L’agriculture biologique en plein essor

L’agriculture biologique en plein essor

Josyane Cloutier
AGRICULTURE BIOLOGIQUE  L’engouement pour les aliments bios ne faiblit pas : en effet, les gens font de plus en plus attention à ce qui se trouve dans leur assiette, et à l’impact que peut avoir ce qu’ils mangent sur l’environnement. L’Express a visité la ferme la Berceuse, située à Wickham, une des quelques entreprises certifiées biologiques près de Drummondville.

Les préparatifs de la saison estivale y sont déjà bien entamés. En entrant dans l’une des trois serres chauffées dégageant une bonne odeur de terre noire, l’auteure de ces lignes a pu voir des centaines de plants en pleine croissance.

La ferme la Berceuse produit en moyenne près de 300 000 plants de légumes par saison, de la fin-juin à la mi-octobre. Au menu : carottes, tomates, haricots, fines herbes, cantaloups, fraises… Au total, 35 variétés de légumes et de fruits biologiques y sont produites.

L’entreprise sera également l’hôte d’une recherche du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) au sujet de la culture de framboises biologiques dans des bacs. «On reconstruit actuellement 17 000 pieds carrés de serres. Le plan de recherche a été accepté, on débute la préparation cette année et, d’ici l’an prochain, on va pouvoir produire», affirme le propriétaire avec enthousiasme.

Robin Fortin estime que la nouvelle tendance de faire attention à tout ce qui se trouve dans les assiettes a contribué à l’essor de la Berceuse. «Il y a de plus en plus de mangeurs bios, mais aussi de plus en plus de consommateurs sont sensibilisés à l’achat local. Oui c’est en augmentation, et ça l’a toujours été.»

Établie depuis 17 ans à Wickham, la ferme la Berceuse conserve sa certification biologique depuis 16 ans. Les fruits et légumes qui y sont produits sont vendus au Marché public de Drummondville, au Marché Godefroy de Bécancour et même aux marchés Jean-Talon et Atwater de Montréal. Au plus fort de la saison, 10 employés désherbent, nettoient, transplantent et cultivent au sein de l’entreprise.

Une pratique très encadrée

«Déjà là, on voit que vous êtes sur une ferme biologique, juste avec l’aménagement du territoire, dévoile Robin Fortin en désignant de la main les arbres de chaque côté de ses serres, qui limitent les dégâts du vent sur ses cultures. Tout est pensé, de A à Z.» Les agriculteurs doivent effectivement conserver le plus possible l’environnement naturel de leurs terres.

La ferme la Berceuse, comme n’importe quelle ferme biologique, fonctionne selon un système de rotation des cultures, qui garantit qu’une sorte de plant ne pourra revenir au même endroit qu’au bout de quatre ans. «Il y a différentes catégories de cultures : les exigeantes, qui nécessitent beaucoup d’engrais, les moyennement exigeantes et les frugales, qui n’en ont pas besoin, démystifie Robin Fortin. On doit donc faire une rotation entre les trois catégories, en plus de faire un changement dans les familles des plants.»

Pourquoi opter pour cette méthode ? Parce qu’elle n’épuisera pas les sols et permettra de limiter l’implantation d’insectes dans les récoltes. «On nourrit le sol, pas la plante. Un agriculteur conventionnel va nourrir la plante et non le sol. C’est une différence fondamentale», estime l’agriculteur.

Bien que cette façon de faire n’en soit une que de dernier recours, certains biopesticides sont également tolérés. Toutefois, avant d’intervenir avec un produit, les agriculteurs doivent prouver que toutes les autres options ont été tentées. Des filets et des couvertures flottantes dans les serres, par exemple, sont privilégiés afin de mettre les plantes à l’abri des insectes.

Les cultures biologiques sont plus onéreuses à installer et à conserver qu’une agriculture dite traditionnelle. «À cause du système des rotations de culture, trois de mes huit hectares sont toujours au repos et je ne peux donc pas m’en servir pour produire des légumes. Ça a un impact, mais je ne le vois pas comme une perte», précise M. Fortin. Il ajoute que les équipements et le fait qu’il doit remplacer les pesticides, qui sont peu coûteux, par des méthodes naturelles nécessitent aussi de bons montants d’argent.

Cependant, Robin Fortin ne croit pas que les coûts engendrés par la production biologique constituent un handicap. «Depuis 30 ans, des pas de géants, autant au niveau des technologies que des recherches, ont été faits dans l’agriculture biologique. La plupart des producteurs bios établis ont des revenus qui équivalent, sinon qui dépassent, ceux des fermiers conventionnels», expose-t-il avec détermination.

Selon lui, les cultures biologiques sont sans conteste la méthode du futur. «Pour faire des engrais chimiques, ça prend une quantité phénoménale de pétrole, et on achève d’en avoir. Les gens n’auront pas le choix de se tourner vers le bio. La nature va nous obliger à la respecter», prédit l’agriculteur.

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