L’aéroport Robert-Bernard (Tribune libre)

L’aéroport Robert-Bernard (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Voilà le nom que devrait porter l’aéroport de Drummondville. Robert Bernard, en tant qu’homme d’affaires, personnalité politique et citoyen engagé a joué un rôle déterminant dans la création et le développement de l’aéroport de Drummondville.

À l’instar d’aéroports importants, le nôtre mérite d’être identifié par un nom propre et de porter fièrement celui de Robert-Bernard. La communauté d’affaires (SDED, CCID) devrait appuyer la demande présentée à cet effet à la Commission de toponymie de la Ville.

Robert Bernard a vu le jour le 14 avril 1900 à Saint-Édouard-de-Lotbinière, à l’époque de la naissance de l’aviation, entre le premier vol en 1890 de l’Éole de Clément Ader en France et celui du Flyer des frères Wright en 1903 en Caroline du Nord.

Collection privée de la famille Bernard

Marié en 1922 à Cécile Desrosiers, Robert s’installe à Drummondville en 1924 alors que son père, Adélard Bernard, est engagé à titre de gérant de la fonderie J. A. Gosselin Ltée. Robert devient à son tour gérant de la compagnie quand son père l’achète en 1930. Trois ans plus tard, Adélard décède subitement. Robert devient propriétaire de la fonderie qui connaîtra sous sa gouverne un développement considérable. Il s’implique à fond dans la communauté, devenant notamment président de la Chambre de commerce de Drummond, président de la section locale de la Canadian Manufacturers Association et du Club de golf de Drummondville. Ces années correspondent à celles de l’essor prodigieux de l’aviation après la Première guerre mondiale avec l’épopée de l’aéropostale et le développement exponentiel du transport de passagers. C’est aussi l’âge de figures légendaires de l’aéronautique, telles Charles Lindberg, Amelia Earhart ou Jean Mermoz, qui marquent tant l’actualité que les esprits.

En 1940, Robert est propriétaire d’un chalet et d’une ferme à Saint-Nicéphore (voir photo 1, circa 1940). En 1942, il est élu échevin de la Ville de Drummondville, poste qu’il occupera jusqu’en 1948 puis de 1954 à 1956. En 1944, il est élu député provincial sous la bannière de l’Union nationale de Maurice Duplessis. L’aviation occupe toujours ses pensées. Entrepreneur visionnaire et dynamique, il y voit un moyen de transport commode et un outil moderne de développement économique. Il aménage une piste rudimentaire sur sa terre. Il achète un premier avion en 1946 (un Stenson Voyager) qui lui sert comme passager. En 1947, il fonde la Drummond Air Services. Pour financer cette nouvelle compagnie, il recrute 42 actionnaires, à 1000 $ par tête, en une seule soirée au Manoir Drummond. Cela permet notamment de payer des travaux d’agrandissement et de drainage de la piste. Un hangar est acheté du fédéral à la base de Bagotville et sert à l’entretien des appareils aussi nouvellement acquis. La compagnie sera liquidée en 1956.

En 1948, les choses continuent de progresser. Robert est réélu député. Il multiplie les démarches pour que l’aéroport offre un service de douanes afin que les touristes américains puissent y faire escale en route vers les nombreux clubs de chasse et pêche des Laurentides. Il décroche une licence pour créer une base d’hydravion sur la rivière à quelques pas de l’aéroport. Encore aujourd’hui, c’est un des seuls endroits au Québec, sinon le seul, où pareil jumelage existe. La même année, Robert obtient son brevet de pilote, honorant ainsi le vœu de son bon ami et instructeur Phillipe Bernier de faire de lui un aviateur. Rappelons que feu Philippe Bernier, maire de Drummondville de 1966 à 1983, était un pilote émérite. La place manque ici pour relater sa carrière dans le ciel. Soulignons qu’il a accompli plus d’une quarantaine de vols de bombardement au-dessus de l’Allemagne nazie. En 1953, il fonde une école de pilotage basée à l’aéroport de Saint-Nicéphore. Suzanne Bernard, fille de Robert, obtient peu après, grâce à Philippe, son brevet de pilote privé à l’âge 16 ans, devenant alors la plus jeune femme pilote au Canada (voir photo 2, datée de 1948).

Société d’histoire de Drummond, Fonds Association des pilotes de Drummondville, P72-8.3m1

En 1952, Robert perd ses élections. Il est réélu en 1956. Il devient ministre en 1960 dans le gouvernement de Paul Sauvé, mais aux élections de la même année perd par 37 voix face au libéral Bernard Pinard.

Le 13 mars 1961, la Ville de Drummondville achète enfin l’aéroport. Le maire Marcel Marier souligne la faveur de la quasi-totalité des associations commerciales et des industriels de la Ville. Le prix de 19 500 $ est jugé fort avantageux étant donné que pas moins de 26 000 $ ont été investis pour améliorer la piste au cours des ans. Au surplus, Robert cède pour 1 $ le bâtiment qui sert de chalet aux pilotes et qui a coûté quelque 8 500 $.

Le 7 juillet 1962, Robert Bernard, victime de sa passion, perd la vie dans l’écrasement de son Cessna 195 au Lac-à-la-Tortue. Des funérailles imposantes ont lieu à Drummondville. On y remarque notamment la présence de son adversaire politique Bernard Pinard et celle du futur Premier ministre Daniel Johnson (père). L’éditorialiste de La Parole lui rend un vibrant hommage.

Dans son essai historique Les ailes de la cité l’historien André Boulanger affirme que ‘Dans la période d’après-guerre, Monsieur Robert Bernard a été l’homme du grand moment’ et que ‘L’influence du député de Drummond dans l’aviation provinciale est très considérable. Il est temps que la Ville lui rende un juste hommage et en profite du coup pour donner une image de marque à son aéroport.

François Nichols, Drummondville

 

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