Nous sommes les plus pauvres des pauvres (Tribune libre)

Nous sommes les plus pauvres des pauvres (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Il y a un manque criant de lits de courte durée à Drummondville comme dans le reste de la région du Centre-du-Québec. La situation actuelle dans nos urgences n’est que le reflet de cette triste réalité.

Le ministre Dubé nous laisse croire que la loi 15, soit la mise en place de Santé Québec, va vraiment améliorer le système et que d’ici 2025, tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malheureusement, il ne nous dit pas la vérité.

Le problème ne vient pas de l’organisation des services. Le ministre le sait et les députés le savent. Le budget accordé à la santé et aux services sociaux au Québec n’est pas suffisant. Un changement de structure n’aura aucun impact sur l’amélioration des soins et services.

Au Québec

Actuellement au Québec, nous retrouvons une moyenne de 186 lits de courte durée pour 100 000 habitants. À ce niveau le Québec se compare à des pays comme le Rwanda, le Guyana, le Congo, l’Algérie ou le Botswana, selon l’OMS. Pour le Canada, le ratio devient 250 lits de courte durée par 100 000 habitants. La France possède 580 lits par 100 000 habitants et le Japon 1280 lits.

Si le Québec voulait avoir une desserte comparable avec la France, il faudrait immédiatement ajouter près de 34 000 lits de courte durée. Le retard est immense et impossible à rattraper. Le ministre Dubé, malgré sa bonne volonté, sait que nous nous dirigeons tout droit dans le mur. Il essaie de nous donner de l’espoir en nous disant que Santé Québec est la solution, comme on nous a dit que le virage ambulatoire allait régler les problèmes. On nous dit aussi que l’hospitalisation à domicile est une solution incroyable…

Au Centre-du-Québec

Au Centre-du-Québec, il y a deux hôpitaux de courte durée : l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska et l’Hôpital Sainte-Croix. On y dénombre 380 lits disponibles de courte durée, soit un ratio de 146 lits par 100 000 habitants. Pour se comparer au Rwanda ou au Congo, il faudrait ajouter près de 70 lits de courte durée au Centre-du-Québec. Nous sommes donc loin du Rwanda et du Congo et ce n’est pas une blague. Une comparaison avec la France obligerait l’ajout de plus de 1000 lits, seulement pour notre région. On ne peut pas rester muet face à une telle situation.

Comme nous sommes dans la région Mauricie/Centre-du-Québec, il est approprié de voir si la Mauricie s’en tire mieux que le Centre-du-Québec. Avec ses 680 lits disponibles, le ratio de la Mauricie est de 243 lits de courte durée par 100 000 habitants, soit plus de 65% supérieur au Centre-du-Québec et plus que le Québec. Qu’en est-il des autres ressources en santé en comparant les deux régions ?

Mauricie VS Centre-du-Québec

  • Effectifs de la population 280 000 — 260 000
  • Nombre de lits de courte durée 684 — 384
  • Nombre de médecins actifs 716 — 409
  • Nombre d’hôpitaux 5 — 2
  • Nombre de CLSC 11 — 7

Comme on le voit, malgré une population relativement semblable, la Mauricie est en excellente position quant à la disponibilité des ressources. Historiquement, cette région a réussi à profiter du Centre-du-Québec pour financer et accroître ses ressources. Un exemple à suivre au Québec.

Pour répondre aux attentes de la population de la Mauricie, le CIUSSSMCQ est obligé de répartir ses budgets annuels dans des proportions qui semblent s’approcher du 2/3 pour la Mauricie et 1/3 pour le Centre-du-Québec, malgré une répartition de la population régionale de 52% et 48%. Bien que le Gouvernement du Québec donne un budget d’environ 4000 $ par habitant au CIUSSSMCQ pour desservir la population en services de santé et services sociaux, le CIUSSSMCQ semble contraint de réserver des sommes différentes pour les populations des deux régions. Selon les données du CIUSSSMCQ, nous pouvons faire l’hypothèse que les citoyens de la Mauricie reçoivent en moyenne et en services pour environ 5125 $/h et ceux du Centre-du-Québec doivent se contenter de 2840 $/h.

Il faut bien voir que le CIUSSSMCQ n’est pas responsable de cette répartition inéquitable. Ils ont hérité d’une structure avec une région historiquement riche, la Mauricie, et une des régions les plus pauvres du Québec, le Centre-du-Québec. Ce n’est pas au CIUSSSMCQ à établir l’équité régionale. La tâche revient à nos élus municipaux et provinciaux qui pourraient aller chercher au moins 300 millions de dollars de plus annuellement pour desservir adéquatement les citoyens du Centre-du-Québec, sans déshabiller la Mauricie qui a fait ses devoirs depuis des décennies.

Pour 2024, je souhaite pour nos élus municipaux et provinciaux que :

  1. La Table des MRC du Centre-du-Québec, en collaboration avec les députés, organise un sommet sur la santé pour mieux identifier les inadéquations entre les besoins et les ressources pour la population du Centre-du-Québec et les impacts sur la santé et l’espérance de vie;
  2. Un comité d’experts nationaux (ex. INSPQ, David Levine, Michel Clair etc.) soit formé pour définir le plan de match pour rattraper le retard en services de santé et services sociaux de la population du Centre-du-Québec;
  3. Une forme de reddition de compte soit précisée, auprès de la population, par les élus afin d’identifier les étapes franchies pour atteindre l’objectif d’aller chercher au moins un ajout de 300 millions de dollars annuels et récurrents pour répondre minimalement aux besoins de la population du Centre-du-Québec.

Donnons-nous une vision globale et travaillons ensemble (Drummond, Arthabaska, Érable, Nicolet et Bécancour).

Pierre Levasseur Msc. (Drummondville)

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