SANTÉ. La présidente par intérim de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, Patricia Maillot, dénonce vivement le recours au bâillon par le gouvernement Legault pour faire adopter le projet de loi 15. Elle est catégorique : ça bouleversera le réseau public de la santé qui est déjà fragilisé.
«C’est épouvantable d’adopter une loi sous bâillon si tôt dans un processus alors que depuis des semaines et des semaines, il y a eu des centaines d’amendements qui ont été déposés. Les députés de l’opposition ont même fait front commun pour dire qu’il n’y avait pas de presse, qu’ils allaient prendre la peine d’analyser les amendements en janvier et février, mais ils n’ont pas été écoutés, tout comme six anciens premiers ministres qui ont pris position en disant qu’il fallait prendre le temps, autrement, ça pourrait être catastrophique», expose Mme Maillot jointe par téléphone.
«Sincèrement, adopter un projet de loi aussi important, aussi volumineux, à la hâte alors qu’il n’y a aucune raison d’écourter les discussions, c’est totalement antidémocratique et sans fondement. Ce gouvernement aime parler de «courage politique», ici, c’est de la témérité politique», juge Françoise Ramel, vice-présidente de la FIQ, dans un communiqué de presse.
La FIQ estime que la réforme en santé de Christian Dubé entraînera des conséquences néfastes pour les professionnelles en soins, notamment en créant un employeur unique et en éloignant la prise de décision du plancher pour favoriser des gestionnaires lointains et détachés de la réalité quotidienne.
«Imaginez, nous avons encore de la misère à nous relever de la loi 10, la réforme avec les CISSS et les CIUSSS, et là, on arrive avec une structure encore plus énorme. Ce qui est ironique, c’est que la CAQ avait promis aux élections de 2018 de faire du Centre-du-Québec une région distincte parce que le parti considérait à l’époque que c’était un territoire beaucoup trop gros à gérer pour un seul CIUSSS», tient-elle à rappeler.
Elle souligne aussi que le projet de loi 15 accentuera la privatisation, favorisera la fusion de secteurs d’activités et risque d’engendrer l’exode de centaines de travailleurs. En clair, cette réforme ultracentralisatrice ne règlera pas les problèmes fondamentaux d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre ni l’accès aux soins de santé.
«C’est une grosse bombe, image-t-elle. Il y aura inévitablement des répercussions sur la population aussi.»
«Comment peut-il lancer une réforme centralisatrice d’une telle ampleur dans le réseau de la santé en refusant de répondre à des questions sur la centralisation accrue, l’insuffisance des mécanismes de reddition de compte et l’ouverture inédite à la privatisation des soins et des services? Nous croyons que l’adoption de ce projet de loi sera catastrophique pour le réseau de la santé et des services sociaux et les femmes qui y travaillent en majorité», soutient par écrit Françoise Ramel.
Selon la FIQ, la réforme Dubé semble paver la voie à une dégradation des conditions de travail et d’exercice et à une privatisation.
«Je n’ai aucune idée pourquoi ça presse autant d’adopter ce projet de loi, d’autant plus que nous sommes encore loin des élections. On dirait que c’est un projet improvisé. Je suis totalement dans l’incompréhension et je pense que nous le sommes tous», laisse tomber Mme Maillot.
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