Joies et inquiétudes dans les centres de jardinage

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Par Emmanuelle LeBlond
Joies et inquiétudes dans les centres de jardinage
Selon Nancy Boisvert, gérante de production pour les Serres Traversy, les potagers sont populaires cette année. (Photo : Ghyslain Bergeron)

JARDINAGE. Les centres de jardinage de la MRC de Drummond sont heureux d’ouvrir leurs portes au public, mais ils ressentent quelques inquiétudes vis-à-vis la saison estivale. Face à la demande grandissante, certains magasins sont obligés de revoir leurs méthodes de travail alors que d’autres redoutent la pénurie de main-d’œuvre.

En ces temps de pandémie, les commerçants ont remarqué que les potagers sont particulièrement prisés. «C’est un domaine qui est recherché. Les gens vont vouloir cultiver leurs propres légumes par plaisir ou par confinement», souligne Nicolas Henner, propriétaire du Centre de Jardin Henner.

Les centres de jardinage sont beaucoup plus fréquentés qu’à l’habitude. «Les personnes viennent en magasin. Ils ont très hâte, mais ils sont craintifs. Ils ont peur de manquer de produits et c’est normal. C’est pour ça qu’ils viennent aussi tôt», mentionne Nancy Boisvert, gérante de production pour les Serres Traversy.

L’horticultrice a fait preuve de prévoyance en ajustant ses rendements en conséquence : «J’ai fait ma production en temps normal et j’en ai fait un petit peu plus. En vue de la COVID-19, il y a certaines choses que j’ai doublées et que j’ai triplées. Par exemple, j’ai augmenté ma production de tomates, salades, choux, piments et concombres.»

Depuis l’ouverture du Centre Horticole Foliflor, la propriétaire Julie Champagne a vendu beaucoup de semences. (Photo: Ghyslain Bergeron)

La propriétaire du Centre Horticole Foliflor, Julie Champagne, arrive au même constat. Selon elle, la clientèle est habitée par un sentiment d’urgence. «On a fait des livraisons de terreau, ce sont tous pour de nouveaux potagers. Il y a beaucoup d’enseignement à faire. C’est plein de monde qui n’a aucune expérience et ils pensent qu’ils peuvent planter tout de suite, ajoute-t-elle. Tous les autres qui jardinent déjà savent que ce n’est pas vraiment le temps. Ils vont arriver plus tard.»

L’engouement est tel que le Centre Horticole Foliflor attire des consommateurs qui proviennent d’ailleurs. «On a beaucoup de gens qui sont venus de l’extérieur pour acheter des semences, comme de Beloeil et de Longueuil. Ils disent qu’il n’y en a plus dans ce coin-là. Il paraît que les présentoirs sont vides», raconte la propriétaire.

Des ajustements nécessaires

Concernant l’aménagement des magasins, quelques modifications ont été effectuées afin de respecter les directives de la santé publique. «On a distancé une caisse sur un nouveau comptoir. Actuellement, nous avons trois caisses, mais on veut en mettre une quatrième à l’extérieur dans notre petite remise. On va vraiment avoir une distanciation et on va éviter les attroupements à l’intérieur», indique Nicolas Henner. À cela s’ajoutent les flèches apposées sur le sol pour indiquer les directions, les collants pour privilégier la distanciation et les plexiglas aux comptoirs-caisses.

De son côté, Julie Champagne ajuste les mesures tous les jours. «Il y a toujours quelque chose à quoi on n’avait pas pensé. On fait des plans et le lendemain, on se rend compte que ça ne fonctionne pas, réalise-t-elle. C’est un peu stressant pour tout le monde, mais on a une équipe assez versatile et qui s’adapte.»

Le propriétaire du Centre de Jardin Henner, Nicolas Henner, est à la recherche de main d’oeuvre pour la saison estivale. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Actuellement, les centres de jardin gèrent leurs activités avec des équipes réduites. En vue de l’augmentation du taux de fréquentation, les commerçants s’inquiètent quant à la main d’œuvre. «J’ai fait ma production avec un personnel réduit pour essayer le moins possible d’amener le virus ici. Je me rends compte que l’achalandage qu’on va avoir ici va me créer un problème de personnel. Il va avoir un manque», est d’avis Nancy Boisvert.

La gérante de production des Serres Traversy n’est pas la seule à jongler avec cette problématique. D’après Nicolas Henner, il lui faudrait le triple d’employés pour répondre à l’achalandage estival.

Quoi qu’il en soit, les commerçants se réjouissent de constater que les clients sont au rendez-vous. «Tout ce qui nous arrive, c’est positif. Mais j’ai quelques craintes en même temps. Contrairement aux autres années, on ne sait pas dans quoi on s’embarque», conclut Nancy Boisvert.

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