Patrick Senécal renoue avec l’humour noir

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Par Emmanuelle LeBlond
Patrick Senécal renoue avec l’humour noir
Patrick Senécal est un véritable phénomène de l’édition au Québec, avec plus d’un million et demi d’exemplaires de livres vendus. (Photo : Ghyslain Bergeron)

LITTÉRATURE. C’est en sortant de sa zone de confort que Patrick Senécal réussit à se renouveler après 30 ans d’écriture. Cette fois, l’auteur plonge les lecteurs au cœur d’une expérience scientifique en huis clos dans son nouveau roman Civilisés. Une aventure aussi horrible… qu’hilarante.

Celui qui est natif de Drummondville a publié plus de vingt livres lors des dernières années, généralement adressés à une clientèle adulte. Chaque roman est une occasion pour l’auteur de se lancer un nouveau défi.

«Dans Flots, j’étais dans la tête d’une fille de huit ans qui écrivait son journal intime. Dans Résonances, c’était l’aspect métalittéraire. Il s’agit d’une réflexion intellectuelle sur l’auteur et son personnage. Dans celui que je viens d’écrire, il y a un aspect humoristique avec un narrateur très interventionniste. C’est quelque chose que je n’ai jamais fait», mentionne-t-il.

Civilisés raconte l’histoire de douze individus qui participent à une expérience scientifique. Celle-ci, supervisée par des psychologues, cherche à étudier et analyser les comportements des humains lorsqu’ils se retrouvent dans un groupe précis et dans un contexte particulier. Les volontaires doivent se libérer pendant deux semaines pour vivre une aventure à la fois immersive et stimulante.

Au fil des jours, les individus en apprendront davantage sur le déroulement de l’expérience. Et le tout prendra une tournure inattendue. «L’un des douze participants va prendre ça beaucoup trop au pied de la lettre. À cause de lui, l’expérience va déraper complètement», souligne-t-il.

Le narrateur, qui est en fait l’auteur, s’adresse au lecteur tout au long du récit, lui rappelant constamment qu’il est en train de lire un bouquin. «J’explique les différentes façons d’écrire un roman. Comme si après 30 ans, j’avais envie de montrer à mes lecteurs comment on écrit une histoire», dit-il.

En glissant quelques commentaires ici et là, Patrick Senécal renoue avec l’humour noir. «Je voulais que ça demeure satirique, malgré les scènes dramatiques.»

La page couverture de nouveau roman de Senécal.

Au-delà de la caricature

L’écrivain a eu un malin plaisir à caricaturier les différents protagonistes. On retrouve entre autres Yvan Grenier, un médecin généraliste de 55 ans qui fait des blagues sexistes ou bien Laurence Charbonneau, une étudiante en psychologie un peu (beaucoup) «woke» qui défend ses convictions bec et ongles.

Dans son écriture, Patrick Senécal apporte des nuances. «Par exemple, Madeleine est une femme de 62 ans raciste. Elle dit des choses épouvantables. Je voulais montrer qu’elle ne s’en rend pas compte. Ce n’est pas excusable. Ce n’est pas une raciste dangereuse. C’est une pauvre madame qui n’a pas d’éducation. Elle doit se mettre à jour», explique-t-il.

«Au-delà des personnages qui sont assez caricaturaux au départ, ils finissent tous par avoir leur part d’humanité et leur complexité propre. C’est ça que je voulais montrer à travers l’humour», complète l’auteur de 56 ans.

Publié sous la maison d’édition Àlire, Civilisés sera disponible en librairie à compter du 28 mars.

Rappelons qu’il y a 30 ans, le maître de l’horreur Patrick Senécal a publié son premier roman 5150, rue des Ormes. Il sorti plusieurs livres à succès tels que Sur le seuil et Les Sept jours du Talion.

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