Noël en musique à la Basilique Saint-Frédéric

Claude-Hélène Desrosiers
Noël en musique à la Basilique Saint-Frédéric
Basilique Saint-Frédéric. (Photo : Archives)

NOËL. S’engouffrer dans une voiture glacée en plein cœur de la nuit de Noël, habillé de ses plus beaux atours. Grand-maman qui sort le manteau de fourrure des grands jours. L’odeur de l’encens et des cierges, la crèche, mais surtout les cantiques : nombreux sont ceux qui ont de doux souvenirs des célébrations de Noël. Bien que de moins en moins de gens fréquentent les églises, la messe de minuit reste un moment à part.

À Drummondville, le chœur Saint-Frédéric a une longue histoire dans la communauté drummondvilloise. Dès 1905, un chœur d’hommes — particulièrement des notables de la ville —, dirigé par l’abbé Denoncourt et un chœur de femmes, avec Emma Moulin à la direction, existaient. En 1953, la chorale devient mixte, grâce à Germaine Proulx et Gilles Fortin. Décennie après décennie, elle a pour tradition d’offrir un concert de musique sacrée. Pendant longtemps, il s’agissait du seul concert de musique classique offert à Drummondville.

Francis Gagnon, titulaire de l’orgue à la Basilique Saint-Frédéric, et Nicolas Gagnon, chef du Chœur Saint-Frédéric. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Il y a encore une très grande place à la tradition de la musique sacrée. C’est une priorité ici et il faut continuer. Dans le diocèse, il y a peu d’endroits on l’on fait cette musique-là», affirme Francis Gagnon, qui souligne aussi la chance qu’a Drummondville de compter sur un orgue de cette qualité. Valant autour du million de dollars, il est un véritable joyau du patrimoine drummondvillois.

Avant d’être organiste titulaire, Francis Gagnon a été organiste collaborateur pendant 15 ans à la Basilique Saint-Frédéric. Il a été enseignant pendant 34 ans au Cégep de Drummondville au département de musique. Il s’est consacré à l’enseignement de l’orgue, du clavecin, de la formation audition, de la théorie musicale et de l’harmonie tonale. Il est également diacre permanent depuis 2001 et il exerce son ministère principalement auprès des jeunes.

Nicolas Gagnon, le fils de ce dernier, est littéralement tombé dans la potion quand il était petit. Sa mère est elle aussi musicienne et professeure. Après un baccalauréat en musique, volet écriture, il a également étudié en musique de film et a complété un autre baccalauréat en enseignement. Son catalogue comprend des compositions pour saxophone, piano, harmonie, orchestre et chœur.

Il a pris les rênes du chœur Saint-Frédéric après la pandémie, pour la messe de Pâques 2022. Pour lui, il est important de le mentionner : la chorale n’est pas le sujet principal, elle ne fait qu’accompagner la célébration. «L’idée c’est de faire vivre une expérience aux gens».

Le Chœur Saint-Frédéric. (Photo Ghyslain Bergeron)

Parmi les cordes à son arc : ses talents de réharmonisation. «Parfois, on a des partitions pour une seule voix, donc je fais l’arrangement pour quatre voix. D’autres fois, c’est pour atteindre un effet spécifique, comme pour le Minuit, chrétiens de l’an dernier. On avait la chance de compter sur la présence de Louis-Charles Gagnon, un grand ténor d’origine drummondvilloise qui est venu chanter avec nous. J’ai voulu profiter de l’occasion pour faire un arrangement plus grandiose».

Père et fils travaillent donc ensemble. «J’essaie de bien définir les rôles. Je suis l’organiste accompagnateur et Nicolas est le chef de chœur. On se parle pour le répertoire, mais c’est Nicolas qui regarde les œuvres et qui fait ses choix, qui fait la planification, qui bâtit l’horaire», dit Francis Gagnon.

Pour la messe de Noël, les chanteurs et l’auditoire ont bien sûr certaines attentes. Certains airs s’inscrivent couramment dans la liturgie, comme le chant Ça, bergers lorsque le célébrant raconte l’arrivée des bergers dans l’histoire de la nativité. Cependant, le chef de chœur a une liberté totale dans la sélection des pièces. «J’essaie de mélanger les styles. Par les psaumes, on va aller chercher quelque chose de plus grégorien, et il y a des chants plus populaires, comme ceux de Robert Lebel. Parfois, on va se tourner vers du répertoire un peu plus classique. On se promène dans ces 500 ans d’héritage musical», reprend Nicolas Gagnon.

Ce dernier se fait un point d’honneur d’intégrer des œuvres de compositeurs comme Gilles Fortin, «qui fait partie de l’histoire de la basilique», Yves Granger, frère du Sacré-Cœur ou encore de Guy Lebel, eux aussi Drummondvillois.

Le répertoire traditionnel n’a pas été délaissé pour autant. La basilique est l’un des rares endroits où l’on chante encore en latin. «C’est un bel héritage qu’on a, ce serait triste de le mettre de côté», souligne Francis Gagnon.

Des choristes en répétition. (Photo Ghyslain Bergeron)

Une messe très spéciale

Cette messe, la seule de l’année pour certains, est un moment solennel. Pour Noël, le chœur Saint-Frédéric et quelques solistes offriront un concert vers 23 h 15, puis la chorale viendra envelopper la messe de minuit de ses chants. Des airs traditionnels seront au programme : il ne faut pas manquer la seule occasion de l’année où l’on peut les chanter! Année après année, les fidèles dans la nef chantent avec le chœur, ce qui crée une ambiance majestueuse de communion.

Les choristes et l’organiste s’investissent beaucoup : commençant vers 23 h 15, ils terminent vers 1 h 15. Pour Francis Gagnon, le jeu en vaut la chandelle, car il voit à quel point cela apporte de la joie. «On voit que les gens sont heureux. Il y en a certains qui montent pour venir nous voir. On dirait que le temps s’arrête, que les gens vivent quelque chose. Ce qui me fait plaisir, c’est quand on me dit que ma musique a permis à certains de mieux prier», s’enthousiasme-t-il.

«C’est un moment à part, Noël. Ce sont nos souvenirs, et toute notre espérance, surtout avec la guerre un peu partout. Ça fait un baume sur le cœur des gens. Il y a là quelque chose de spécial, de signifiant, qui nous dépasse», conclut Francis Gagnon.

 

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