide d’un chien), mais elle s’est rendue compte après quelques temps que ce n’était pas sa voie.
C’est là que l’école secondaire Jean-Raimbault lui a proposé un poste. «Une enseignante en éducation et choix de carrière était en congé. J’ai donc décidé d’y aller», se remémore-t-elle.
Si Isabelle De Serres a somme toute aimé cette expérience d’enseignement, elle avoue ne pas être tout à fait assez organisée pour être parfaitement à l’aise dans le milieu scolaire.
«Il faut vraiment que je fasse un gros travail sur moi-même pour être structurée», rigole-t-elle. Et son amour des chiens ne l’avait pas quittée. Elle a commencé à garder les chiens de ses collègues de travail, en mettant des annonces sur le babillard des profs. Quand l’école l’a appelée pour renouveler son contrat de l’année suivante, elle a sérieusement réfléchi. «Je n’avais pas de certificat en enseignement, et je savais que je devrais le faire éventuellement si je voulais gagner ma vie comme professeure. L’enseignement, c’était correct, mais ce n’était pas une passion. C’était juste un travail. J’ai refusé le contrat.»
Elle a foncé. «J’ai des amis qui comptent les jours avant leurs vacances, et une fois que tu entres dans le moule de ne vivre pleinement que deux semaines par an, ça éteint l’humain. On a juste une vie. J’ai le goût de me lever et d’avoir un défi dans ma journée, d’être passionnée», exprime-t-elle
À partir de ce moment, Isabelle De Serres s’est concentrée sur les chiens. Elle a suivi des cours de toilettage et en comportement canin, avant de lancer le Gîte des toutous à son domicile. «J’ai commencé pauvrement, si on compare au métier d’enseignant. Mais tu as beau avoir tout l’argent du monde, quand tu n’es pas motivé à aller travailler le matin, ton contrat est long. Je pouvais faire un salaire annuel de 6000 $ au début… Le temps de se faire un nom, de se faire connaître.»
Maintenant, quatre ans plus tard, Isabelle De Serres est sur le point d’agrandir son Gîte et de doubler sa capacité d’accueil, passant de 40 chiens maximum à pas loin de 80. Les gens viennent de partout pour qu’elle toilette leur chien ou qu’elle les garde.
«Quand j’étais plus jeune, je me suis souvent fait dire que je ne pourrais jamais gagner ma vie grâce aux chiens. Quelle satisfaction de rencontrer les gens qui ont essayé de me dissuader aujourd’hui!», affirme-t-elle avec un sourire.
À ceux qui souhaitent se lancer en affaires dans un projet qui semble improbable, elle conseille de persévérer. «Il va toujours y avoir des gens qui vont tenter de te décourager de ton projet. Il faut être plus fort que ces gens-là : l’important, c’est que tu y crois et que tu sois prêt à mettre les efforts nécessaires pour réussir.»
