Une messe-concert pour mettre en valeur un orgue de grand potentiel

Par Gerard Martin
Une messe-concert pour mettre en valeur un orgue de grand potentiel

SAINT-CYRILLE-DE-WENDOVER. Bien juché à l’arrière de l’église de Saint-Cyrille depuis bientôt 100 ans, l’orgue Casavant, opus 672, qui y trône, est probablement l’un des secrets les mieux gardés parmi tous les trésors de notre patrimoine régional, une situation qui a bien des chances d’être corrigée s’il n’en tient qu’à la volonté du curé Robert Richard.

En fonction depuis environ un an à la paroisse Saint-Luc, qui englobe Saint-Cyrille-de-Wendover, entre autres, M. Richard a été sensibilisé aux qualités de cet instrument par un organiste de renom, Sylvain Doyon.

Titulaire des grandes orgues de l’église Saint-Jean-Baptiste de Québec pendant 16 ans, M. Doyon, en quête d’un instrument pour garder son doigtée lorsqu’il a fait de Drummondville sa ville d’adoption, a vite succombé au charme de l’orgue de Saint-Cyrille pour son grand potentiel, tout en y détectant, comme il se le devait, quelques blessures occasionnées par l’usure du temps.

Acquis et installé en 1916 au coût de 3400 $, il est difficile de dire combien vaut cet orgue presque centenaire, mais le curé Richard nous indique que la maison Casavant estimait en 2001 sa valeur de remplacement à neuf à quelque 310 000 $.

«C’est un instrument qui sonne bien, qui a été harmonisé pour remplir cette église faisant figure de cathédrale et qui tient bien son rôle. Le menu des jeux a été un très bon choix par Casavant qui en a préparé le devis», nous résume celui qui a fait ses études musicales avec de grands maîtres et qui a été boursier du Conseil des Arts du Canada et du Gouvernement du Québec.

Toutefois, en dépit des bons soins que lui apporte le jeune organiste attitré à cette église, Antony Larivière-Filion, avec l’aide de son père, François, en remplaçant de temps à autre les tubulures de plomb par des équivalents en plastique, par exemple, il n’en demeure pas moins que l’aïeul a besoin d’une cure de rajeunissement faite par des spécialistes pour que cesse de s’accentuer sa détérioration.

C’est d’ailleurs le verdict rendu par les Ateliers Guilbault, Bellavance, Carignan, inc., de Saint-Hyacinthe, qui assure un certain suivi de l’instrument à traction tubulaire-pneumatique.

Sans rien imposer, Sylvain Doyon confirme qu’une restauration s’impose alors qu’il en est encore temps et que les coûts ne sont pas démesurés pour donner plus de force à l’instrument et harmoniser à nouveau les jeux qui ne sont plus que 17 sur les vingt à l’origine.

Comité de financement

Selon le souhait du curé Robert Richard, celui-ci aimerait bien qu’un comité se mette en place à Saint-Cyrille-de-Wendover pour recueillir dans le milieu et auprès des mécènes amoureux du patrimoine religieux ou musical le capital nécessaire pour mener à bon port l’opération de sauvetage.

Le prêtre ouvre tout de suite une parenthèse importante sur deux points: il ne sera pas à la tête de ce comité puisque sa mission est autre et, secundo, l’argent recueilli ne devra pas venir à l’encontre des autres besoins de la paroisse dont ceux surtout ayant trait à la pastorale, la priorité à ses yeux.

N’empêche que, pour un homme qui veut se faire discret dans ce dossier, M. Richard a quand même fait un bout de chemin.

Déjà, en mai dernier, il a adressé une demande d’aide au Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ), laquelle a été retenue en présélection.

«Depuis, deux experts sont venus évaluer l’instrument et déposeront à l’automne un rapport avec des recommandations», fait savoir M. Richard en mettant en garde néanmoins les gens de l’éventuel comité que le processus pourrait être encore long avant d’obtenir une réponse finale en raison du nombre de demandes.

Dans ce cas-ci, il s’agirait d’une remise de l’orgue dans son état original, des travaux de l’ordre de quelque 200 000 $ qui laisseraient une facture de 30% à la fabrique.

Comme Robert Richard estime qu’une somme de 50 000 $ à 60 000 $ serait suffisante pour faire les restaurations nécessaires pour redonner à l’orgue son bon fonctionnement, celui-ci plaide qu’il serait possible de les réaliser une fois cet argent recueilli, peu importe la confirmation ou non du projet par le CPRQ.

Advenant une acceptation de l’organisme gouvernemental, il serait alors possible de compléter l’intervention pour la remettre à son état d’origine avec l’enveloppe ministérielle.

Une messe-concert

Solidaire de cette démarche, Sylvain Doyon s’est dit prêt à faire sa part et il a ainsi accepté avec empressement d’offrir un concert durant la messe du 27 septembre prochain pour mettre en valeur les différentes sonorités qui habitent encore cet orgue.

Celui qui a donné plus d’une centaine de concerts au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, aux États-Unis et en France, dont plus de 40 pour inaugurer de nouveaux instruments, a déjà établi son programme musical qui comprendra huit pièces.

Pour les avertis, mentionnons que Couperin, Bédard, Pierné, Hurford, Becker, Boëllmann et Widor sont les compositeurs retenus par celui qui a été professeur-accompagnateur au Conservatoire de musique de Québec pendant vingt-huit ans, tout en poursuivant sa carrière d’organiste concertiste.

M. Doyon tient bien à dire cependant que ce récital est accessible à tous et qu’il sera fort diversifié.

Le tout débutera à 16h20 avec un préambule d’une dizaine de minutes qui précédera la messe.

Robert Richard rappelle de son côté que cette messe-concert est évidemment gratuite et qu’elle s’inscrit dans le cadre d’un rallye culturel organisé par la Municipalité de Saint-Cyrille-de-Wendover.

M. Richard rajoute qu’il n’y aura pas de collecte non plus ce soir-là pour l’orgue, sauf que ce sera sans doute le moment pour plusieurs de se convaincre que cet instrument bientôt centenaire Casavant mérite d’être conservé.

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