BASKETBALL. Aucun superlatif ne peut dépeindre avec justesse l’immense surprise causée par le Rouge et Or de l’Université Laval au championnat canadien de basketball universitaire.
Participant au tournoi en tant qu’équipe hôtesse, la formation de Québec a réalisé l’impensable en étant couronnée championne canadienne, dimanche soir dernier. Dans le match ultime, les protégés de l’entraîneur-chef Nathan Grant ont renversé les deuxièmes favoris, les Gaels de l’Université Queen’s de Kingston, par le pointage de 77-71.
Sur les lignes de côté, le Drummondvillois Jérôme Leclair était aux premières loges pour assister à ce triomphe inattendu. Bien qu’il n’ait pas vu d’action sur le terrain durant le championnat national, le joueur recrue de 21 ans a vécu cette épopée de l’intérieur.
𝐅𝐫𝐢𝐬𝐬𝐨𝐧𝐬 𝐠𝐚𝐫𝐚𝐧𝐭𝐢𝐬 🏀🏆
C’était il y a 24 heures. C’était l’une des plus grandes soirées de notre histoire.
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— Rouge et Or (@rougeetor) March 12, 2024
En saison régulière, le Rouge et Or n’avait savouré que six victoires en 16 sorties, s’avouant ensuite vaincu en demi-finale du sein du circuit québécois. Selon Jérôme Leclair, l’équipe a attaqué ce tournoi avec le sentiment de n’avoir plus rien à perdre.
«Ce qui a fait la différence, dans le contexte des nationaux, c’est qu’on n’avait plus le choix de performer, a raconté Jérôme Leclair dans une entrevue accordée à L’Express. Pendant la saison, on perdait des matchs, mais on se disait que ce n’était pas grave étant donné qu’on était assurés de participer aux nationaux. Rendu là, on était le dos au mur. On n’avait plus le choix! On devait jouer notre meilleur basket. Ça a paru dans l’attitude de nos joueurs sur le terrain. On sentait leur volonté de gagner. Il y avait une énergie différente comparativement à la saison. On sentait que l’équipe était plus soudée.»
Soufflé par une foule endiablée de 3200 partisans réunis au PEPS, le Rouge et Or a rapidement donné le ton à la finale en marquant 16 points consécutifs pour transformer un déficit de 8-5 en une avance de 21-8. «J’ai déjà été voir des matchs de la NBA, mais je n’ai vu autant d’énergie et d’ambiance dans une foule de basket, a exprimé Jérôme Leclair. Pendant les temps morts et les lancers francs, on n’entendait plus rien tellement ça criait! C’était fou raide!»
Les champions de l’Ontario n’avaient toutefois pas dit leur dernier mot, revenant dans le match pour se donner une avance de sept points avec 17 minutes à jouer au match. Fidèle à ses habitudes depuis le début du tournoi, le Rouge et Or n’a pas baissé les bras, revenant de l’arrière pour réécrire le livre d’histoire du basketball universitaire canadien.
Au son de la sirène finale, Jérôme Leclair raconte avoir ressenti une décharge d’énergie indescriptible. «C’est un feeling difficile à expliquer. Même les gars qui avaient joué tout le match, qui étaient fatigués et qui avaient mal partout, ils ont eu comme une deuxième vie! On ressent tellement d’émotions en même temps. C’était un moment magique!»
Le parcours cendrillon du Rouge et Or avait débuté par une victoire inespérée contre les grands favoris du tournoi, les Vikes de l’Université Victoria, au compte de 75-69, vendredi soir, en quart de finale. Déjà, on parlait alors de la surprise de l’année au Canada.
«À partir de là, il y a eu comme un déclic, a affirmé Jérôme Leclair. On savait qu’on avait le potentiel pour accomplir quelque chose de fou, quelque chose qu’on pourrait raconter à nos enfants. Malgré tout, il y a encore des gens qui doutaient de nous. Sur Instagram, certains disaient qu’on n’avait pas d’affaire en demi-finale, qu’on allait se faire battre par 30 points. Prouver le contraire, ça nous donnait encore plus d’énergie.»
En demi-finale, le lendemain soir, le Rouge et Or a réussi un autre petit miracle en défaisant les quatrièmes favoris, les Tigers de l’Université Dalhousie, par la marque de 85-74. Laval a inscrit les dix derniers points pour se sauver avec une victoire historique face aux champions de l’Atlantique.
Une saison d’adaptation
Issu des programmes des Riverains de l’école secondaire Marie-Rivier et des Géants du Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, Jérôme Leclair a vécu une saison d’adaptation à ses premiers pas sur la scène universitaire.
«Ce que je retiens, c’est le grand pas qu’il y a à faire dans le focus et la préparation associée avec le niveau universitaire. C’est très exigeant. Il faut avoir un dévouement de niveau supérieur. Il y a beaucoup de sacrifices associés à ça pendant l’année, mais ça en vaut la peine quand on voit le résultat à la fin», a résumé l’ailier de 6 pieds, 2 pouces et 195 livres.
Au chapitre individuel, l’étudiant en intervention sportive aspire à jouer un plus grand rôle au sein de l’alignement du Rouge et Or la saison prochaine.
«Je veux faire de mon mieux pour grandir avec l’équipe. Au-delà des minutes de jeu, je veux continuer à avoir une énergie positive dans l’équipe. Parfois, la saison est longue, mais je prends une fierté à être un rassembleur.»
Outre Jérôme Leclair, le Rouge et Or mise également sur Aidan Humphrey, un Français de 21 ans qui a déjà fréquenté le Cégep de Drummondville. «Aidan, c’est l’exemple parfait du gars travaillant. Il est tout le temps dans le gym! C’est un athlète dédié à son sport. C’est aussi un bon gars qui est toujours là pour ses coéquipiers», a souligné Jérôme Leclair.
En savourant ce premier titre canadien, le Rouge et Or est aussi devenu le premier programme d’une université francophone à décrocher la bannière nationale. Selon Jérôme Leclair, Laval possède les outils nécessaires pour répéter l’exploit dans le futur.
«On perd de bons morceaux, mais de la manière dont l’équipe est bâtie et avec le souffle de cette victoire, je crois qu’on est équipés pour aller chercher un autre championnat. Les gars qui restent, on y a goûté et on veut retourner en chercher un autre.»
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