VIOLENCE. Les cas de violences conjugales ne cessent de grimper dans la région, surtout depuis 2018. Beaucoup de travail reste à faire pour mettre fin à ce fléau. Malgré tout, des initiatives sont mises sur pied localement pour sensibiliser et outiller la population, comme l’activité d’initiation à l’autodéfense qui s’est tenue lundi, dans le cadre des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes.
Une vingtaine de femmes figurait sur la liste d’inscription. La tempête de neige a toutefois empêché la moitié d’entre elles de se déplacer au dojo du Club de judo Drummondville. N’empêche, la policière Hangie Jacques était plus que motivée à offrir son atelier. «Ce sera comme un cours privé, on aura plus de temps à vous accorder à chacune d’entre vous», a-t-elle lancé.
De toutes les tranches d’âge, de l’adolescence à la soixantaine, les participantes sont devenues à l’aise rapidement, en devant se mettre en équipe de deux pour pratiquer les techniques. Hangie Jacques et des étudiants en techniques policières ont fait la démonstration des principales saisies (aux poignets, à la gorge et couchée) que l’on voit le plus fréquemment lors d’une agression physique.
«On montre des techniques simples qui ne demandent pas nécessairement de la force. En fait, tout le monde peut être capable de se défendre. On préconise beaucoup le volet préventif dans cet atelier. Le but, c’est de montrer des techniques de dégagement pour éviter qu’il y ait une escalade de la violence; il n’y a pas vraiment de coups frappés justement pour éviter qu’il y ait une dégradation, pour ne pas donner l’idée à l’agresseur de frapper», a expliqué Mme Jacques, qui est à l’origine de cet atelier et également agente aux relations communautaires – volet prévention de la violence conjugale à la direction de la police de Trois-Rivières.
Durant l’heure et demie de cours, celle-ci enseigne également aux femmes comment bien reconnaître les signes précurseurs d’un assaut et bien identifier les lieux sécuritaires en plus de donner des trucs sur le positionnement (points d’équilibre, distance sécuritaire, position des mains, etc.) dans une situation à risque.
L’importance de la prévention
Selon Hangie Jacques, le tiers des crimes contre la personne se produit en contexte conjugal.
«On ne sait jamais quand on peut en être la victime. En ayant des outils simples, je risque moins de figer. Et peut-être que ça évitera de me faire attaquer parce que je vais avoir été plus consciente de mes portes de sortie, des signes précurseurs. En étant plus alerte, je ne me positionne plus comme une victime. Juste le fait d’être plus confiante, ça a un impact», a-t-elle fait valoir.
En seulement 90 minutes, le résultat était déjà éloquent : les participantes étaient fières à la fin du cours de voir qu’elles pouvaient s’affirmer de la sorte et être capables de se déprendre contre des saisies, d’avoir un certain contrôle.
«De la prévention, il n’y en a jamais trop. Juste le fait de suivre un atelier le plus tôt possible, ça va éviter une dégradation puis peut-être une cristallisation des comportements autant de l’agresseur que de la victime», s’est dit d’avis Mme Jacques, précisant qu’à Trois-Rivières seulement, le service de police a ouvert jusqu’à maintenant plus de 700 dossiers en matière de violence conjugale.
«Est-ce qu’il y a plus de victimes qui dénoncent? Je ne sais pas. En même temps, on ne peut pas nier que la violence conjugale est omniprésente. À Trois-Rivières, l’augmentation est marquée depuis 2018.»
À l’échelle provinciale, de toutes les victimes des crimes contre la personne dans un contexte conjugal, 75.8 % sont des femmes.
De la pratique
L’atelier se donne pour la deuxième année un peu partout sur le territoire du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Il avait connu un succès l’an dernier et il le sera encore avec pas moins de 350 participantes.
«Tout le monde devrait savoir comment se défendre. Je suis adepte des arts martiaux et je sais toute la confiance que ça peut amener à en pratiquer. En mettant sur pied cet atelier, je souhaite donner cette chance-là à plusieurs personnes», a exprimé la policière cumulant 17 ans d’expérience.
Si l’atelier fournit une «bonne base» aux femmes, il n’en demeure pas moins que celles-ci sont fortement invitées à se pratiquer par la suite.
«Règle générale, on dit qu’il faut faire le même geste 200 fois avant de bien l’assimiler et 1000 fois avant que ça devienne un réflexe», a informé une des partenaires de Mme Jacques.
À chaque atelier, une intervenante du Calacs La Passerelle y participe, en support aux femmes qui en auraient besoin.
«Je trouve vraiment important ce que Hangie fait, ça fait réellement la différence ce type d’atelier. C’est comme une reprise de pouvoir pour les femmes», a souligné Élisabeth-Anne Mailloux.
Quelques trucs
Équilibre : position du boxeur – permet de maintenir l’équilibre ou de se déplacer rapidement.
Distance sécuritaire : poignée de main et reculer d’un pas. La vigilance doit être au maximum plus on est près de l’agresseur.
Obstacle : repérer un objet ou un meuble que l’on peut mettre entre soi et l’agresseur. Cela donne plus de temps pour réagir, mais on doit rester conscient que l’agresseur peut l’utiliser.
Observer son environnement : les armes disponibles, les sorties facilement accessibles.
Garde voilée : garder ses mains au niveau du thorax, cela permet une réaction plus rapide.
Respiration : penser à respirer. Lentement et profondément. Cela diminuera le stress et aidera à bien réagir.
Communication : un élément essentiel qui peut éviter de se rendre à une situation d’agression physique. Conserver un ton de voix ainsi qu’un langage corporel neutre. Toutefois, lors d’une attaque, il ne faut pas rester silencieux. En criant, cela pourra alerter les gens autour.
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