Un citoyen s’inquiète du départ de la seule dermatologue

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Par Cynthia Martel
Un citoyen s’inquiète du départ de la seule dermatologue
La clinique de la Dre Isabelle Delorme était située au 350, rue Saint-Jean. (Photo : Cynthia Giguère-Martel)

SANTÉ. Un Drummondvillois s’inquiète de la fermeture prématurée de la clinique de dermatologie où il est client depuis cinq ans. Tout comme des dizaines d’usagers, il se retrouve du jour au lendemain sans suivi.

La Dre Isabelle Delorme était jusqu’à tout récemment la seule dermatologue dans la région de Drummondville, d’après le répertoire numérique Index Santé. Elle oeuvrait au sein de sa clinique de la rue Saint-Jean depuis plusieurs années où elle y offrait des services et des soins de santé couvrant le diagnostic, le traitement, le dépistage et la prévention d’affections cutanées. Il y avait également un volet médico-esthétique.

En septembre dernier, la professionnelle avait informé sa clientèle de son départ à la retraite prévu en juillet 2024. Mais le scénario a pris une autre tournure : les usagers ont appris la semaine dernière que la clinique fermait ses portes définitivement et sur-le-champ.

«On nous a dit que la Dre Delorme cessait ses activités pour cause de maladie», indique Claude Collin, usager de la clinique pour des soins de photothérapie hebdomadaire.

Celui-ci s’inquiète des possibles conséquences de cette fermeture sur la clientèle.

«Les délais d’attente en dermatologie sont interminables. Ç’a pris un certain temps via mon médecin de famille d’avoir ma place à cette clinique il y a cinq ans. Pour ma part, n’avoir aucun traitement n’aura pas vraiment d’impact à court terme sur ma santé. Je faisais de la photothérapie pour contrôler le psoriasis. Mais je pense à certaines personnes que je croisais à la clinique pour qui ça peut avoir une très grande incidence. Pour le moment, aucune alternative ne m’a été proposée. Ce sera mon médecin de famille qui verra pour la suite des choses. Heureusement que j’en ai un, ce n’est pas tout le monde qui a cette chance. Dans tous les cas, c’est inquiétant», explique le Drummondvillois.

Invité à commenter sur les obligations déontologiques d’un spécialiste en pareille situation, le Collège des médecins du Québec indique que cela dépend des circonstances spécifiques de chacun.

«Si un médecin qui a prévu une retraite ralentit ou cesse la pratique plus tôt parce qu’il a des problèmes de santé l’empêchant de continuer, le Collège des médecins ne peut pas l’obliger à exercer malgré tout et à trouver un dermatologue pour chacun des patients qu’il suit. Les obligations déontologiques se modulent au cas par cas, selon la capacité réelle du médecin en congé de maladie à faire le nécessaire pour aviser ses patients ainsi que faire les suivis. Cela n’est pas toujours possible selon l’état de santé du médecin», précise Leslie Labranche, conseillère en relations médias.

Au sujet des alternatives, celle-ci invite les patients à communiquer avec leur médecin de famille ou adresser une demande au Guichet d’accès à la première ligne (GAP).

«Possiblement que le recours à la télédermatologie pourra être utilisé, mais ce sera aux médecins concernés de décider si cela est acceptable en fonction de leur jugement clinique et des règles applicables.»

«Le médecin de famille peut référer au CIUSSS via le Centre de répartition de demandes de service (CRDS) en remplissant les formulaires standardisés. Ces formulaires permettent une priorisation des références en dermatologie», énonce de son côté Laurence Chartrand, agente d’information au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

Trois dermatologues sur tout le territoire

Devant la situation, pas question pour M. Collin de rester les bras croisés. Il s’est empressé de se rendre au bureau du député André Lamontagne pour l’informer de la situation.

«J’ai rencontré un de ses attachés. Le but c’est de mettre de la pression sur le CIUSSS MCQ pour trouver de la relève dans notre belle région métropolitaine de recensement qui est maintenant sans dermatologue. Une situation inacceptable!» souligne-t-il.

Interrogé sur le portrait de la dermatologie en région, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a fait savoir que seuls deux dermatologues pratiquent à Trois-Rivières (l’un d’entre eux est à temps partiel), et un autre à Shawinigan. L’établissement travaille activement au recrutement de ces spécialistes en collaboration avec l’Association des dermatologistes du Québec.

«Des candidats ont démontré de l’intérêt pour œuvrer dans notre région, mais il est trop tôt pour confirmer quoi que ce soit», fait savoir Mme Chartrand.

À ses dires, au prorata de la population en Mauricie-et-au-Centre-du-Québec, le délai moyen d’attente pour un service en dermatologie est similaire que celui dans l’ensemble de la province, se situant entre 6 à 680 jours, en fonction de l’échelle de priorités.

L’Express a tenté en vain de joindre quelqu’un à la clinique de la Dre Delorme. L’auteure de ces lignes s’est également rivée à des portes fermées.

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