CULTURE. Tandis que certains diffuseurs peinent à remplir leurs salles de spectacle, la Maison des arts de Drummondville a le vent dans les voiles. Fervent des arts de la scène, le public drummondvillois répond encore présent.
«Les spectacles qui fonctionnaient très bien fonctionnent encore très bien. Le développement, la relève, l’émergence, la danse, le théâtre et le cirque vont toujours être plus difficiles. Ça l’était et ça l’est encore. Est-ce que ce l’est plus? Non. Les ventes sont revenues les mêmes qu’en 2019 (notre plus belle année). On se maintient. Ça va quand même super bien», fait savoir la directrice générale de la Maison des arts, Marie-Pierre Simoneau.
Au grand bonheur de l’équipe, les membres privilège sont au rendez-vous plus que jamais. «Ils sont encore et toujours ceux qui achètent une grande partie de nos billets. Ils sont là . Ils font des découvertes. Cette base de clients fidèles est vraiment précieuse», soutient Amira Habashi, directrice des communications et du marketing de la Maison des arts.
Actuellement, 1 930 personnes détiennent la carte privilège, alors qu’elles étaient 1591 à pareille date l’an passé, ce qui représente une hausse de 339.
Le diffuseur pluridisciplinaire réussit à tirer son épingle du jeu, malgré le contexte postpandémique qui est entre autres teinté par l’inflation. Selon Marie-Pierre Simoneau, plusieurs facteurs expliquent ce succès. «On n’a jamais arrêté pendant la pandémie. On a tenté de conserver nos publics le plus possible. On a entre autres créé la plateforme UBLO.TV pour les rejoindre. On a été ultra actif. Ce sont des points pour nous», mentionne-t-elle.
L’écosystème culturel de la région est favorable pour la Maison des arts, alors qu’elle dessert un large bassin de citoyens et que la demande est forte. «À Montréal, il y a beaucoup de diffuseurs. Ici, on n’a pas la même saturation, observe-t-elle. Drummondville a un niveau de dynamisme élevé. On a notre statut de région métropolitaine. Il y a de la place pour des spectacles sur notre territoire.»
L’augmentation du coût de la vie a également eu un impact sur les habitudes d’achat des consommateurs, indique Marie-Pierre Simoneau. «Le dollar loisir peut se dépenser au restaurant, au cinéma ou en voyage. Les voyages coûtent de plus en plus cher. Il y a beaucoup de gens qui m’ont dit qu’ils ne voyageaient plus et qu’ils allaient plutôt voir des spectacles.»
Notons que la vente de dernière minute est de plus en vogue. Résultat : les abonnements théâtre, qui couvrent une longue période, sont moins populaires. Le diffuseur a amorcé une réflexion afin de revoir la formule, question de s’adapter à la nouvelle réalité.
Vers de nouveaux publics
Le développement de publics se poursuit à la Maison des arts, notamment avec le laboratoire culturel Kolab qui est situé au centre-ville. Il y a deux ans, le diffuseur pluridisciplinaire s’est associé avec l’Espace Mandeville afin de mettre en lumière les artistes issus de la scène émergente. Depuis, l’initiative fait du chemin. «La vente de billets a doublé. On est passé d’une cinquantaine à une centaine de personnes par spectacle», se réjouit Marie-Pierre Simoneau.
Un volet humour s’est récemment ajouté à la programmation, ce qui s’est révélé gagnant. «Pour être honnête, le public a embarqué beaucoup plus rapidement qu’en chanson. Je ne suis pas surprise. L’humour fonctionne extrêmement bien. Il faut se rappeler les belles années du Cabaret Box Office. Drummondville est une belle pépinière pour les humoristes de la relève.»
L’Espace Mandeville propose une expérience unique aux spectateurs. «On peut offrir la proximité avec l’artiste. La qualité de nos spectacles est professionnelle. On accueille des types de productions différentes», souligne Vincent Picard, coordonnateur, directeur technique et artistique de la salle de spectacle.
Plusieurs spectacles sont à venir lors des prochains mois. En nouveauté, un balado sera enregistré devant le public. Il s’agit du podcast des personnages avec Jay Laliberté et ses invités. «C’est la première fois qu’on va accueillir un podcast. Ça cadrait bien dans le contexte d’un spectacle d’humour. Étant donné le succès que ça avait sur les réseaux sociaux, on ne pouvait pas se tromper en l’ajoutant à la programmation.»
Pour sa part, Vincent Picard se dit motivé pour la suite.
«Mon objectif est que l’Espace Mandeville devienne un incontournable au Centre-du-Québec pour l’émergence. On veut donner une scène aux artistes de tous les horizons. Que ce soit le style musical ou le style d’humour, tout le monde a sa place sur notre scène. On veut faire vivre des beaux moments au public.»
Ajout d’un lieu de diffusion
La Ville de Drummondville a récemment fait l’acquisition de l’ancienne pharmacie Jean Coutu au centre-ville pour y concrétiser un projet d’espace de diffusion multidisciplinaire. Pour sa part, la Maison des arts se réjouit de cette nouvelle : «Pour nous, il s’agit d’un signe d’engagement de la part de la Ville de Drummondville. Après avoir eu des chemins sinueux dans ce projet, on dirait que la voie commence à s’éclaircir. C’est vraiment venu nous motiver pour la suite», mentionne la directrice générale.
Le diffuseur planche sur le projet depuis environ six ans. La Maison des arts a une vision précise de la salle de spectacle. Lorsque les gradins seront installés, un total de 350 à 400 personnes pourra s’asseoir. La salle aura l’avantage d’être modulable. Les sièges pourront se ranger, donnant une tout autre allure à l’endroit. Le vaste espace permettra d’organiser des spectacles où le public restera debout, ce qui a pour effet de doubler la capacité d’accueil.
Rappelons que la Maison des arts roule à plein régime, et ce, à tous les niveaux. Cette année, le lieu de diffusion a refusé 70 offres de location, informe Marie-Pierre Simoneau.
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