Des liens tissés serrés chez les Sénateurs

Des liens tissés serrés chez les Sénateurs
Martin Raymond

HOCKEY. Il s’en est fallu de peu, un seul but en fait, pour que les Sénateurs et leur imposante filière drummondvilloise ne secouent le monde du hockey en atteignant la finale de la coupe Stanley. Même si cette élimination est particulièrement difficile à avaler, Martin Raymond ne cache pas sa fierté devant le parcours cendrillon des représentants de la capitale fédérale.

À coup sûr, les Sénateurs, version 2016-2017, formaient un groupe spécial. Après avoir bataillé ferme pour se qualifier pour la danse printanière, l’équipe a confondu les sceptiques en éliminant les Bruins, puis les Rangers. En demi-finale, la troupe de Guy Boucher a poussé les Penguins jusque dans leurs derniers retranchements, rendant finalement les armes en deuxième prolongation dans le septième match.

Outre la tenue exceptionnelle du vétéran gardien Craig Anderson, Martin Raymond a identifié la force de caractère des joueurs pour expliquer leurs succès surprenant en séries.

«J’ai été frappé par l’engagement de nos joueurs. Les gars étaient totalement dédiés envers l’équipe. Ça nous a permis de rivaliser avec les meilleurs clubs de la ligue. On n’était pas l’équipe la plus talentueuse, ni la plus rapide ou la plus expérimentée, mais on jouait de façon engagée», a laissé entendre l’ancien pilote des Voltigeurs.

Il faut dire qu’au cours des derniers mois, les Sénateurs ont traversé beaucoup d’adversité, tant sur la patinoire qu’à l’extérieur. En cours de route, l’épouse de Craig Anderson a même appris qu’elle combattait un cancer.

«Quand c’est arrivé, tout le monde a eu mal et peur pour elle. On a vécu beaucoup d’émotions à travers ça, mais ça nous a permis de souder des liens forts. Ça a amené les joueurs à se rassembler, à se serrer les coudes», a souligné Raymond.

«En séries, on a demandé aux gars de vivre dans le moment présent, a-t-il poursuivi. Ils ont bien répondu à cette mentalité. Même après un mauvais match, on était capable d’oublier ça et de rebondir avec une meilleure performance.»

Après avoir vu leur chemin se séparer il y a quelques années, Raymond et Boucher ont renoué derrière le banc des Sénateurs cette saison. Visiblement, les deux hommes de hockey se complètent toujours aussi bien.

«Guy a cheminé au fil des ans. Il a beaucoup appris durant ses séjours en Suisse et à Tampa Bay. Aujourd’hui, il a plus d’expérience. Il a sa façon bien à lui de diriger une équipe. D’abord, il est un excellent motivateur. Il sait communiquer avec les joueurs, leur vendre une idée et les amener à se concentrer sur ce qu’il faut pour avoir du succès. Il est très complet, mais il délègue beaucoup le côté technique et stratégique à ses adjoints pour se concentrer sur l’aspect de la préparation mentale», a expliqué Raymond.

Dès son arrivée à Ottawa, Boucher a insisté pour que l’organisation fasse l’acquisition de Derick Brassard, qu’il avait dirigé il y a dix ans à Drummondville. Celui dont le chandail a été retiré par les Voltigeurs est venu combler des besoins précis au sein de la formation.

«Derick nous a amené du leadership, de l’attitude, de l’intensité, de la vitesse et des habiletés offensives. Il n’a pas amassé autant de points qu’il aurait voulu, mais comme il se trouvait souvent en zone offensive, il nous aidait à avoir le momentum de notre côté. En séries, il a été un rouage important malgré sa blessure», a souligné Raymond.

Victime d’une déchirure du labrum de son épaule droite, Brassard devra subir une chirurgie. Le centre de 29 ans espère être prêt pour le début de la prochaine campagne.

Un autre ancien attaquant des Voltigeurs, Mike Hoffman celui-là, a été au centre de l’épopée des Sénateurs. «Hoffman est un chirurgien avec la rondelle et un marqueur naturel. Il est capable de déceler le moindre espace libre pour marquer avec son lancer puissant. Cette saison, il s’est aussi beaucoup engagé en défensive. On n’avait pas peur de l’employer face aux meilleurs trios adverses.»

Rapatrié de la Suisse, Christopher DiDomenico a pour sa part effectué des débuts tardifs dans la LNH. «C’est un gars très compétitif. Il joue avec beaucoup de hargne malgré son petit gabarit. Il est intelligent avec la rondelle et habile dans les espaces restreints», a souligné Raymond, qui a également vu les ex-Voltigeurs Charles-David Beaudoin et Jordan Murray se joindre au club-école des Sénateurs en fin de campagne.

Forts de cette longue route en séries, les Sénateurs tenteront de répéter leurs exploits la saison prochaine. «Certains de nos joueurs n’avaient jamais gagné une ronde. Ils ont vu comment ces difficile mentalement et physiquement. On va pouvoir utiliser cette expérience-là, mais ce n’est pas une garantie de succès au sein d’une ligue aussi compétitive. On est conscient que tout sera à recommencer à zéro la saison prochaine», a averti Raymond, dont le contrat est encore valide pour une année.

«Pour ma part, j’ai apprécié mon retour dans la LNH. À pareille date l’an dernier, je ne savais pas où je m’en allais. Je me considère choyé d’être ici. Mon but, c’est toujours de continuer à m’améliorer comme entraîneur. L’apprentissage, c’est la clé du succès dans notre business.»  

Entre-temps, Raymond a l’occasion de voir son ancien protégé Frédérick Gaudreau à l’œuvre dans l’uniforme des Predators en finale de la coupe Stanley. Le centre de 24 ans a d’ailleurs marqué son premier but en carrière lors du premier match de la finale.

«Ça n’aurait pas pu arriver à un meilleur gars. Fred est l’un des athlètes les plus professionnels que j’ai coachés. Il ne parle pas beaucoup, mais il s’exprime par ses actions. Par son éthique de travail et tout ce qu’il transpire comme athlète, il impose le respect à ses coéquipiers», a-t-il fait valoir, en applaudissant au passage le flair du recruteur Jean-Philippe Glaude.

«Fred s’est frayé un chemin jusque-là à force d’efforts et de persévérance. Dans le monde du sport, la ligne est fine entre l’échec et la réussite. C’est pourquoi il ne faut jamais abandonner», a conclu l’homme de hockey de 49 ans.

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