Ascension du mont Manaslu : Charles Page réalise un exploit

Ascension du mont Manaslu : Charles Page réalise un exploit
Le Drummondvillois, Charles Page, au sommet du mont Manaslu. (Photo : Charles Page)

EXPLOIT. Le mont Manaslu constitue la huitième plus haute montagne au monde avec ses quelque 8 163 mètres. Bien que très peu de Québécois aient gravi son sommet, c’est ce que le Drummondvillois Charles Page a réussi à faire comme exploit.

Passionné d’aventures depuis qu’il est tout petit, M. Page a réussi ce qu’une poignée de personnes a fait au Québec : grimper une montagne de 8 000 mètres. Il serait également devenu le premier Drummondvillois à avoir accompli cet exploit.

D’ailleurs, sur la planète, on y compte que 14 montagnes qui font plus de 8 000 mètres, toutes situées en Asie.

Accompagné de l’alpiniste québécois Gabriel Filippi, et de deux sherpas népalais, Charles Page a vécu tout un moment une fois rendu au sommet, le 20 septembre.

«C’est un moment que je n’oublierai jamais. Un premier 8 000 mètres. Rendu en haut, j’avais beaucoup de fierté pour tous les sacrifices que ça engendre et les émotions vécues. C’était un beau moment», se réjouit-il.

S’il éprouvait autant de fierté, c’est pour avoir suivi son rêve jusqu’au bout.

«Ce qui me rend fier, c’est la capacité de réaliser les choses. Souvent, je constate que les gens ont tendance à remettre à plus tard les rêves. Ce que je retiens, ce n’est pas juste l’exploit d’avoir gravi une montagne, c’est la fierté d’avoir réalisé mes rêves et d’avoir cette capacité à passer à l’action», exprime ouvertement celui-ci.

En ce qui concerne la vue tout en haut, M. Page la voit de façon unique. «Tu es au-dessus des nuages, c’est un peu le même effet dans le hublot d’un avion, mais tu as les pieds sur le sol et tu as une vue à 360 degrés.»

Grimper une montagne comme celle de Manaslu demande que les astres soient enlignés pour éviter de rencontrer les inconvénients que la montagne peut offrir. La météo peut être un enjeu, mais heureusement, tout s’est bien déroulé pour lui et ses collègues.

«On avait une prévision météo qui était favorable. La température était -20 degrés. Ce n’est pas si pire que ça. Je dirais que le gros enjeu au-delà de la température est surtout le vent. C’est le plus important. S’il fait -40 degrés pas de vent, il n’y a pas de problèmes. C’est mieux ça qu’avoir un -20 degrés avec de forts vents. On a été chanceux de ce côté-là», analyse-t-il.

Que ce soient des avalanches, de grandes crevasses mortelles ou bien la météo, le nombre de dangers est réel lorsqu’il est temps de monter l’une des plus hautes montagnes dans le monde. Pourtant, ce n’est pas ce qui a fait reculer M. Page. C’est d’ailleurs un sujet qui est revenu dans les discussions familiales.

«Ce sont des discussions que j’ai eues avec mes proches. À un moment donné, il faut relativiser avec les risques. Il y en a partout dans la vie. Il y a des gens qui font des accidents de voiture par exemple. Je pense qu’il y a une façon de monter les montagnes en étant consciencieux et d’essayer de contrôler les risques», raconte-t-il.

«C’est sûr que c’est un sport qui porte à réfléchir. Avant de mettre les pieds ici, j’avais mis mon testament à jour. Ce sont des choses qu’on n’est pas porté à faire au quotidien», ajoute celui qui s’aventure dans la montagne depuis une vingtaine de jours.

Une préparation de plusieurs mois

Étant attiré par les océans et les montagnes depuis son jeune âge, c’est à la suite de voyages inspirants, d’ascension de montagnes à travers le monde et de livres pertinents que les idées de grandeur lui en sont venues à l’idée.

«Au mois de mars cette année, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai simplement contacté la personne qui avait écrit le livre que je lisais, Gabriel Filippi, et c’est lors de cette discussion qu’il m’a proposé de venir avec lui au mont Manaslu, en septembre», explique celui qui travaille chez Soprema.

C’est donc des mois de préparation qui en ont découlé pour arriver fin prêt à gravir l’énorme montagne appartenant à la chaine de l’Himalaya.

«Pour me préparer, il fallait que je me trouve une façon de m’entraîner. Donc, j’ai décidé de faire le Ironman de Mont-Tremblant. Je suis aussi allé en Colombie-Britannique chez de la famille pendant les vacances de la construction pour monter des montagnes. C’est beaucoup d’entraînement et de préparation pour arriver ici prêt à faire face à la montagne.»

Charles Page et l’alpiniste Gabriel Filippi. Photo : Gracieuseté

Ascension en bref

C’est le 27 août que l’aventure débute pour le Drummondvillois. Une fois les pieds bien ancrés dans la ville de Katmandou, au Népal, l’épreuve s’avère longue et difficile pour Charles Page et ses collègues. En revanche, ayant en tête l’objectif d’atteindre le sommet, rien ne peut arrêter le vétéran aguerri.

Pour se rendre à destination, M. Page a dû emprunter une longue route sinueuse et achalandée pour se rendre à la montagne. Ce n’est que quelques jours plus tard que l’ascension a pris place après avoir atteint la fin de la route.

«Il a fallu faire un trek. C’est comme une randonnée de plusieurs jours et on a fait ça en étant soucieux de s’acclimater. Donc, on est parti à 1 900 mètres, et on s’est rendu tranquillement au camp de base du mont Manaslu, qui est à 4 850 mètres», explique ce dernier.

En compagnie de M. Filippi, les deux hommes ont ensuite commencé à établir des stratégies et des rotations pour s’acclimater à l’altitude. L’achalandage était un autre aspect à surveiller pour le passage des endroits techniques.

«Des montagnes de ce type se montent uniquement dans de très courtes périodes de l’année. En ce moment, on est après la mousson et avant l’hiver. Donc, il y a une fenêtre météo à saisir d’environ deux semaines pour faire le sommet», met-il au point.

«En arrivant au camp de base, on a fait des rotations. La première, on a monté jusqu’au camp 1 et ensuite, on est redescendu au camp de base. Le corps a permis de s’acclimater. Par la suite, on a remonté au camp 1, après le camp 2, et le camp 3, qui était à 6 700 mètres. Ensuite, on est redescendu au camp de base pour se reposer» poursuit l’homme.

Ce n’est que le 17 septembre que M. Page, M. Filippi et les deux sherpas ont commencé leur poussée vers le sommet pour atteindre le haut de la montagne.

«Quand on a su que les cordes fixes sur lesquels on s’attachait durant l’ascension étaient toutes installées et que la météo était bonne, Gabriel est venu à ma tente et m’a dit que c’était le temps d’y aller.»

L’ascension étant commencée, ils ont dormi au camp 1 et au camp 2. Deux jours plus tard, soit le 19 septembre, une longue journée les attendait, alors qu’ils ont dû se rendre au camp 3. Durant l’après-midi, un repos bien mérité a été pris pour tester leur équipement en plus de bien s’hydrater et de s’alimenter.

En début de soirée, ils ont pris le chemin pour le dessus de la montagne pour finalement y arriver une douzaine d’heures plus tard. Le 20 septembre, le moment tant attendu est arrivé pour le Drummondvillois : le fameux sommet du mont Manaslu.

Maintenant la montée réussie, il y a encore la moitié du parcours à faire puisqu’il reste encore la descente.

«Une fois rendu au sommet, on l’oublie, mais c’est uniquement 50% du chemin parcouru. À partir de ce moment-là, après avoir pris quelques photos, c’est l’heure de la descente et on a le chemin qu’on a fait durant la nuit à refaire à l’inverse», rappelle-t-il en entrevue avec L’Express.

Au moment d’écrire ces lignes, Charles Page est au camp de base, là où tous les dangers sont hors de nuire.

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